Eglises d'Asie

Auto-mutilations à Hongkong, suicides en Indonésie: la perspective du rapatriement forcé pousse les réfugiés à des gestes désespérés

Publié le 18/03/2010




A la fin de l’année 1995, les camps de demandeurs d’asile vietnamiens seront vides; les instances internationales en ont décidé ainsi. L’approche de cette échéance exaspère le désespoir des derniers 60 000 demandeurs d’asile vietnamiens dispersés dans le sud-est asiatique. Plus le retour forcé au Vietnam leur est présenté comme l’unique solution, plus se multiplient les gestes de désespoir. Pour beaucoup, aujourd’hui, le suicide individuel ou collectif apparaît comme le dernier recours.

A Hongkong, on a assisté à la naissance d’une nouvelle forme de protestation, l’auto-mutilation, sorte de préliminaire au suicide. C’est durant le mois de mai, à Whitehead qu’a débuté ce macabre mouvement, qui pourrait s’étendre encore et faire des derniers jours des camps de Hongkong une horrible tragédie. A Whithead, le 17 mai, au cours d’une manifestation qui réunissait 2 300 pensionnaires du camp, seize d’entre eux (27), se sont tailladé le corps avec des couteaux et des bambous aiguisés, s’infligeant des blessures au ventre, aux bras, à la tête et aux coudes. Les blessés furent transportés à l’hôpital dans la journée même. Dix y étaient encore dans la nuit qui a suivi. L’un d’eux inspirait de sérieuses inquiétude. Le lendemain, ils étaient trente-deux à s’être ainsi volontairement tailladés le corps avec des armes de fortune. 19 étaient amenés à l’hôpital. Le 19 mai, douze nouveaux pensionnaires de Whitehead étaient admis à l’hôpital pour les mêmes raisons. Le 23 mai, alors qu’un porte-parole du gouvernement annonçait la fin du mouvement, on dénombrait 80 demandeurs d’asile s’étant ainsi mutilés volontairement en protestation contre le retour forcé (28). Le 26 mai, les services correctionnels de Hongkong parlaient de 106 réfugiés traités à l’hôpital pour auto-mutilation. La grève de la faim qui n’a jamais cessé depuis l’annonce des nouvelles mesures de rapatriement forcé, se poursuit toujours.

Au camp de Galang en Indonésie qui abrite plus de 7 000 pensionnaires, un nouveau pas vers l’horreur a été franchi le 24 mai 1994, lorsque, pour la deuxième fois, un réfugié s’est immolé par le feu (29) tandis que des milliers de manifestants empêchaient les autorités d’approcher du corps. Le 28 avril précédent une première immolation avait déjà eu lieu. Le mouvement de protestation, accompagné de grèves de la faim avec une très forte participation des pensionnaires du camp, a été déclenché par l’arrivée du président Lê Duc Anh aux Philippines à la fin du mois d’avril. Dès le commencement du mouvement, le Haut commissariat aux réfugiés s’est retiré du camp.