Eglises d'Asie

Les évêques demandent justice pour ceux qui aident les travailleurs immigrés

Publié le 18/03/2010




A la suite de l’arrestation d’un enseignant chrétien inculpé d’assistance à des étrangers en situation illégale, les évêques rappellent le pouvoir civil au respect des droits des travailleurs immigrés.

Un catholique de Fukuoka, M. Yukinobu Aoyagi, qui aidait bénévolement les travailleurs étrangers, a été arrêté par la police le 27 septembre 1993, inculpé d’infraction à la loi sur l’immigration et d’assistance à des étrangers en situation irrégulière. Son arrestation a vivement ému les milieux catholiques (1).

Au nom de la conférence des évêques du Japon, Mgr Takeo Okada, président de la commission Justice et Paix, et Mgr Fumio Hamao, président de la commission pour la coopération internationale, ont adressé le 4 octobre un message “à tous les catholiques du Japon et à toutes les personnes de bonne volonté”, dans lequel était rappelé le point de vue de l’Eglise sur le soutien aux travailleurs immigrés (2).

Si les raisons sont manifestes qui incitent les chrétiens du Japon à aider des immigrés qu’ils regardent comme des frères et des soeurs en Jésus Christ, il arrive, notaient les évêques dans leur message, “que nous soyons confrontés, sans pouvoir les éviter, avec des problèmes posés par la structure et les restrictions des lois actuelles de la société du Japon”.

L’Eglise pense que ces problèmes sont de ceux que les chrétiens doivent assumer et travailler à résoudre. Le concile du Vatican l’a affirmé : “Nous devons améliorer l’ordre temporel de ce monde avec l’esprit de l’Evangile” (3). Le pape Jean Paul II y a spécialement incité les fidèles du Japon : “Vous ne devez pas avoir peur d’accepter un rôle actif dans la construction d’une société plus humaine” (4). Les porte-parole de la conférence épiscopale concluent, en s’adressant spécialement aux personnes qui exercent une responsabilité publique, à “notre responsabilité pour réexaminer la législation japonaise du point de vue des droits humains des travailleurs étrangers immigrés”.

Mgr Okada et Mgr Hamao ont insisté sur ce dernier point dans une lettre du 27 novembre 1993 au président du tribunal de Fukuoka auquel avait été déférée l’affaire de M.Aoyagi. Voici en traduction des extraits de leur lettre, publiée dans l’hebdomadaire catholique Katorikku Shinbun : “Dans cette affaire, ce n’est pas seulement monsieur Aoyagi, chrétien fervent qui a voulu vivre avec les plus faibles de la société, qui est mise en cause, c’est la société japonaise, la responsabilité du gouvernement et de son administration. A l’époque où l’on avait besoin de main d’oeuvre, les autorités ont favorisé la venue d’ouvriers étrangers d’origine japonaise et ont aménagé pour eux l’application de la loi sur l’immigration. Mais depuis qu’il y a récession économique, les mêmes ouvriers subissent inspections et enquêtes sans considération de leurs droits fondamentaux, et sans que la réglementation sur le travail soit respectée à leur égard. Le gouvernement en est venu à traiter tous les travailleurs étrangers comme des individus en situation illégale. La loi sur l’immigration est appliquée de telle façon qu’aujourd’hui plus de trois cent mille travailleurs

étrangers ont dépassé la date limite de leur séjour autorisé. Le gouvernement qui n’ose prendre aucune mesure radicale ne fait que prolonger la situation de ces travailleurs dont les droits les plus fondamentaux ne sont pas respectés.” Les évêques ont conclu leur lettre en demandant que M. Aoyagi soit relâché et équitablement jugé.