Eglises d'Asie – Laos
UNE COMMUNAUTE DE LEPREUX A NAMSAI THEUNG Des possibilités d’insertion pour les exclus de la société
Publié le 18/03/2010
Ayant entendu parler d’une colonie au sud du Laos dans la province de Champassak, Sak y alla rejoindre d’autres lépreux qui avaient aussi quitté leurs villages dans les mêmes circonstances. C’est ainsi que quatre villages furent formés qui sont aujourd’hui connus comme la communauté des lépreux de Namsai Theung.
“J’avais entendu parler de ces villages qui avaient été fondés par des missionnaires français en 1955. Nous avons toujours été traités comme des exclus par le reste de la société comme si nous n’appartenions pas au genre humain. Les Français nous ont bien traités avec une compréhension dont nous n’avions pas l’habitude.
Beaucoup de lépreux sont chrétiens, protestants ou catholiques. C’est le résultat de ce que les chrétiens ont fait pour nous à une époque où les gens étaient très étroits d’esprit à l’égard de ceux qui avaient eu le malheur d’attraper la maladie. Les chrétiens nous ont aidés à nous regarder nous-mêmes comme des êtres humains. Il a fallu un certain temps aux gens pour nous accepter, et cela même aujourd’hui. Quand nous essayions de vendre ce que nous avions fait pousser dans nos champs, les gens ne voulaient pas acheter parce qu’ils craignaient que les produits ne soient contaminés par la lèpre”.
Quand l’organisation World Vision a commencé à travailler au Laos en 1990, ses membres avaient entendu parler du problème des lépreux considérés comme les plus pauvres des pauvres et les plus affligés par une pauvreté directement liée à leur maladie.
Leurs difficultés et leur combat pour la vie dans une région souffrant de sécheresse pratiquement chaque année faisaient que même les produits de base pour la survie étaient un problème. Chaque année, ils devaient faire face à une insuffisance chronique de riz, quelquefois pendant six mois de suite. La technique du brûlis qu’ils utilisaient créait des problèmes d’environnement causés par les incendies de forêt. La terre ne produisait pas tout le riz qu’elle pouvait produire. Une utilisation appropriée des engrais n’était pas pratiquée.
La communauté comporte quatre villages à trente kilomètres de la capitale provinciale de Champassak au sud du Laos. Un total de 464 lépreux sont intégrés dans une communauté qui compte en tout 1 936 personnes.
En juin 1993, World Vision a lancé un projet dans ces villages pour élever le niveau de vie. Travaillant avec le département des affaires sociales de la province de Champassak, les objectifs sont d’aider la communauté à augmenter la production de riz et sa qualité, par la formation et des techniques d’utilisation des engrais et des insecticides ainsi que le don d’équipements et d’une provision de graines.
La majorité des villageois ne savaient pas que des techniques simples pouvaient augmenter la production du riz et la plupart souffraient de manque de riz chaque année, quelquefois pendant six mois de suite. Beaucoup de villageois étaient forcés de chercher dans la forêt de quoi se nourrir, légumes sauvages ou pousses de bambou. Chaque année, il devenait plus difficile de survivre car même la forêt rapportait de moins en moins.
Grâce à l’aide de World Vision, la plupart des familles ont augmenté leur production de riz. Une “banque de bovins” a pu pourvoir 10 familles avec un buffle chacune, ce qui leur a donné la possibilité de produire davantage. Le résultat en a été que l’année dernière, la majorité des familles avaient assez de riz pour toute l’année.
Une minorité a pu emprunter de l’argent aux “banques du riz” qui ont été établies dans chaque village. Des programmes de “nourriture contre travail” ont été lancés : pour un hectare de terre défrichée une famille reçoit une tonne de riz.
La technique du brûlis largement utilisée en beaucoup de lieux est peu à peu abandonnée, à mesure que des techniques agricoles appropriées permettent aux fermiers d’augmenter la production.
“Ce n’est plus aussi difficile qu’autrefois”, dit Sak. “Avec l’aide que nous avons reçue de “World Vision” à travers le programme de “nourriture contre travail”, nous avons pu avoir suffisamment de riz chaque année”.
Bien que Sak et sa femme soient tous les deux lépreux, aucun de leurs trois enfants ne montre quelque signe que ce soit de la maladie. “C’est quand j’avais quinze ans que j’avais remarqué que j’étais lépreux”, dit-il. “Aujourd’hui, deux de mes enfants ont dépassé cet âge et ils n’ont aucun symptôme de la maladie. Ils prennent des remèdes à tout hasard comme une précaution”.