Eglises d'Asie – Philippines
Des cérémonies d’hommage et de prière sont célébrées pour le prêtre rebelle abattu par l’armée
Publié le 18/03/2010
Le 16 septembre, une cérémonie oecuménique à l’église du Mont-Carmel à Quezon, près de Manille, a fait revivre celui que ses camarades appelaient “Ka Migo”. Ishmael Ylaya, chef pour l’ouest de Mindanao du Front national démocratique, contrôlé par le parti communiste philippin, a rappelé combien le père Navarro était aimé. C’est comme prêtre d’une paroisse habitée surtout par des gens des tribus, à Lianga, Surigao del Sur, que, selon Ylaya, la conscience politique du prêtre s’est éveillée. Il a tenté d’aider les paysans et les indigènes, expulsés de leurs terres pour laisser la place aux sociétés multinationales. Devenu directeur de l’action sociale du diocèse de Tandag, de 1978 à 1981, il a aidé des victimes de violations des droits de l’homme. Et c’est pour ne pas être arrêté, parce qu’il avait secouru des paroissiens et d’autres accusés de subversion, qu’il est entré dans la clandestinité. Au témoignage de Ylaya, il a continué son ministère de prêtre dans les montagnes, disant la messe, entendant les confessions, donnant l’onction aux malades, bénissant les camarades avant leur départ “en mission”, priant pour les morts. Souvent il allait à l’improviste dans des séminaires ou des couvents pour discuter de la situation de la région. Il a beaucoup fait, a conclu Ylaya, pour ouvrir les yeux des gens d’Eglise de Mindanao.
Le lendemain 17 septembre, la messe de funérailles a été célébrée à vingt kilomètres de Cagwait, à l’église du Saint-Enfant de Marihatag où le père Navarro avait été ordonné prêtre en 1975 pour le diocèse de Tandag. L’évêque de Tandag, Mgr Treneo Amantillo, a présidé la messe, concélébrée par dix-huit prêtres du diocèse où le défunt a exercé son ministère pastoral jusqu’à son engagement dans l’Armée du peuple nouveau en 1983.
Dans son homélie l’évêque a reconnu que beaucoup d’esprits dans l’assistance pouvaient éprouver un certain trouble au sujet du prêtre défunt, en se demandant comment il avait concilié le christianisme avec le marxisme du mouvement révolutionnaire. Pour le père Navarro, a dit l’évêque, si sa foi était devenue un frein dans son service du peuple, elle serait devenue inutile. “Et néanmoins il est resté prêtre, il a fait le sacrifice suprême, comme tout prêtre doit s’offrir lui-même en célébrant la messeMgr Amantillo a souhaité que tous prient pour que “l’offrande du père Navarro soit acceptable au Seigneur