Eglises d'Asie – Corée du sud
Des évêques encouragent la campagne “Achetons nos propres produits” lancée par les paysans catholiques
Publié le 18/03/2010
Selon l’accord international sur les échanges et les prix conclu en décembre 1993 et qui reste à ratifier, la Corée du sud devrait ouvrir son marché du riz aux importations, dans une proportion d’un à quatre pour cent avant 1995 et en totalité dans les dix ans. Les paysans catholiques du pays, dont l’association compte six millions de membres, se sont vigoureusement élevés contre l’accord (3) et viennent de lancer une campagne sur le thème “Mangeons nos propres produits”.
Mgr Joseph Kyeon Kap Ryong, évêque de Taejon, dans une région agricole, leur a apporté son soutien en écrivant : “Je pense que ceux qui sont nés sur la terre de ce pays doivent vivre de ses produits. C’est une terre sacrée, où nos ancêtres sont nés, sont morts et ont été enterrés. Ce sol produit en abondance des biens pour notre nourriture. Notre corps et ce sol ne sont donc qu’un. Il est naturel et c’est la providence de Dieu, que les gens nés sur la terre de ce pays vivent du riz et des fruits de la culture de sa terre.
“Avec l’ouverture du marché du riz, on croit que la production à bas prix des cultivateurs étrangers va nous inonder. Si nous achetons ces produits étrangers simplement parce qu’ils sont moins chers que les nôtres, notre énergie physique diminuera certainement, et notre esprit national sera affaibli. Notre communauté paysanne, qui est notre patrie spirituelle, périra peut-être. Même s’il est nécessaire que la Corée s’industrialise et développe ses techniques, l’agriculture doit rester le socle du peuple de Corée. J’incite tous les membres de mon diocèse à se porter en tête de la campagne : “Mangeons les produits de nos fermiers”.
Dans un message publié en décembre 1993 au sujet de l’ouverture du marché du riz, le cardinal de Séoul Etienne Kim Sou Hwan avait attiré l’attention sur d’autres aspects du problème. Selon lui la communauté paysanne de Corée souffre d’un malaise plus ancien que cette récente crise et plus profond. “Ni le gouvernement ni la population ne se sont attachés à apporter la vie dans les régions rurales. On a tout sacrifié à l’industrialisation.” Quant au problème des marchés des produits agricoles, le cardinal a prêché l’optimisme: “Nous pouvons l’emporter dans la compétition internationale. Si d’autres pays peuvent produire des produits de bonne qualité et les exporter, pourquoi pas nous ?”