Eglises d'Asie

Incertitude sur les résultats des négociations entre le Saint-Siège et Hanoi

Publié le 18/03/2010




Depuis le retour à Rome de Mgr Claudio Celli et de Mgr Phuong, après leur voyage au Vietnam, le Saint-Siège s’est montré particulièrement discret sur les résultats des négociations menées par ses représentants avec le gouvernement vietnamien. Aucune déclaration officielle n’est venue apporter d’informations supplémentaires sur le contenu des entretiens qui ont eu lieu, les nominations épiscopales envisagées pour les sièges vacants ou encore l’hypothétique règlement du problème de la succession épiscopale à Hô Chi Minh-Ville.

Les autorités vietnamiennes ont été moins réservées et, au contraire, se sont efforcées de mettre en relief l’importance des concessions faites par le Vatican au cours de ces entretiens. Dans un premier communiqué de presse du 15 mars 1994, l’Agence de presse du Vietnam qualifiait de “positifs” les résultats obtenus et rapportait que “les deux délégations avaient convenu que le Saint-Siège informerait le gouvernement vietnamien pour toutes les questions concernant l’Eglise catholique du Vietnam et qu’il ne prendrait sa décision qu’après l’accord du gouvernement vietnamien” (17). Le même communiqué affirmait que les conversations des représentants du Saint-Siège avec M. Vu Quang, chargé des affaires religieuses, s’étaient déroulées dans un climat de “bonne volonté, de franchise, de respect et de compréhension mutuelsPar ailleurs, un responsable du Bureau des affaires religieuses déclarait à l’Agence Reuter (18) que les négociations, bien que n’ayant donné lieu à aucun accord écrit, avaient cependant abouti à un accord verbal sur au moins trois nominations au sein de l’Eglise catholique.

Deux jours plus tard, le 17 mars, le gouvernement vietnamien est allé encore plus loin dans les révélations. Mme Ho Thê Lan, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, tout en confirmant le communiqué précédent a déclaré: “Nous avons été informés que le Saint-Père nommera Mgr Nguyên Van Thuân au poste qu’il mérite au Vatican. Le Vietnam a donné son accord à un tel arrangement” (19). Mgr Nguyên Van Thuân, en exil forcé à Rome depuis plus de deux ans, est en effet l’archevêque coadjuteur en titre de Hô Chi Minh-Ville, depuis sa nomination à ce poste en 1975. Les autorités l’avaient alors empêché d’exercer ses fonctions et emprisonné jusqu’en 1989, date à laquelle le prélat avait été mis en résidence surveillée à l’archevêché de Hanoi, puis forcé à l’exil à Rome.

Il est difficile de commenter ces déclarations du gouvernement vietnamien tant que le Saint-Siège n’aura pas livré au public sa propre version des négociations et fait connaître la nature des accords auxquels les deux parties sont parvenues. Il est cependant très peu vraisemblable que le Saint-Siège ait accordé au gouvernement vietnamien un quelconque droit de veto sur les décisions qu’il sera amené à prendre concernant l’Eglise du Vietnam. On peut aussi raisonnablement penser que la fermeté des précédentes déclarations gouvernementales au sujet de Mgr Huynh Van Nghi, de sa nomination comme de son attitude, ont rendu impossible un règlement immédiat de la succession de Mgr Nguyên Van Binh à Hô Chi Minh-Ville. Peu avant l’arrivée de la délégation à Hanoi, par deux fois, une fois dans une interview du premier ministre, le 27 février (20), une seconde fois dans un communiqué du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, le 3 mars (21), les autorités avaient laissé entendre que Mgr Huynh Van Nghi n’avait pas le profil souhaité par elles pour ce poste.

On a appris par ailleurs que durant son voyage au Vietnam, la délégation s’est rendue dans les diocèses de Bac Ninh, Nha Trang et Danang, qu’elle a pu rencontrer à Hanoi de nombreux évêques vietnamiens, parmi lesquels les membres du secrétariat permanent ainsi que l’administrateur apostolique contesté de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Huynh Van Nghi.