Eglises d'Asie

Les réfugiés bhoutanais non bouddhistes continuent d’arriver au Népal et aucune solution ne s’annonce

Publié le 18/03/2010




Au témoignage d’un animateur de Caritas-Népal, Joseph Niraula, qui visite régulièrement les huit camps de réfugiés bhoutanais installés à l’est du Népal, 87 000 réfugiés ont été à ce jour officiellement inscrits, mais le chiffre réel dépasserait peut-être 100 000. Ces réfugiés appartiennent tous à la minorité de langue népalaise et de religion hindoue du Bhoutan, où le bouddhisme est religion officielle.

Depuis que le gouvernement du Bhoutan a imposé en 1990 aux minorités de langue népalaise l’intégration et la “bhoutanisation”, en faisant adopter à tous la culture du nord du pays, l’exode forcé ne s’est pas arrêté en dépit des pourparlers entre le Bhoutan et le Népal (1). Au dire des réfugiés, les autorités locales bhoutanaises leur ont retiré leurs documents d’état-civil, les ont obligés à signer une cession de leurs terres et acculés ainsi à partir. Or, ajoute Niraula, quand les gens arrivent au Népal, leur admission dans un camp est subordonnée à une procédure de tri : il leur faut prouver qu’ils sont vraiment des réfugiés et pas seulement des émigrants. Au mois de mai 1994, 80 personnes ont demandé le statut de réfugiés, 47 l’ont obtenu. En juin, 39 sur 65 ont été admises comme réfugiés, en juillet, 24 sur 42. La procédure de tri, conclut Niraula, conduit à refuser à beaucoup l’asile dans un camp et à leur enlever l’espoir de rentrer un jour dans leur pays.

Asish Gurung, directeur de Caritas-Népal, résume ainsi l’action de cette organisation d’Eglise pour les exilés du Bhoutan : “Nous aidons à réaliser le plan du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en matière d’enseignement des enfants. Comme la législation ne nous autorise pas à tenir des écoles permanentes, nous n’avons construit dans les camps que trois écoles semi-permanentes. Les autres écoles sont provisoires. Mais tous les camps ont maintenant des écoles. Caritas-Népal assure ainsi l’instruction de plus de vingt-cinq mille enfants réfugiés du Bhoutan. Beaucoup d’entre eux pourront passer les examens.”

Les pourparlers entre le Népal et le Bhoutan sur l’exode de population n’ont pas encore eu grand effet. Les réfugiés des camps comptent davantage sur un règlement international de leur problème depuis la visite de la commission des droits de l’homme des Nations Unies. Au cours d’un voyage au Népal, Jose Ayala Lasso, haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, est allé le 2 août dans les camps de réfugiés. Il s’était rendu auparavant au Bhoutan. “Il faut poursuivre les négociations bilatérales” a-t-il déclaré à la presse à Katmandou.

Rakesh Chhetri est un des hauts fonctionnaires qui ont dû fuir le Bhoutan en 1991. Il était vice-président d’un parti interdit, le parti du congrès. Avec sa femme il dirige à Katmandou une petite pension qui héberge onze étudiants du collège Xavier. “Le Bhoutan, dit-il, qui a moins de 700 000 habitants, est le seul pays du monde qui a chassé plus de dix pour cent de sa population. Le Népal a eu tort d’accepter en octobre 1993 de classer les réfugiés par catégories. On croyait au départ que ce serait chose faite en quelques mois. Cela n’a même pas été commencé. Résultat : la plupart d’entre nous sont classés comme des étrangers qui n’ont pas à être rapatriés”. Chhetri confirme que les dirigeants des organisations de défense des droits de l’homme ont pu parler à Lasso et lui dire ce que les gens subissent. “Quand il a visité les camps, certains d’entre nous lui ont montré leurs papiers d’identité, d’authentiques documents bhoutanais. Nous avons tous perçu un rayon d’espoir.”