Eglises d'Asie – Vietnam
Une encyclopédie redécouvre les mérites culturels de plusieurs catholiques vietnamiens du passé
Publié le 18/03/2010
Comme l’avait annoncé un des membres du comité de rédaction de cet ouvrage, Phan Huy Lê (23), le livre fait état de l’oeuvre culturelle du père Alexandre de Rhodes, arrivé au Vietnam neuf ans après son confrère. Une page entière lui est consacrée avec une biographie assez exhaustive ainsi que la liste de ses ouvrages ayant rapport avec l’histoire culturelle du Vietnam. L’article consacré à Mgr Pigneau de Béhaine, évêque des Missions étrangères, n’est pas moins long. La partie relatant la biographie de cet évêque, ami de Nguyên Anh, le futur empereur du Vietnam réunifié, Gia Long, s’achève par une conclusion pour le moins sans nuance: « Il (Pigneau de Béhaine) avait pratiquement abandonné sa mission d’évangélisation pour se mettre au service de l’oeuvre de reconquête du Vietnam » (24). Le reste de la notice est d’un ton moins péremptoire et donne une bonne analyse du dictionnaire du prélat, le « dictionarium anamitico-latinum » (1772) qui, un siècle et demi après ses prédécesseurs jésuites, utilise une version du « quôc ngu » qui est déjà la version moderne. On ne trouvera aucune modification notable du système de transcription dans le dictionnaire de Mgr Taberd publié en Inde en 1838 et cité par notre ouvrage.
On ne s’étonnera pas de trouver dans ce livre le nom de Nguyên Truong Tô, ce catholique vietnamien du Nghê An qui avait accompagné Mgr Gauthier en France en 1838 et avait, à son retour, proposé divers plans de réforme du pays à l’empereur (25). Son esprit moderne et son nationalisme ont toujours attiré sur lui les éloges des autorités intellectuelles du régime actuel. Par contre, ce n’est que récemment qu’ont été redécouverts par les manuels de littérature les deux auteurs catholiques qui ont donné ses premières lettres de noblesse au vietnamien populaire écrit en « quôc ngu », à savoir Truong Vinh Ky (Petrus Ky) et Huynh Tinh Cua (Paulus Cua). L’ouvrage comporte un article sur chacun des deux écrivains. L’encyclopédie souligne aussi les mérites du poète catholique, Han Mac Tu, mort lépreux dans une léproserie près de Quy Nhon en 1940, lui aussi récemment découvert par la littérature officielle.