Eglises d'Asie

Le programme d’enseignement obligatoire gratuit menace les écoles catholiques pauvres

Publié le 18/03/2010




Un projet rendant la scolarisation obligatoire pendant neuf ans a été rendu public par le président Suharto le 2 mai 1994, journée nationale de l’enseignement. Tous les enfants indonésiens âgés de 7 à 15 ans devront faire six ans d’école primaire et trois ans d’études secondaires. Les frais scolaires, déjà supprimés dans les écoles primaires publiques, le seront aussi pour les trois premières années des établissements publics secondaires.

Commentant ce projet, François-Xavier Darmanto, vice-président du Conseil national de l’enseignement catholique, dit que l’Eglise lui est favorable et s’y est préparée, tout en éprouvant de l’appréhension pour le sort des écoles privées pauvres. “Il sera difficile à ces écoles de ne rien faire payer. Devant la perspective de neuf années de factures scolaires, les parents pauvres seront tentés d’inscrire leurs enfants dans les écoles publiques”. Le conseil national de l’enseignement catholique a préconisé la fermeture des écoles catholiques pauvres là où elles seront incapables de rivaliser avec les écoles publiques. L’enseignement catholique doit pourtant continuer. Il a donc été décidé d’ouvrir des internats où les élèves catholiques pourront mieux étudier, dans une atmosphère chrétienne, et recevront même des enseignements que les écoles publiques ne donnent pas. Le Conseil a suggéré aux internats catholiques des régions isolées de pratiquer la culture et l’élevage pour obtenir une certaine autosuffisance et pouvoir en enseigner les techniques, à l’exemple d’un pensionnat catholique du diocèse de Sanggau, au Kalimantan occidental, qui a créé une petite exploitation agricole.

D’autre part, bien avant que soit rendu public le nouveau projet scolaire, le Conseil national de l’enseignement catholique avait demandé au gouvernement de ne pas le lancer sans avoir égard à l’existence des écoles privées, en évitant par exemple d’ouvrir des écoles primaires publiques là où des écoles privées existent déjà. “Un accord a été conclu avec le gouvernement, dit F.X.Darmanto. Il garantira l’existence des écoles privées. Mais je ne suis pas tellement sûr de cette garantie” . Le Conseil va demander au gouvernement de subventionner les établissements secondaires privés du premier cycle selon un système progressif, la subvention augmentant pour ceux qui font moins payer leurs élèves.

Etienne Sumartono, directeur de l’école Saint-Joseph de Jakarta, dit qu’en milieu urbain les écoles catholiques vont améliorer la qualité des enseignants pour répondre à la politique nouvelle. “Malgré la suppression des frais scolaires dans les écoles publiques, les parents jouissant de hauts revenus continueront d’envoyer leurs enfants dans les établissements privés de bonne réputation. Nous ne sommes pas inquiets. Nous continuons de former nos enseignants et leur demandons de mettre en oeuvre le nouveau projet.”

Les statistiques tirées du recensement de 1990 montrent les résultats positifs de la politique scolaire. Depuis que le gouvernement a instauré une scolarité obligatoire de six années, le pourcentage d’Indonésiens qui ne fréquentent pas ou pas jusqu’au bout l’école élémentaire a beaucoup diminué. En 1971, 66,87 pour cent des garçons et 80,07 pour cent des filles n’avaient pas fait des études primaires complètes. En 1990, les chiffres étaient tombés respectivement à 42,40 et 52,90 pour cent.