Eglises d'Asie

Déclaration des Philippines à la conférence internationale du Caire sur le développement et la population (5-13 septembre 1994) “Le respect de la vie humaine n’est pas négociable”

Publié le 18/03/2010




Des bébés vont naître pendant les onze jours de cette conférence du Caire, qui va débattre des moyens d’améliorer la qualité de leur vie et de celle de leurs familles. Beaucoup d’entre elles vivent dans des conditions inacceptables, privées du nécessaire, n’ayant pas de quoi manger et boire, sans abri. Notre capacité de pourvoir à leurs besoins diminue à mesure que la pauvreté empire, que l’environnement est davantage pollué et que s’épuisent nos ressources naturelles.

Il y a un accord global sur l’importance d’une politique démographique et de programmes pour un développement durable, comme sur la nécessité d’une coopération de tous. Il est compréhensible que les 184 Etats membres diffèrent dans la formulation de cette politique et de ces programmes, compte tenu de la singularité de leur situation politique, économique, législative et socioculturelle, de la pluralité des sociétés et communautés à l’intérieur de chacun d’eux. La conférence du Caire permet de tracer les grandes lignes d’un programme de coopération entre tous qui reconnaisse les préoccupations et la souveraineté de chaque Etat-membre.

Les journées qui viennent vont être remplies par des discussions sur ce programme d’action. Nous espérons qu’elles ne nous feront pas perdre de vue les objectifs de la conférence : trouver comment nous pouvons améliorer la qualité de la vie de tous.

La position des Philippines sur les questions abordées par la conférence se règle sur notre constitution, nos lois et notre jurisprudence en leurs principes fondamentaux que voici :

– la vie humaine est sacrée ; notre respect de la vie humaine est souverain et n’est pas négociable. Nous sommes catégoriquement contre l’avortement comme moyen de contrôle des naissances. Notre constitution nous prescrit de protéger également la vie de la mère et la vie de l’enfant à partir du moment de sa conception (article 2, section 12). Nous reconnaissons

aussi que les parents sont les premiers responsables du soin et de l’éducation de leurs enfants et que l’Etat a l’obligation de les y aider.

– la famille comme unité de base de la société est ancrée dans le mariage permanent et exclusif d’un homme et d’une femme dans le but de donner le jour et d’élever des enfants et de vivre en communauté de vie. Le mariage est le fondement de la famille et doit être protégé par l’Etat. La vie sexuelle conjugale a pour fin de procréer et d’unir, en vue d’un développement à la fois biologique et interpersonnel.

– la famille est le fondement de la nation et de toute entreprise de développement. Si elle est une ressource appréciable dans la poursuite des progrès, la famille est d’abord et avant tout le motif premier des initiatives du gouvernement en faveur d’un développement humain. Car le développement humain est le but de ses efforts de progrès socio-économique.

– l’Etat reconnaît le rôle des femmes dans l’édification de la nation et doit assurer l’égalité fondamentale des hommes et des femmes devant la loi. L’Etat doit soutenir les droits de la femme et lui fournir des chances égales à celles de l’homme.

– l’Etat reconnaît la liberté de la conscience selon ses convictions religieuses et morales et en conformité avec le bien commun. Le respect de cette liberté et de la vie humaine doit inspirer la politique du gouvernement quand il informe la famille sur la façon de prévoir comment vivre et grandir.

– ainsi que le prescrit la constitution, l’Etat doit défendre le droit des époux de fonder une famille conforme à leurs convictions morales ou religieuses et à leurs voeux de parents responsables.

– l’Etat reconnaît que le développement humain doit être compris comme un tout, répondre à toutes les nécessités et aspirations d’une personne humaine, qu’elles soient de nature politique, économique, culturelle, technique, morale ou religieuse.

Aux Philippines, presque la moitié de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Cette situation est l’effet d’inégalités sociales et des rapports qui se sont établis entre l’importance de la population, l’évolution économique et le milieu naturel. La réponse de notre politique et de nos programmes s’inscrit dans le cadre d’un développement durable qui cherche à équilibrer ces rapports entre population, environnement et ressources, dans la poursuite de la croissance.

Le programme de régulation démographique des Philippines est assumé à tous les niveaux par des agents des services publics, par des membres de groupes et de communautés privées et par des particuliers, qui travaillent ensemble pour le bien commun. Il étend ses préoccupations à tous les problèmes de population qui affectent l’équilibre : la famille, la condition des femmes, la santé des mères et des petits, la mortalité infantile, l’état sanitaire, la distribution géographique de la population et l’urbanisation, les flux migratoires intérieurs et internationaux, la structure de la population. Au coeur de notre programme il y a le rôle et la responsabilité de la famille dans l’aménagement planifié des ressources physiques et humaines pour un développement durable. Notre avancée vers l’avenir s’appuie sur la stratégie globale de notre gouvernement pour instaurer un pouvoir efficace, moderniser l’économie et mettre notre pays sur la voie qui en fera à la fin du siècle un pays en cours d’industrialisation.

Notre politique de la population doit donc contribuer à l’effort national en rendant les familles et leurs membres capables de jouer un rôle productif et responsable dans la tâche du développement. La planification familiale et la parenté responsable continueront d’être un élément de notre politique de la population. Nous mettrons davantage l’accent sur le phénomène démographique qui est un facteur important de notre effort économique actuel.

Les Philippines contribuent largement à fournir du travail qualifié dans presque toutes les parties du monde. Nous veillerons à ce que cette contribution ne mette pas en péril nos systèmes sociaux et culturels et leur influence sur notre vie familiale. Nous veillerons aussi à ce que les droits de nos travailleurs expatriés soient respectés et protégés dans les pays où ils travaillent. Nous demandons aux participants de la conférence de traiter comme il le mérite ce problème qui nous préoccupe.