Eglises d'Asie

Bornéo : les Dayaks réclament leur pleine participation à la vie politique

Publié le 18/03/2010




A quatre reprises, en février et mars et au début d’avril 1994, des Dayaks du Kalimantan ont manifesté contre une discrimination déguisée qui les excluerait des charges publiques. Le 5 avril, un de leurs groupes s’en est pris à la voiture du gouverneur de la province qui revenait de la cérémonie d’installation d’un musulman, Abdillah Kamarullah, élu chef du district de Sintang, dans le Kalimantan occidental, contre un candidat dayak catholique, Laurent Herman Kadir. L’incident n’a pas fait de victimes mais des véhicules ont été endommagés par les manifestants qui protestaient contre une élection truquée, selon eux, par des achats de voix.

Mgr Isak Doera, évêque de Sintang, estime que les Dayaks ont raison de s’estimer brimés. Originaire lui-même de l’île de Flores, il travaille parmi eux depuis vingt-trois ans et dirige son diocèse depuis 1977. Les Dayaks sont le groupe ethnique le plus important de Bornéo. Ils représentent cinquante-deux pour cent de la population de la province (3,4 millions d’habitants). Or, rappelle l’évêque, depuis 1967, aucun Dayak n’a été mis à la tête d’un district, d’une ville ou de la province. L’Indonésie est née comme république en 1945. Le seul Dayak jamais élevé à un poste politique élevé a été feu J.C. Oevaang Oeray, catholique, premier gouverneur du Kalimantan occidental de 1955 à 1966. “Cette discrimination voilée excite la jalousie des Dayaks, dit Mgr Doera. Ils se sentent laissés en arrière dans le développement politique, socio-économique et culturel”. L’évêque espère que le gouvernement prêtera une attention sérieuse à leurs aspirations politiques. Sinon l’agitation risque de s’étendre et de troubler la paix et la sécurité de la région. “Les Dayaks ont le même désir de progrès que les autres groupes ethniques du pays, ils méritent le même traitement et des chances égales”.