Après six années d’attente, le diocèse de Huê a de nouveau un pasteur en la personne de Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, nommé administrateur apostolique par le Saint-Siège le 23 avril dernier, à la suite d’un accord conclu avec le gouvernement lors de la visite de Mgr Claudio Celli à Hanoi au mois de mars précédent. Le 12 mai 1994, les chrétiens de la ville et des environs sont venus nombreux, plus de 3 000, à la cathédrale de Phuc Am (20) participer à la messe célébrée pour marquer l’entrée en fonction du nouvel archevêque. Quatre évêques et 80 prêtres ont concélébré avec lui. Les autorités civiles, en particulier le Front patriotique et les Affaires religieuses, étaient largement représentées. Les communautés protestante, bouddhiste et caodaïste de la province avaient aussi envoyé leurs délégations à cette cérémonie. Lors de l’homélie, l’archevêque a appelé la collaboration de toutes les religions et de tous les hommes de bonne volonté à l’oeuvre de salut de l’homme et du monde. Il n’a pas manqué de faire allusion à la décision de l’UNESCO qui a inscrit la ville de Huê et les vestiges de l’ancienne capitale de l’empire des Nguyên sur la liste du patrimoine culturel de l’humanité.
Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, âgé de 59 ans, est loin d’être un inconnu dans le diocèse puisqu’il y a exercé les fonctions de coadjuteur de 1975 à 1983, date à laquelle il avait démissionné de sa charge. En 1992, il a été nommé membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Il succède aujourd’hui, après six ans de vacance de siège, à Mgr Nguyên Kim Diên. Celui-ci est mort à Saigon en 1988, à la veille des canonisations des martyrs du Vietnam, épuisé par la maladie et par ses nombreuses confrontations avec la sûreté nationale et provinciale. Mgr Diên avait joué un très grand rôle dans l’Eglise du Vietnam au cours des dix années qui ont suivi le changement de régime d’avril 1975. A de nombreuses reprises, il avait fait entendre publiquement sa voix pour défendre la liberté de l’Eglise. Il s’était violemment heurté aux pouvoirs publics au moment de la fondation du Comité d’union des catholiques patriotes, en 1983 (21).