Eglises d'Asie

Un catholique h’mong dénonce la persécution: il est condamné pour calomnie

Publié le 18/03/2010




Un catholique de la minorité ethnique h’mong, M. Ho Giông Cua, vient d’être condamné à 18 mois de prison par le tribunal populaire de la province de Lai Châu, au nord-est du Vietnam, pour calomnie, en application de l’article 117, 1, du Code pénal. La revue “Phap Luât” (Le Droit) du 12 octobre 1993, publiée à Hanoi, qui rapporte le procès dans un article intitulé “En prison pour calomnieprécise les accusations retenues par le tribunal contre le catholique h’mong. Deux plaintes auraient été rédigées par celui-ci et envoyées aux autorités régionales et centrales, l’une suivie de sa seule signature, l’autre portant celles de 24 personnes de trois villages différents. Elles auraient contenu de fausses accusations contre des cadres de la Sûreté du village et divers autres responsables administratifs du district, sans doute le district de Diên Biên (région de Diên Biên Phu). Le tribunal a qualifié de mensongères les allégations de l’accusé selon lesquelles les autorités locales exerceraient une persécution constante contre les catholiques, persécution décrite en détail dans les plaintes.

Selon l’article de la revue juridique du Vietnam, une enquête diligentée par les autorités judiciaires de la province aurait prouvé le caractère calomnieux des accusations portées par le catholique h’mong et innocenté totalement les responsables de la sûreté et de l’administration locales. Aucune des accusations contenues dans les plaintes n’aurait de fondements dans la réalité, ni les amendes, ni les diverses humiliations infligées aux catholiques qui persévéraient dans le culte, ni les quatorze arrestations successives du principal signataire, Ho Giông Cua. Ce dernier se serait d’ailleurs rétracté au cours des interrogatoires précédant le procès.

Cette affaire de persécution, dénoncée dans les plaintes du catholique h’mong auquel le tribunal de Lai Châu vient d’infliger dix-huit mois de prison était déjà connue depuis plus d’un an aussi bien au Vietnam qu’en Occident où arrivent régulièrement des rapports faisant état de la persécution des montagnards catholiques de cette région. Le responsable local du Comité d’union du catholicisme, le P. Trân Ngoc Khiêt, s’est porté plusieurs fois garant de l’authenticité de la persécution dont sont victimes les catholiques des minorités ethniques. Au cours de la onzième séance de la huitième session de l’Assemblée nationale (24 mars au 10 avril 1992), le P.Phan Khac Tu, député à l’Assemblée nationale, avait dénoncé les graves atteintes à la liberté religieuses subies par des catholiques de la province de Lai Châu et s’était précisément fait l’écho des plaintes de M. Ho Giông Cua, qualifiées aujourd’hui de calomnieuses par le tribunal. Il avait exposé devant les députés l’ensemble des mesures discriminatoires prises par les autorités locales contre les catholiques h’mong du village de Huoi Chan (14).

Les rapports qui continuent à parvenir en Occident sur la persécution exercée contre les chrétiens montagnards de cette région du Nord-Vietnam (15), nouvellement convertis au catholicisme, enlève beaucoup de crédit à la condamnation pour calomnie portée par le tribunal populaire ainsi qu’aux résultats de l’enquête menée par les services judiciaires de la province, disculpant l’ensemble des responsables régionaux. Il faut peut-être voir dans cette décision du tribunal un durcissement de la politique religieuse du gouvernement à l’égard des minorités ethniques et la volonté des autorités de camoufler la répression exercée contre les chrétiens h’mong, alors qu’en 1992 elles avaient accepté que cette question soit portée devant l’Assemblée nationale.