Eglises d'Asie

Le cardinal Sin critique la position du gouvernement philippin à l’égard de la conférence internationale sur les droits de l’homme au Timor Oriental

Publié le 18/03/2010




Rompant le silence gardé par l’Eglise dans la controverse soulevée par la conférence internationale sur le Timor Oriental (14), le cardinal Jaime Sin, archevêque de Manille, a écrit à Mgr Belo, administrateur apostolique du Timor Oriental, une lettre d’excuses datée du 30 mai 1994 : “En tant que citoyen des Philippines et en tant que frère dans la foi, je vous présente des excuses pour l’ineptie des chefs politiques de notre pays. Ils se sont montrés incapables de prendre la tête d’un mouvement en faveur de la liberté et de la dignité humaine dans notre région. Je sais les souffrances endurées par votre peuple toutes ces années, à cause de l’occupation illégale du Timor Oriental par l’Indonésie. Je sais les conséquences de cette occupation, les abominables violations des droits de l’homme infligées à votre troupeau”.

Mgr Sin dit encore: “Notre foi nous enseigne que c’est le Christ qui souffre chaque fois que les droits de l’homme sont foulés aux pieds. C’est le Christ qui souffre chaque fois que la liberté est usurpée de façon aussi éhontée. Je regrette de voir les dirigeants de notre nation céder aux pressions exercées par un pays étranger. La décision de censurer la conférence (15) ne peut être qualifiée que de stupide.”

L’Indonésie avait menacé d’annuler les pourparlers de paix entre le gouvernement des Philippines et les rebelles Moro du sud du pays, qui doivent se tenir à Jakarta pendant le mois de juin 1994.

Le cardinal Sin conclut sa lettre en en se disant déçu de voir que “nos dirigeants oublient si facilement que la meilleure manière d’exprimer à Dieu notre reconnaissance pour notre liberté toute neuve, c’est de venir en aide à ceux qui souffrent pour conquérir la leur

Cette lettre de l’archevêque de Manille a provoqué l’inquiétude de plusieurs congrégations religieuses qui envoient des missionnaires philippins à Timor. Ces derniers souffrent déjà de vexations de la part du gouvernement indonésien. Mais de nombreux religieux et membres du clergé ont aussi exprimé leur approbation. Mgr Antonio Nepomuceno, ancien évêque auxiliaire de Cotabato dans l’île de Mindanao, explique: “Depuis toujours, le gouvernement indonésien craint l’Eglise catholique parce qu’elle combat en faveur des droits de l’homme