Eglises d'Asie

Hongkong: les grèves de la faim se succèdent tandis que l’on prépare le rapatriement général des pensionnaires des camps

Publié le 18/03/2010




Lundi 30 mai 1994, alors qu’une conférence internationale rassemblée à Bangkok s’employait à préciser les dispositions pratiques du rapatriement général des derniers demandeurs d’asile vietnamiens, une grève de la faim a éclaté dans le camp de Whitehead de Hongkong. Elle a été suivie par un nombre de participants jamais atteint jusque là. Le mardi 31 mai 1994, au deuxième jour de la grève, le nombre de jeûneurs à Whitehead atteignait déjà 3 585. Le mouvement s’était étendu au centre de détention de Hight Island où 2 417 demandeurs d’asile menacés de rapatriement s’étaient, eux aussi, engagés dans ce mouvement de résistance pacifique (24). Au troisième jour, le nombre des grévistes de la faim était de 7 000 en tout (25). Le 2 juin, un porte-parole du gouvernement informait la presse que la majorité des grévistes s’étaient retirés du mouvement (26), mais qu’une centaine d’entre eux continuaient à refuser obstinément toute nourriture. Selon les observateurs de Hongkong, les réfugiés ont voulu ainsi attirer l’attention des délégués réunis à Bangkok sur leur refus absolu du rapatriement prévu avant la fin de l’année 1995 (27).

Malheureusement, les représentants des trente gouvernements concernés par les problèmes de réfugiés qui, sous l’égide du Haut-commissariat, se sont rassemblés à Bangkok pour trois jours à partir du 1er juin, ne semblent pas avoir été influencés par les manifestations des pensionnaires des camps de Hongkong. Ils n’ont manifesté aucune intention de revenir sur les décisions prises au début de l’année à Genève. Aucun changement n’a été apporté à la politique suivie actuellement qui a été, au contraire, confirmée (28). A l’issue du congrès, le Haut-commissariat a même annoncé son intention de rendre plus difficile la vie dans les camps de réfugiés en restreignant le montant des sommes d’argent envoyées de l’extérieur dans les camps ainsi que les possibilités d’approvisionnement pour les réfugiés (29).

Ce sont, comme on l’a dit, les “aspects techniques” du rapatriement qui ont fait l’objet des débats. Un des sujets les plus brûlants abordés à Bangkok est celui des 2000 demandeurs d’asile ayant reçu le statut de réfugié, certains depuis plus de six ans, mais qui n’ont obtenu de permis d’établissement définitif dans aucun pays. Le gouvernement de Hongkong a lancé un appel aux pays qui n’ont pas encore reçu le nombre de réfugiés qu’ils s’étaient engagés à accueillir et leur a demandé de tenir leurs promesses. Les autorités du territoire n’ont pas rejeté l’idée de soumettre au rapatriement forcé les réfugiés politiques qui ne seraient accueillis par aucun pays, tout comme ceux qui ont été classés “migrants économiques”.

Il est probable que de nouvelles révélations sur les dispositions précises d’un prochain rapatriement forcé seront données aux alentours du 15 juin lorsqu’aura été divulgué le rapport de l’enquête qui vient d’être effectuée à propos de la brutale intervention des forces policières du 7 avril 1994 dans le camp de Whitehead, au cours de laquelle des centaines de grenades lacrymogènes ont été lancées contre les réfugiés. En tout cas, les pensionnaires des camps de Hongkong redoublent de vigilance puisque, le 10 juin, dix mille d’entre eux se préparaient à soutenir une grève de la faim de protestation contre la politique de rapatriement forcé (30).