Eglises d'Asie

Un jugement de la Haute cour de Bombay rappelle la nécessité de séparer religion et politique

Publié le 18/03/2010




“On ne doit pas mélanger la religion et la politique. Tout gouvernement provincial qui poursuit une politique non-laïque et se comporte de façon non-laïque contrevient au mandat que la constitution lui a confié et encourt la sanction prévue par son article 356.” Tel est le jugement rendu par M. A.G. Agarwal, juge de la Haute cour de Bombay, contre M. Ram Kapse, député BJP (8) qui représentait la circonscription de Thane (dans la ville de Bombay) au parlement de Delhi. M. Kapse a été reconnu coupable d’avoir, au cours de la campagne électorale de 1991, invité ses compatriotes à voter pour lui au nom de l’hindouisme.

Selon le quotidien The Hindu de Madras, c’est la première fois que l’élection d’un parlementaire est déclarée nulle pour utilisation abusive de la religion pendant la campagne électorale. Au cours des dernières années, plusieurs membres de l'”armée de Shiva” (Shiv Sena) députés à l’assemblée provinciale du Maharashtra ont subi le même sort.

Ce jugement succède à l’arrêt de la Cour suprême du 11 mars 1994 qui a confirmé le renvoi par le gouvernement fédéral de ministres BJP de plusieurs Etats du nord de l’Inde. Le premier ministre, M. Narasimha Rao, avait pris cette décision à la suite de la destruction, à l’instigation du BJP, de la mosquée d’Ayodhya, le 6 décembre 1992 (9). Désormais le BJP ne compte plus que 116 sièges sur 544 au parlement fédéral.

Le correspondant du journal The Hindu note que le BJP tend à édulcorer sa notion d’hindouité (10) dans le but de se rapprocher des minorités ethniques, linguistiques et religieuses. Selon une autre explication, le RSS (11) aurait demandé au BJP de rester dans la plus stricte légalité, tout en encourageant l’agressivité d’autres groupes comme le “parlement hindou mondial” (Vishwa Hindu Parishad). Un prêtre du sud de l’Inde rapporte qu’après les récents incidents de Pondichéry (12), les chefs de l’extrême-droite hindoue auraient décidé de répartir leurs forces entre plusieurs organisations (comme la hindu munnani qui a fait parler d’elle à Pondichéry), de façon qu’en cas de mise hors la loi d’un groupe, les autres puissent continuer de fonctionner normalement.