Eglises d'Asie

Uttar Pradesh : controverse chez les musulmans sur la façon de divorcer

Publié le 18/03/2010




Le 15 avril, la Haute cour de l’Etat d’Uttar Pradesh a déclaré invalide la formule par laquelle certains musulmans se séparent de leurs épouses. Selon la coutume qu’ils suivent, il leur suffit de prononcer à trois reprises, en présence d’un juge, le mot Talaq, qui signifie “divorce”.

En rendant son jugement M. Hari Nath Tilhari l’a ainsi commenté : “Selon la parole du Prophète, le ‘talaq irrévocable’est un péché et s’oppose à l’autorité du Coran. Comme ce ‘talaq’ est dur, terrifiant, pour les pauvres femmes musulmanes et leurs enfants !”.

Plusieurs chefs musulmans ont vigoureusement réagi à cette décision judiciaire, accusant le juge d’avoir agi de façon “illégale et anticonstitutionnelle”. Selon un homme politique musulman, M. Ebrahim Suleiman Said, “le pouvoir judiciaire n’a pas juridiction et ne peut pas intervenir dans les affaires qui concernent la loi personnelle musulmane”.

A quoi le juge Tilhari a répondu : “Toute loi, coutumière ou écrite, qui rabaisse les femmes, est contraire aux fondements même de la constitution”.

Mais une autre personnalité politique musulmane, M. Seyd Shahabuddin, a répliqué: “Ce jugement va ralentir le processus des réformes amorcées dans la communauté musulmane”. Selon lui, les musulmans indiens utilisent rarement la formule “talaq” et “”n’acceptent pas les verdicts des tribunaux en matière religieuse”.

La controverse remonte au 21 mai 1993, jour où un comité appartenant à une secte sunnite avait déclaré invalide le divorce oral des musulmans. Des musulmans libéraux admettent que la coutume du talaq peut provoquer bien des abus. Et pour le professeur Imtiaz Ahmed de l’université Jawaharlal Nehru de Delhi, ce triple talaq “s’oppose à l’enseignement du Coran. Le verdict du tribunal est plein de bon sens et protège les droits des femmes”.