Eglises d'Asie

Une nouvelle loi essaie de circonscrire les activités des Eglises chrétiennes

Publié le 18/03/2010




L’Etat de Mongolie vient de promulguer une loi qui contrôle sévèrement les activités chrétiennes, et réserve une position privilégiée au bouddhisme. Intitulée “loi de l’Etat concernant les relations avec les églises et les monastères”, la nouvelle législation a été adoptée par le parlement le 30 novembre 1993 et publiée le lendemain à Oulan-Bator dans le journal Ardyn Erh. Aux termes de cette loi, “le bouddhisme devra recevoir sa juste place, afin que soient préservées l’unité historique des populations de Mongolie et leur culture”. La loi reconnaît le droit aux citoyens mongols d’adhérer à des religions non bouddhistes, mais elle interdit “toute activité religieuse jugée contraire aux coutumes et traditions mongoles”.

Il est interdit d’importer une association religieuse de l’étranger. “Quiconque veut créer une église ou un monastère doit en faire la demande et en présenter les statuts au Conseil des représentants du peuple qui, après examen, accordera ou non l’autorisation. Les églises et monastères autorisés devront ensuite être enregistrés au ministère de la justice“.

L’Etat contrôlera l’implantation des églises et leurs effectifs ; il édictera pour elles une réglementation. Les activités chrétiennes devront rester confinées dans l’enceinte des églises. Elles sont interdites dans des salles publiques et dans les locaux scolaires. “En dehors du bouddhisme, de l’islam et du chamanisme, aucune doctrine ne peut être enseignée ailleurs que dans les églises et les monastères“.

Les violations de la nouvelle loi seront considérées comme des infractions criminelles et punies d’amendes dont le montant sera fixé par décret.

Après avoir connu l’un des régimes les plus staliniens du bloc communiste, la Mongolie a été victime à partir de 1989 d’un effondrement économique accompagné de mouvements populaires qui ont contraint le gouvernement socialiste à céder une partie du pouvoir à des partis pro-démocratiques. La constitution de 1992 garantit la liberté de religion. Le bouddhisme a retrouvé son importance traditionnelle et ses chefs exercent à nouveau dans la sphère politique une influence dont témoignent, de l’avis des observateurs, les nouvelles restrictions imposées aux Eglises chrétiennes (8).

On estime à 2000 le nombre des chrétiens de Mongolie. La plupart se sont convertis depuis 1991. Ils vivent en majorité dans les villes d’Oulan-Bator et de Darchan. A Hongkong, les observateurs de ces petites communautés chrétiennes naissantes s’inquiètent des effets possibles de la nouvelle législation. Elle laisse aux autorités locales une marge très large pour interpréter ce qui pourrait porter atteinte aux traditions “culturelles”. Les lieux de culte autorisés, dans lesquels la prédication et l’enseignement de la doctrine devront se confiner, existent à peine. Beaucoup de communautés protestantes mongoles célèbrent leurs offices dans des locaux publics ou privés.

Selon des sources de Oulan-Bator, la police n’a pas commencé à appliquer la nouvelle loi et les chrétiens mènent leurs activités comme auparavant. Mais ils appréhendent l’avenir. Selon un rapport reçu de Mongolie qui n’a pas été confirmé, l’administration ferait actuellement une enquête sur toutes les missions chrétiennes en activité dans le pays et aurait déjà recueilli de la police des renseignements sur vingt-trois groupes missionnaires étrangers.

De l’avis du représentant à Hongkong d’une confession protestante qui travaille activement en Mongolie, le gouvernement d’Oulan-Bator n’envisage pas d’expulser les missionnaires, mais sa nouvelle loi va obliger les Eglises à réviser leurs méthodes d’action.