Eglises d'Asie – Vietnam
Obsèques solennelles du dirigeant de l’Eglise bouddhique d’Etat
Publié le 18/03/2010
Cette affluence de personnalités officielles était sans doute destinée à afficher publiquement le soutien accordé par l’Etat à une Eglise de plus en plus contestée par le mouvement d’opposition bouddhiste. Elle voulait aussi rendre hommage à la fidélité témoignée à la cause du Parti communiste vietnamien par le défunt durant toute sa vie: au cours de la première guerre du Vietnam, puis après la prise de pouvoir au Nord-Vietnam en 1954, enfin durant la période qui a suivi la réunification forcée de 1976. Jusqu’au début des années 80, les activités du religieux s’étaient cantonnées aux milieux bouddhistes du nord, au sein de la seule association bouddhique existant au Nord-Vietnam, l’Association bouddhique unifiée dont il était le plus haut dirigeant. A cette date (26), alors que la persécution s’abattait sur la hiérarchie de l’Eglise bouddhique unifiée, qui regroupait la majorité des bouddhistes du Sud-Vietnam jusqu’en 1975, il fit partie, à titre de conseiller, du groupe de religieux appelés par le gouvernement à travailler dans un comité préparant l’unification des organisations bouddhistes au Vietnam. Ce comité ne tarda pas à entrer en conflit très vif avec l’Eglise bouddhique unifiée, notamment lors d’une réunion qui eut lieu le 9 septembre 1981 au siège de cette dernière, à la pagode An Quang, où les membres du comité se heurtèrent au refus des anciens dirigeants d’adhérer à leur projet d’unification.
Le 4 novembre 1981 s’ouvrit à Hanoi le congrès pour l’unification du bouddhisme vietnamien. A l’issue des quatre jours de réunion fut fondée l' »Eglise bouddhique du Vietnam », placée sous le contrôle direct du Front patriotique et définie dans la charte fondatrice comme « la seule organisation bouddhique représentative du bouddhisme vietnamien pour toutes ses relations dans le pays ou à l’étranger », tandis que rentrait dans l’ombre l’ancienne Eglise bouddhique unifiée et que nombre de ses dignitaires étaient exilés ou incarcérés. Thich Duc Nhuân était alors élu président du conseil suprême de la Sangha composé de 28 membres, titre qu’il a gardé jusqu’à sa mort.
On se souvient que les autorités avaient voulu entourer du même faste les funérailles du vénérable Thich Dôn Hau, lui aussi vieux compagnon des militants révolutionnaires. Mais les disciples du religieux à Huê s’y étaient opposés et cet incident avait marqué le début du conflit qui oppose aujourd’hui l’Eglise bouddhique unifiée à l’Etat et au bouddhisme qu’il patronne.