Eglises d'Asie – Corée du sud
Les chefs de l’Eglise plaident pour les travailleurs étrangers menacés d’expulsion
Publié le 18/03/2010
Le boom économique qu’a connu la Corée a permis aux ouvriers coréens de se détourner des travaux les plus pénibles et dangereux. Beaucoup de petites et de moyennes entreprises se sont ainsi trouvées à court de main d’oeuvre et ont dû faire appel aux travailleurs étrangers. Selon les estimations officielles, environ 170 000 étrangers travaillent aujourd’hui en Corée. Dix pour cent d’entre eux seraient venus illégalement.
A la mi-octobre 1993, le gouvernement coréen a annoncé sa décision d’expulser les travailleurs étrangers en situation irrégulière. Un grand nombre d’entre eux se sont aussitôt cachés. Et beaucoup d’ouvriers étrangers munis d’un permis de séjour ont fait de même, parce qu’ils avaient peur de ne pas en obtenir le renouvellement. Entre le 25 octobre et le 12 novembre, près de 600 travailleurs illégaux ont été arrêtés : 336 Chinois d’origine coréenne, 63 Philippins, 37 Bangladeshi, 31 Népalais et d’autres de diverses nationalités. Les expulsions commencèrent le 15 novembre. En même temps, 176 employeurs coréens auraient fait l’objet d’une action judiciaire.
Pressé par les milieux d’affaires, le gouvernement a annoncé le 25 novembre qu’un délai de six mois était accordé aux travailleurs étrangers en situation irrégulière qui résidaient déjà dans le pays. Ils devaient se déclarer et se mettre en règle, faute de quoi ils seraient expulsés à la fin de ce délai.
Le gouvernement a également annoncé de nouvelles mesures en faveur de l’embauche dans des conditions légales de la main d’oeuvre étrangère. Et un plan va autoriser, pour des stages de formation technique d’une durée maximum de deux ans, la venue chaque année de 20 000 travailleurs étrangers, dont les droits seront protégés.
Les supérieurs majeurs des ordres et des instituts de l’Eglise catholique en Corée ont décidé au cours de leur réunion annuelle de prendre des initiatives pour le soutien matériel et pastoral des travailleurs étrangers.
La commission épiscopale pour l’évangélisation de la Corée du nord a adressé un appel aux autorités civiles. Elle dénonce le caractère « inhumain » du traitement infligé aux travailleurs étrangers arrêtés et expulsés. Elle demande que soit prolongée la période de grâce pour les travailleurs en situation illégale qui vivent déjà dans le pays et que ceux d’entre eux qui viennent spontanément se déclarer ne soient pas arrêtés ni poursuivis en justice.
La commission épiscopale appelle le gouvernement à « intervenir en faveur des travailleurs étrangers lésés dans le paiement de leur salaire ou victimes des procédés illégaux de certains patrons ».
Dans la main d’oeuvre étrangère, les Chinois d’origine coréenne méritent une attention spéciale, estime la commission des évêques, et une priorité dans le programme des stages de formation technique. « Nous ne pouvons pas permettre, commente Dom Placide Ri Dong Ho, abbé bénédictin président de la commission, que ces Coréens de Chine, revenus au bout de cinquante ans dans leur mère patrie, rentrent chez eux frustrés et désespérés. Et puis ce sont les hommes les plus au fait des choses de la Corée du nord. Ils peuvent jouer un rôle important de pont entre le nord et le sud ».