Eglises d'Asie

Boat-people : Les réfugiés des camps du Sud-est asiatique résistent au rapatriement

Publié le 18/03/2010




Depuis les décisions prises à Genève par la Conférence des réfugiés d’Indochine le 14 février 1994 (27) et le choix de la fin de l’année 1995 comme date limite pour la disparition des camps de réfugiés vietnamiens, la pression internationale pour le retour des réfugiés vietnamiens dans leur pays ne cesse de s’accentuer. A en croire leurs déclarations (28), l’impatience de ceux qui ont pour mission de vider les camps avant cette date fatidique s’accroît de jour en jour.

Pourtant, dans les camps de réfugiés vietnamiens de l’Asie du Sud-Est, il y a de moins en moins de volontaires au retour dans le cadre du programme de rapatriement mis en place par les Nations Unies (29) . Selon certains fonctionnaires du territoire, à Hongkong, le nombre de volontaires aurait diminué de moitié, ces dernières semaines. Avec les 209 réfugiés qui se sont embarqués le 22 mars 1994 pour Hanoi, le nombre total de rapatriés volontaires depuis le début de l’année atteignait seulement 3 308 (30). Aux Philippines, dans le camp de Palawan où vivent aujourd’hui près de 3 800 demandeurs d’asile, depuis cinq ans, seuls 780 pensionnaires sont revenus volontairement au Vietnam (31). Ce chiffre apparaît nettement insuffisant à l’administration des camps qui cherche désormais de nouvelles incitations au départ.

Depuis la décision de Genève du mois de février, la volonté de résistance des pensionnaires des camps promis au rapatriement volontaire ou forcé s’est, en effet, exacerbée. Les manifestations et les grèves se sont prolongées jusqu’au milieu du mois de mars. Beaucoup de réfugiés affirment ne pas croire aux déclarations selon lesquelles ils n’auraient à affronter aucune persécution de la part du gouvernement vietnamien, lors de leur retour au pays. De nombreuses histoires circulent à ce sujet dans les camps (32).

La mission confiée à l’administration des camps par la récente Conférence de Genève s’annonce donc rude. Même si, depuis la mise en place du programme de départs volontaires, 41 921 demandeurs d’asile ont quitté Hongkong, il reste encore 26 300 demandeurs d’asile vietnamiens sur le territoire. L’ensemble des camps dispersés dans le Sud-Est asiatique abritent encore 62 000 pensionnaires et beaucoup d’entre eux se sont promis de résister jusqu’au bout.

Chez les autorités de Hongkong, une nouvelle inquiétude s’ajoute à la peur de ne pas arriver au bout de leur tâche. Elle est provoquée par un autre phénomène. Le nombre des pensionnaires des camps, classés “réfugiés politiques authentiques”, est en nette croissance. Ils étaient 1 846, le 1er janvier 1994, ils sont 1 909 aujourd’hui (33). Or la proportion de demandeurs d’asile qui obtiennent le statut de réfugié à l’issue du “tri” n’a pas augmenté et se situe toujours aux environs de 7 à 8 % En réalité, cette augmentation est due à la diminution considérable des propositions d’accueil faites par les nations occidentales. 1 845 des 1 909 réfugiés de cette catégorie sont à Hongkong depuis plus de trois ans. 382 y sont depuis plus de sept ans sans trouver de pays qui leur offrent un asile définitif.