Eglises d'Asie

Le ministre des affaires religieuses s’oppose à l’idée d’union entre les intellectuels musulmans et chrétiens

Publié le 18/03/2010




Une fusion ou même une coopération étroite de l’association des intellectuels musulmans avec celle des intellectuels protestants n’est pas une bonne idée, a dit en décembre dernier le ministre des affaires religieuses, Tarmini Taher.

Cette idée avait été exprimée par le président de l’association des intellectuels musulmans, Bachtiar Jusuf Habibie, ministre d’Etat pour la recherche et la technique, le 1er décembre, devant le congrès national des intellectuels protestants. Habibie proposait que les deux associations se rapprochent et coopèrent pour l’intérêt de la nation. “Eliminons les préjugés. Les différences de religion ne doivent pas faire obstacle à un travail en commun. La religion est une affaire privée, un droit de chacun. Ce n’est pas d’après leur religion que nous distinguons les gens. L’Indonésie a besoin d’hommes qui joignent l’ardeur au talent”.

Quelques jours plus tard, Tarmizi Taher saisit l’occasion d’une installation de hauts fonctionnaires dans son ministère pour déclarer devant les journalistes : “Ni d’une façon ni d’une autre l’association des intellectuels musulmans ne saurait fusionner ni même coopérer avec celle des intellectuels protestants dans des actions sociales”. Leur coopération, selon le ministre des affaires religieuses, risquerait d’être mal comprise de leurs communautés respectives et même de les égarer. En outre l’un des deux groupes pourrait exploiter tel programme social mené en commun pour faire sa propre propagande religieuse. “Mieux vaut, concluait le ministre, que chaque association d’intellectuels élabore et gère son propre programme”.

Radius Prawiro, conseiller des intellectuels protestants et jusqu’à l’an dernier ministre de la coordination économique et industrielle, estime que le ministre des affaires religieuses éprouve “une crainte exagérée”. “Les intellectuels protestants n’ont aucune intention de faire oeuvre missionnaire auprès des musulmans, dit-il. Simplement, en tant que citoyens indonésiens, nous avons tous le droit et le devoir d’aider les autres”.

La peur d’une offensive de prosélytisme chrétien apparaît aussi privée de tout fondement à Adi Sasono, qui anime à l’association des intellectuels musulmans le centre d’études pour l’information et le développement. “Est-ce de la christianisation si des chrétiens se joignent à d’autres forces sociales pour élever la dignité et améliorer la situation de la nation indonésienne ? Ce serait au contraire magnifique que les deux associations travaillent la main dans la main à abaisser le niveau de pauvreté dans le pays. Et cette coopération sera la meilleure réponse à ceux qui accusent les deux associations d’intellectuels d’être des clubs fermés et des foyers de conservatisme religieux”.