Eglises d'Asie

Dans les camps de réfugiés de Hongkong : des mineurs se cachent pour éviter le rapatriement

Publié le 18/03/2010




Dans le cadre du programme de réunification des familles mis en oeuvre récemment, le Haut commissariat a établi une liste des mineurs non accompagnés actuellement dans les camps de Hongkong, qui doivent être rapatriés. C’est une question qui, en principe, ne concerne pas directement le gouvernement de Hongkong. Un comité mis en place par le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies apprécie lui-même ce qu’il pense être l’intérêt de ces mineurs et décide pour chacun d’entre eux s’il doit être rapatrié au Vietnam ou orienté vers un autre pays d’asile définitif. Bien qu’il ait été expressément précisé qu’il n’y aura pas de rapatriement forcé pour les mineurs, la décision prise à leur sujet, cette année même, par la communauté internationale prévoit que tous doivent avoir quitté Hongkong avant le mois de janvier 1995. Beaucoup d’enfants redoutent de se voir renvoyer au Vietnam et essaient d’échapper à cette éventualité par tous les moyens.

A Whitehead, quatre enfants ont évité de justesse leur retour au Vietnam, prévu pour le 30 août, en se cachant (30). La veille au soir, deux jeunes filles de 16 et 17 ans ont grimpé sur le sommet du réservoir d’eau situé à une hauteur de près de six mètres, au-dessus des douches et des toilettes. Elles s’y sont installées, abritées des ardeurs du soleil par un parapluie emporté avec elles. Le lendemain, elles ont été rejointes par un garçon de 13 ans. Le quatrième mineur, Doan Quôc Trung, âgé de seize ans, avait lui aussi trouvé une cachette à l’intérieur du camp. C’était la troisième fois qu’il tentait de se dérober à la mesure de rapatriement le concernant. Finalement, les gardiens partis à leur recherche les ont découverts vers midi et les ont persuadés de descendre après leur avoir dit qu’il n’y aurait pas d’autre ordre de rapatriement contre eux et qu’ils n’étaient pas forcés de quitter Hongkong, même si leurs noms figuraient sur les listes du Haut-commissariat.

La volonté d’échapper au rapatriement n’a fait que grandir chez ces mineurs non accompagnés qui sont de plus en plus conscients de leurs droits et savent qu’on ne peut les forcer à partir, s’ils font connaître publiquement leur refus. Des avocats comme Mme Pam Baker, présidente de l’association Refugee Concern, se sont efforcés de les informer de toute l’étendue de leurs droits ainsi que de la nature des mesures appliquées aux mineurs non accompagnés.

Selon la presse de Hongkong (31), cette affaire des mineurs non accompagnés a fait monter la tension parmi les réfugiés adultes. Selon certaines rumeurs, dans le camp de Tai A Chau, un grand mouvement de grève de la faim serait en préparation, qui, cette fois serait mené par un grand nombre de pensionnaires … jusqu’à la mort s’il le faut, affirme-t-on. D’ailleurs depuis le mois de février 1994, la grève tournante de la faim n’a jamais cessé dans ce camp et chaque jour près d’une dizaine de pensionnaires observent le jeûne complet.