Eglises d'Asie

Cachemire : les séparatistes musulmans menacent les pèlerins hindous d’Amarnath

Publié le 18/03/2010




L’armée indienne et des forces paramilitaires de l’Etat du Cachemire parcourent la vallée à la recherche des séparatistes musulmans qui menacent les pèlerins en route vers la caverne de Shiva à Amarnath. Depuis le 10 août en effet, des milliers d’hindous venus de toute l’Inde, rejoints par des musulmans de la vallée du Cachemire, quittent la grand-route de Chandanwari et font une marche de vingt-six kilomètres jusqu’au glacier, à quelque 4 000 mètres d’altitude, qui abrite le sanctuaire et qui n’est accessible qu’un mois par an..

Dès le 4 juillet, des menaces ont été lancées par les séparatistes armés du Harkat-ul-Ansar, qu’on dit sous le contrôle de mercenaires étrangers et qui a le soutien d’une cinquantaine de groupes clandestins opérant dans la vallée du Cachemire. Ses militants agitent le spectre d’une guerre sanglante pour l’indépendance du Cachemire, qui est en majorité musulman. Les menaces visaient à obtenir du gouvernement qu’il retire les contrôles de sécurité autour d’une mosquée de Srinagar, relâche de jeunes musulmans détenus pour des actes d’insurrection et reconstruise des mosquées rasées pendant les opérations anti-guérillas.

Un autre groupe de combat, le Hezb-ul Mujahideen, a retiré son ultimatum quand le gouvernement a cédé sur un premier point le 6 août en rasant les bunkers élevés autour de la mosquée Hazratbal à Srinagar, capitale de l’Etat de Cachemire. La mosquée, une des plus sacrées de l’Inde parce qu’elle conserve une relique du prophète Mahomet, un poil de sa barbe, a été rouverte près de dix mois après sa fermeture. Le Hezb-ul Mujahideen a appelé les autres militants à retirer aussi leurs menaces contre les pèlerins d’Amarnath, mais le Harkat-ul-Ansar a constitué avec dix autres groupes un “conseil de Jihad” (guerre sainte) pour arrêter les pèlerins.

Depuis le 10 août les troupes surveillent la route et les environs vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elles ont escorté 1 240 pèlerins jusqu’à Amarnath le 11 août. En 1993, les guérilleros avaient attaqué les pèlerins en deux endroits, tué une femme et fait beaucoup de blessés. Cette année, ils menacent de mort les membres du gouvernement musulman, les officiers de la police s’ils coopérent au pèlerinage et les dix mille villageois musulmans de Phalgam, le site de départ des pèlerins, s’ils travaillent pour eux. Des lettres de menace ont été placardées sur les poteaux électriques et lues à haute voix dans les mosquées de la région. “Ils nous ordonnent de fermer boutique à partir du 10 aoûtdit un marchand de fruits de Pahalgam, qui se résigne à obéir : “l’armée ne sera pas toujours là pour me protégerDisposés tout au long du chemin des pèlerins, environ 1 600 policiers veillent sur les installations. Dans les rangs des forces de sécurité, les officiers musulmans coopèrent aussi, mais sans s’afficher, par crainte des représailles des séparatistes.

Au même moment, à Bombay, le leader hindou Bal Thackeray a menacé d’empêcher le pèlerinage Haj des musulmans à La Mecque si les hindous ne sont pas libres d’aller à Amarnath. De 1990 à 1993, les combats du Cachemire auraient fait 8 100 morts, dont 3 380 séparatistes. Plus de 300 000 personnes ont fui l’Etat. Certains séparatistes sont intolérants vis-à-vis des minorités, y compris d’autres sectes de l’islam comme les Sufis. Ils s’opposent à la fréquentation du sanctuaire d’Amarnath par les musulmans du Cachemire, parce qu’elle est contraire à l’islam. Leur colère s’en prend aussi aux Sikhs et aux chrétiens. En 1993, ils ont emmené le père Jose John, de la communauté catholique de Srinagar, qui a subi des tortures pendant sa captivité avant d’être relâché. Après cinq années de nettoyage ethnique, 300 000 hindous du Cachemire vivent dans des camps en dehors de la vallée. La plupart des musulmans qui ne sont pas du Cachemire sont partis eux aussi, après l’assassinat, en 1992, par des militants séparatistes, de Mushirul Haque, vice-chancelier de l’université du Cachemire.