Eglises d'Asie

Des militants syndicalistes sont poursuivis à la suite des émeutes antichinoises de Medan

Publié le 18/03/2010




A la suite des émeutes qui ont secoué la ville de Medan au mois d’avril 1994 (12), deux militants syndicalistes qui depuis lors se cachaient à Jakarta viennent d’être arrêtés : Parlin Manihuruk, de l’organisation des droits des travailleurs (Kelompok Pelita Sejahtera), et Joannes Hutahaian, d’un autre groupe appelé Pondokan. Un troisième : Muchtar Pakpahan, dirigeant du syndicat SBSI (Serikat Buruh Sejahtera Indonesia), a été convoqué pour interrogatoire.

Dans un pays où la main d’oeuvre est estimée à 80 millions de travailleurs, les manifestations ouvrières du mois d’avril en diverses régions ont marqué le paroxysme d’un mouvement de revendications suscité par les bas salaires et les mauvaises conditions de travail. Les syndicats ont canalisé et orchestré ce mouvement en organisant des meetings. A Medan, les rassemblements ont dégénéré en violences dirigées contre la minorité d’origine chinoise qui contrôle, comme ailleurs en Indonésie, une grande part de la vie économique. Une personne a été tuée, des véhicules, des ateliers et des magasins ont été incendiés.

Les syndicats nient avoir fomenté les manifestations antichinoises. Selon eux, le mouvement des travailleurs a été pris en otage par des éléments inconnus. La police et l’armée semblent néanmoins imputer les violences du mois d’avril aux syndicats. Le représentant à Medan de l’institut d’assistance judiciaire, Jafar Siddiq Hamzah, n’a pas caché son pessimisme : il pense que Muchtar va être inculpé. Son syndicat, le SBSI, n’est pas reconnu par le gouvernement et depuis sa création, il y a deux ans, beaucoup de ses membres ont été arrêtés et maltraités. Depuis le mois d’avril, à Medan, vingt-deux personnes ont été traduites devant un tribunal sous l’inculpation d’excitation à l’émeute. Au dire des militants syndicalistes, plus de 80 personnes, parmi lesquelles figurent les dirigeants locaux du SBSI, vont être inculpées.

Des observateurs étrangers se demandent si les récentes arrestations ne font pas partie d’une opération plus vaste qui viserait à discréditer le mouvement syndicaliste indonésien naissant en le liant à l’agitation antichinoise qui s’amplifie.