Eglises d'Asie

Sumatra : un conflit social à Medan dégénère en violences

Publié le 18/03/2010




En janvier 1994, le gouvernement indonésien a augmenté de trente-six pour cent le salaire journalier minimum, le faisant passer de 2 800 roupies (1,3 dollar américain) à 3 800 (1,76 dollar), mais seulement pour les ouvriers de la région de Jakarta. A Sumatra, les ouvriers de Medan (1,5 million d’habitants) sont descendus dans les rues le 14 avril, à l’initiative d’un syndicat non reconnu par le gouvernement, l’Association indonésienne pour la prospérité des travailleurs (Serikat Buruh Sejahtera Indonesia), et pendant une semaine ont réclamé à leurs employeurs la même augmentation.

Le conflit est devenu sanglant quand des manifestants ont attaqué des usines et des magasins appartenant à des citoyens d’origine chinoise. Un employeur chinois a été battu à mort dans sa voiture le 15 avril. Plus de cent personnes ont été arrêtées. Vingt-deux ont à répondre de charges criminelles passibles de un à sept ans de prison.

Les Chinois d’origine qui sont près du tiers de la population de la ville passent pour détenir un grand pouvoir économique. Ils suscitent la jalousie des groupes indigènes plus pauvres et des migrants de Java qui sont en plus grand nombre.

Trois dirigeants du syndicat SBSI se sont rendus le 30 avril à l’autorité militaire qui les recherchait pour son enquête sur les émeutes de rues. On ne sait pas si des charges ont été retenues contre eux. Les responsables du syndicat affirment que le mouvement de revendication pour les salaires a été détourné par « une bande d’individus » étrangers au syndicat qui sont venus se mêler aux ouvriers et commettre des destructions.

Le 21 avril, les dirigeants de plusieurs organisations non gouvernementales et des militants des droits de l’homme ont organisé un point de presse à Jakarta sur les conflits de Medan. Selon eux, le boom industriel en Indonésie n’a pas amélioré la vie des travailleurs, qui ne gagnent même pas de quoi satisfaire leurs besoins de base. Les employeurs sont sourds aux revendications les plus légitimes. L’écart se creuse scandaleusement entre les riches et les pauvres. De leur côté les ouvriers doivent mieux s’organiser contre le danger des provocateurs fauteurs de violences.