Eglises d'Asie – Vietnam
Une version de l’affaire de l’administrateur apostolique par l’hebdomadaire « Catholicisme et nation »
Publié le 18/03/2010
Leur responsabilité est d’abord suggérée dans l’éditorial qui trace un parallèle entre la nomination de Mgr Nguyên Van Thuân comme archevêque coadjuteur de Saigon en 1975 et celle, toute récente, de l’administrateur apostolique. En 1975, il s’est trouvé « un certain nombre de personnes pour lancer des mots d’ordre affirmant leur résolution de « défendre la foi », de « défendre l’Eglise », de défendre Mgr Nguyên Van Thuân » contre le petit groupe de prêtres opposés à sa nomination. C’est parce qu' »un certain nombre de fidèles ont été poussés à croire que cette question de nomination relevait du domaine de la foi et qu’il fallait défendre l’Eglise jusqu’au dernier souffle » (17) que cette affaire a été si grave. Aujourd’hui, suggère l’organe du Comité d’union, ce même parti a transformé ce qui n’était au départ qu’une opposition de principe du gouvernement à la décision unilatérale de Rome en une grave affaire neutralisant le fonctionnement de l’archidiocèse de Saigon. Parmi les représentants du parti incriminé, l’éditorial désigne le P. Chan Tin qui, effectivement, a été le premier à défendre les intérêts de l’Eglise dans une lettre au président de la Conférence épiscopale du Vietnam (18).
L’article du P. Truong Ba Cân qui occupe cinq pages de la revue s’emploie à illustrer la thèse mise en place dans l’éditorial. A plusieurs reprises, il affirme que « le problème de Mgr Huynh Van Nghi était au début un problème de procédure et non pas un problème de personnes », et que « si Mgr Huynh Van Nghi n’a pas été reconnu dans son titre d’administrateur apostolique, s’il a été blâmé pour avoir violé la loi, c’est tout d’abord parce que la procédure n’a pas été suivie ». L’analyse des faits présentée veut montrer qu’au début de l’affaire, malgré la violence de la réaction verbale des autorités municipales, celles-ci se sont efforcées de laisser une certaine marge de manoeuvre à l’évêque de Phan Thiêt nommé administrateur de la métropole du Sud-Vietnam. Pendant un temps, elles ont accepté que Mgr Huynh Van Nghi exerce certaines fonctions à Hô Chi Minh-Ville dans le cadre de l’aide à apporter à Mgr Nguyên Van Binh, faible et âgé, attitude qui, selon le P. Truong Ba Cân, aurait été aussi acceptée par des responsables de la Conférence épiscopale. Grâce à une citation de la lettre du P. Chân Tin, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire de Saigon fait apparaître que ce fragile compromis entre la hiérarchie et le gouvernement n’a plus été possible dès que les partisans du conflit avec le gouvernement ont présenté le comportement de Mgr Huynh Van Nghi remplissant les fonctions de sa charge dans le diocèse comme un défi au régime en place.
A la fin de son article, le P. Truong Ba Can prend acte du refus opposé par le gouvernement à la nomination de Mgr Huynh Van Nghi. Il souligne le fait que Mgr Celli dans son interview à Radio Vatican « n’a absolument pas fait mention de l’affaire de l’administrateur apostolique ». Il propose enfin une solution qui, selon lui, tiendrait compte des « exigences » de la communauté catholique vietnamienne: « Les prêtres, religieux et fidèles du diocèse, s’ils en ont les capacités et s’ils sont irrités par la situation devraient eux aussi envoyer des propositions de candidatures pour le poste d’archevêque de leur diocèse. A partir des noms le plus souvent choisis, le Saint-Siège pourrait établir une liste de candidats qu’il enverrait pour examen au gouvernement avant la nomination par le Souverain Pontife ».