Eglises d'Asie

Les Eglises de l’Inde entrent dans la bataille pour les libertés scolaires des minorités

Publié le 18/03/2010




Le 20 juillet 1994, sept juges de la Cour suprême doivent déterminer la signification et la portée des droits des minorités en matière d’enseignement, en se prononçant sur une requête présentée au nom des Eglises par un comité oecuménique, qui conteste les principes de certains arrêts récents de la Cour.

Le comité oecuménique comprend : l’Eglise du nord de l’Inde, le conseil national des Eglises de l’Inde, la conférence des évêques catholiques de l’Inde, l’Eglise orthodoxe, l’Eglise Marthoma, l’Union catholique panindienne, la conférence des religieux de l’Inde, la compagnie de Jésus et l’association panindienne de l’enseignement supérieur chrétien dont le directeur, Mani Jacob, coordonne l’action menée en justice sur les droits des minorités.

La contestation remonte à 1991. Alors que le droit de fonder et d’administrer leurs propres établissements scolaires est garanti par l’article 30 de la constitution de l’Inde aux minorités religieuses (parsis, bouddhistes, jainistes, musulmans, sikhs, chrétiens), la Cour suprême a décidé cette année-là que les droits des minorités en matière d’enseignement ne vont pas jusqu’à une liberté complète des admissions. L’établissement géré par une minorité ne devrait désormais recevoir que cinquante pour cent d’élèves appartenant à cette minorité (5). Tout récemment encore, dans une recommandation en date du 20 mai, le conseil panindien pour l’enseignement technique constitué sous l’égide de la Cour suprême a incité les instituts professionnels privés qui ne reçoivent pas d’aide officielle, y compris ceux des minorités, à se baser sur le mérite pour prononcer les admissions.

Une réglementation semblable instaurée par le gouvernement de l’Etat du Karnataka a été contestée en 1993 par la faculté de médecine Saint-John de Bangalore, qui dépend de la conférence des évêques catholiques de l’Inde, au motif qu’une réglementation des admissions en fonction du mérite empêcherait l’établissement de remplir sa mission de formation de médecins et d’infirmières pour les régions rurales et sous-développées de l’Inde. La faculté Saint-John avait porté l’affaire devant la Cour suprême (6).

Les Eglises attachent une grande importance au jugement que vont prononcer les juges de cette cour. Il influencera pour longtemps l’avenir des minorités religieuses, en particulier celui des chrétiens qui, ne représentant que 2,5 pour cent de la population, dirigent dix pour cent des 250 000 établissements d’enseignement de l’Inde.