Eglises d'Asie

Immolation d’un religieux bouddhiste de la province de Vinh Long – Nouvelle condamnation du supérieur de la pagode de Linh Son à Ba Ria.

Publié le 18/03/2010




La nouvelle de l’immolation par le feu du vénérable Thich Huê Thâu, moine de la province de Vinh Long, n’a été connue en Occident que vers la mi-juillet, grâce aux révélations d’un de ses confrères ayant réussi à s’échapper de prison (24). L’holocauste avait eu lieu le 28 mai 1994 précédent. Avant sa mort, le religieux avait confié deux lettres à un de ses disciples: l’une exprimait son intention de se sacrifier, l’autre était adressée aux autorités de Hanoi, au Patriarche Thich Huyên Quang et aux instances bouddhistes. Malheureusement l’exécuteur des dernières volontés du religieux fut arrêté par la police avant d’avoir pu transmettre les lettres à leurs destinataires.

Trois jours avant sa mort, le soir de la fête de la naissance du Bouddha, le vénérable Thich Huê Thâu avait conduit jusque devant le Comité populaire de la province de Vinh Long une délégation composée de 47 religieux et de fidèles bouddhistes. Cette manifestation avait pour objectif d’exiger des autorités qu’elles donnent satisfaction à trois revendications fondamentales: le respect de la liberté de religion, de culte et de formation à la vie religieuse – la restauration de l’Eglise bouddhique unifiée – l’allégement des impôts qui accablent lourdement les paysans du delta du Mékong. Le religieux avait préalablement déclaré que si les autorités provinciales de Vinh Long ne pouvaient donner une réponse positive aux manifestants, la délégation irait jusqu’à Hanoi. Si cela leur était refusé, il y aurait une immolation collective. Les autorités refusèrent tout dialogue. La manifestation fut dispersée par la police et les leaders arrêtés.

Après l’immolation du religieux, les autorités intimèrent l’ordre à la population de se taire sur cette affaire. Après la diffusion de la nouvelle par les grandes agences de presse, le gouvernement vietnamien a indirectement confirmé l’immolation par le feu du religieux tout en attribuant ce geste à des motifs de vie privée, comme il l’avait déjà fait en d’autres cas semblables.

On apprend par ailleurs que le vénérable Hanh Duc, supérieur de la pagode de Son Linh à Ba Ria et partisan du patriarche Thich Huyên Quang, a été jugé en appel, le 30 juillet 1994 (25) et condamné à trois ans de prison, comme lors du premier procès. On ne sait où s’est déroulé le procès ni où le religieux est aujourd’hui détenu. Quatre cent fidèles bouddhistes venus au palais de justice de Ba Ria, le jour du procès, malgré la police, ont trouvé la salle du tribunal vide.

Arrêté dans sa pagode de Vung Tau, le 9 juillet 1993, au milieu d’un grand déploiement de forces (26) et malgré l’intervention de milliers de fidèles de la région accourus pour le protéger, ce religieux avait été jugé en janvier 1994 (27), et condamné à trois ans de prison pour activités illégales et recel de documents contre-révolutionnaires. Il fit aussitôt appel de cette condamnation particulièrement injuste. Les autorités provinciales lui promirent alors que son affaire serait jugé à nouveau le 24 juin 1994 (28).

Le procès n’ayant pas eu lieu ce jour-là, le 7 juillet 1994 (29), le religieux entama une grève de la faim illimitée. Cependant, de sa résidence surveillée au Quang Nam, le patriarche Thich Huyên Quang lui envoyait une lettre le priant de ne pas mettre ses jours en danger. Le vénérable Thich Hanh Duc ne se soumit à la demande du patriarche et ne cessa sa grève de la faim que sur la promesse formelle des autorités qu’il serait jugé le 30 juillet 1994.