Eglises d'Asie

Quatre religieux bouddhistes prisonniers poursuivent une grève de la faim, quarante-neuf autres sont volontaires pour le sacrifice suprême.

Publié le 18/03/2010




Selon les informations rapportées par une délégation bouddhiste (19) de Huê qui s’est rendue au camp de rééducation de Ba Sao, dans la ville de Phu Ly, au Nord Vietnam, le 15 mai 1994, l’ensemble des détenus du camp (20) vient de se joindre aux quatre religieux bouddhistes, les vénérables Thich Tri Tuu, Thich Hai Tang, Thich Hai Thinh et Thich Hai Chanh, qui depuis sept semaines déjà poursuivent une grève de la faim de protestation (21).

Les quatre religieux, originaires de la pagode de la Dame céleste à Huê, sont pensionnaires de ce camp depuis le 25 janvier 1994, date à laquelle ils y ont été transférés depuis la prison de Huê. Accusés d’avoir troublé l’ordre public, en provoquant une manifestation monstre dans le rues de leur ville, en mai 1993 (22), ils avaient été condamnés à des peines de trois à quatre ans de prison, au cours d’un procès, tenu à huis-clos dans une caserne, le 15 novembre 1993 (23). Une demande de jugement en appel, adressée aux autorités, quelques jours plus tard, avait été rejetée (24).

La délégation bouddhiste de Huê n’a pas obtenu l’autorisation de rendre visite aux religieux et a même été écartée loin du camp par les autorités. Elle a pu cependant recueillir certaines informations relatives à la grève entreprise par les quatre religieux. Son premier objectif est l’obtention d’une réponse favorable à la demande de jugement en appel qui a été rejetée une première fois, l’année dernière. En attendant que soit organisé un nouveau procès en présence d’avocats et de représentants de la presse étrangère, les moines exigent d’être ramenés à Huê. Ils protestent aussi contre les conditions de détention du camp, le travail forcé imposé aux détenus et l’absence de soins dont souffrent les malades graves. La grève de la faim aurait déjà altéré assez gravement la santé des religieux, qui ne seraient maintenus en vie que par des injections de sérum.

Cependant la nouvelle la plus importante transmise par la délégation est l’annonce de la résolution prise par le vénérable Thich Tri Tuu, supérieur de la pagode de la Dame céleste, de s’immoler par le feu le jour de la fête de l’Illumination du Bouddha, le 25 mai 1994, pour la défense du bouddhisme unifié et en protestation contre l’injuste procès auquel il a été soumis. Selon les mêmes sources, le religieux détenu à Phu Ly ne serait pas le seul à se préparer au sacrifice suprême. Quarante-neuf demandes en ce sens, émanant de religieux et religieuses bouddhistes, seraient aujourd’hui parvenues au patriarche du bouddhisme unifié, Thich Huyên Quang, aujourd’hui en exil dans le Quang Tri (25). Celui-ci dans un message envoyé à ses confrères, prisonniers au camp de Ba Sao, leur a conseillé de ne pas ajouter à leurs souffrances présentes et de conserver leur vie et leurs forces pour le service du bouddhisme.

Le 17 mai 1994, un porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères a opposé un démenti au premier communiqué du Bureau international bouddhiste à Paris faisant état de la grève de la faim entamé par les quatre religieux bouddhistes (26). Cependant, les communiqués suivants n’ont pas été commentés par le gouvernement vietnamien.