Eglises d'Asie

L’Eglise catholique vient en aide aux squatters menacés d’expulsion

Publié le 18/03/2010




Le 4 avril 1994, Mgr Bacani, évêque auxiliaire de Manille a célébré la messe dans le district de Pandacan, quartier situé au sud-est de la capitale. L’occasion en était la menace pesant sur plusieurs familles de se voir expulser et réinstaller beaucoup plus loin par le gouvernement. Quelques jours auparavant, dans une lettre adressée à ses paroissiens pour Pâques, le curé de l’endroit, Mgr Severino Lorica, avait demandé que toute la communauté soutienne l’action de ceux qui entendaient résister à l’ordre d’expulsion et aux démolitions.

En fait, il y a neuf villages (barangays) de squatters dans cette partie de la métropole philippine que le gouvernement a l’intention d’expulser pour les reloger à 50km au nord de la capitale. Le terrain qu’ils occupent est réservé pour construire des routes, améliorer le métro aérien de Manille et assainir les abords de la rivière Pasig.

Selon la loi n° 7279 sur le développement urbain et le logement, les intéressés auraient dû être consultés sur le lieu où ils seraient autorisés à s’installer et le projet de relogement aurait dû être “socialement acceptable”. Or il ne semble pas qu’on ait demandé l’avis de qui que ce soit. De plus, les squatters se plaignent de ce que le lieu qui leur a été assigné est trop loin de leur travail et le prix des maisons, trop élevé pour leurs salaires.

Caritas-Manille a promis d’intervenir en faveur des habitants des barangays concernés. En fait, selon M. Billy Pecate, coordinateur du Bureau “Pauvreté urbaine” de Caritas, le diocèse est déjà intervenu dans 75 cas de démolition d’habitations de pauvres. De son côté, M. Leovino Bergola, dirigeant d’un autre groupe d’aide aux pauvres urbains, raconte comment il y a quelques années, des squatters furent installés sur un nouveau site, à 50 km au sud de Manille, où ils n’ont trouvé ni routes, ni eau, ni école. Ils sont revenus. Un autre travailleur social du diocèse de Manille, M. Ledito Tunglos, commente: “Les gens veulent bien aller s’installer ailleurs. Encore faut-il leur demander leur avis. Nous ne sommes pas des animaux que le gouvernement chasserait d’un revers de main”.