Eglises d'Asie

Des éducateurs chrétiens s’élèvent contre les nouvelles règles d’admission dans les écoles des minorités

Publié le 18/03/2010




Les nouvelles règles d’admission dans les écoles des minorités, édictées par le gouvernement le 20 mai 1994, “apparaissent au premier abord simples et bonnes: en fait, elles vont contre le droit des institutions dirigées par les minorités à choisir librement les élèves de leur choixdit le P. John Vellamattam, secrétaire de la commission épiscopale pour l’éducation.

Ces règles prévoient que, désormais, les admissions dans les écoles professionnelles privées se feront exclusivement sur la base d’un examen d’entrée. Cette disposition suit un jugement de la cour suprême en 1993, qui interdit de faire payer un droit d’inscription aux candidats. Selon les règles établies par le ministère de l’éducation, la moitié des places seront “gratuites”, en ce sens que les frais de scolarité ne pourront dépasser ceux des institutions gouvernementales de la région. Pour l’autre moitié, un droit d’inscription pourra être exigé, mais il sera fixé par une commission établie à cet effet et devra être révisé tous les trois ans. Toutes les places seront attribuées en fonction des résultats d’un examen d’entrée. La direction des établissements privés n’aura plus de “places réservées” dont elle pourrait disposer pour des candidats de son choix.

Selon le P. Vallamattam, au lieu de s’attaquer à la corruption qui sévit dans certaines institutions, le gouvernement, en établissant ces règles, met en danger les droits des minorités en matière d’éducation. De son côté, M. Sydney Ribeiro, président de la YMCA (9) de Delhi, commente: ces règles sont les bienvenues “dans la mesure où elles veulent empêcher que l’éducation ne dégénère en une sorte de commerce lucratif. Mais en liant les admissions au seul résultat scolaire des candidats, on crée une injustice à l’égard des membres les plus défavorisés des minorités. Les premiers dans l’excellence scolaire appartiennent habituellement aux élites sociales. Les institutions dirigées par les minorités n’auront plus la possibilité de servir les plus pauvres, ceux qui, en fait, méritent une attention spéciale”.

M. Mani Jacob, directeur de l’association chrétienne panindienne pour l’éducation supérieure, insiste à son tour: “Le droit des minorités à diriger leurs propres institutions risque de se trouver entravé en ce qui concerne les admissions”. Le P. Vellamattam trouve toutes ces restrictions “injustes et anti-constitutionnelles”, car, dit-il, “les droits des minorités ont été inscrits dans la constitution non pas dans le but de favoriser les élites sociales, mais afin de venir en aide aux pauvres”.