Eglises d'Asie

Hongkong : les demandeurs d’asile refusent le rapatriement sous toutes ses formes

Publié le 18/03/2010




Selon la presse de Hongkong (28), l’attaque policière du 7 avril au cours de laquelle 577 grenades lacrymogènes ont été lancées sur les pensionnaires du camp de Whitehead aurait dû faire encore davantage de victimes (29). L’organisateur de cette macabre opération, le commandant des forces de sécurité, Eric McCosh, avait en effet prévu de faire déverser des tonnes d’eau sur les pensionnaires de la section 7, qui s’étaient réfugiés sur les toits des baraquements afin d’échapper aux gaz et à la cohue. Une demande pour équiper les hélicoptères avec des containers d’eau utilisés pour la lutte contre les incendies a été transmise cette nuit-là aux services spécialisés, qui l’ont refusée. Cette nouvelle révélation a renforcé l’indignation suscitée un peu partout par l’opération du 7 avril (30). La représentante de l’association “Concern refugees” a demandé la démission du responsable de cette désastreuse initiative.

Cependant, les démonstrations de force, loin d’entamer la détermination des pensionnaires des camps de réfugiés, les ont, bien au contraire, renforcés dans leur volonté de résister à toute forme de rapatriement dans leur pays. C’est la constatation faite aussi bien par l’administration des camps que par les visiteurs admis à y pénétrer. M. Andy Batkin, membre d’une délégation de la Communauté européenne, chargée du programme d’aide aux rapatriés, a déclaré après la visite des trois camps principaux de Hongkong: “Il y a aujourd’hui un extraordinaire durcissement des attitudes contre le rapatriement volontaire, contre tout retour au Vietnam. (…) Cela fait partie de la mentalité du groupe. C’est un phénomène de masse ; personne ne veut plus partir (…) L’opération du 7 avril a non seulement été, en termes humanitaires, un acte de barbarie, mais elle est, de plus, incroyablement ‘inefficace'”(31).

Cet état d’esprit se manifeste dans les grèves tournantes et les manifestations qui se sont intensifiées depuis le 7 avril. Elles avaient débuté au mois de février 1994 dès qu’avait été connue la décision de la conférence de Genève prévoyant de vider les camps de demandeurs d’asile vietnamiens avant la fin de 1995. Elles ne se sont jamais arrêtées depuis cette époque. Le 30 avril, jour anniversaire de la chute de Saigon, la tension dans les camps a atteint une cote d’alerte et l’on a craint un moment que des groupes de réfugiés se laissent entraîner à des suicides collectifs. Le 3 mai 1994, dans le camp de Whitehead, environ 1 850 pensionnaires refusaient toute nourriture. Ce jour-là, à High Island, ils étaient 409 dans le même cas (32). Trois jours plus tard, le nombre de grévistes de la faim avait diminué à Whitehead, tandis que, à High Island, il s’était élevé à 689 (33).