Eglises d'Asie

Des prisonniers politiques dénoncent les conditions inhumaines de leur détention

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre de témoignages écrits, rédigés par des pensionnaires de divers camps de détention du Vietnam viennent d’être diffusés en France (16). Ils voudraient attirer l’attention du monde occidental sur le nombre de détenus dans les camps et les prisons du Vietnam ainsi que sur leurs conditions de détention.

Deux de ces textes émanent du camp de Ba Sao situé dans le Ha Nam au Nord Vietnam. Le premier d’entre eux est une pétition datée du mois d’avril et adressée au premier ministre et au ministre de l’intérieur vietnamien par quatre prisonniers, tous connus par ailleurs : le professeur Doan Viêt Hoat, condamné à 15 ans de prison pour la publication du bulletin “Le forum de la liberté” et Tran Tu, Tran Manh Quynh et Ly Tong, tous citoyens américains d’origine vietnamienne, condamnés à diverses peines de prison. La lettre dénonce les conditions cruelles et dégradantes des détenus dans les prisons du Vietnam. Les signataires font aussi état de l’insuffisance des soins médicaux, de travaux forcés et de mauvais traitements.

La seconde lettre, datée du mois d’août 1994, a été rédigée par les quatre religieux de Huê condamnés à quatre et trois ans de prison pour leur participation à la manifestation bouddhiste du 24 mai 1993. Eux aussi dénoncent les mêmes conditions de détention. Les religieux ajoutent qu’à la suite d’une grève de la faim de huit semaines, ils ont été placés dans la section B du camp, réservée aux prisonniers de droit commun. Ils y vivent sous la constante menace de violences.

Un autre document a été rédigé dans le camp A 20 de la province de Phu Yên par deux prisonniers qui y sont détenus, Pham Van Thanh et Pham Van Dung. Ces deux Vietnamiens établis en France avaient été arrêtés, le 5 mars 1994, au cours d’un voyage au Vietnam, en compagnie d’un certain nombre d’autres Vietnamiens émigrés au Canada, aux Etats-Unis et en Suisse, également en visite dans leur pays d’origine. Les deux signataires de la lettre avaient été condamnés à 12 ans et à 20 ans de prison, pour “tentative de renversement du pouvoir populaireau cours d’un procès qui avait eu lieu le 23 août suivant. Les mêmes conditions inhumaines de détention, accompagnées de travaux forcés, sont dénoncées dans ce texte adressé le 7 juillet 1994 aux dirigeants du parti communiste vietnamien. Ce document affirme aussi que presque tous les prisonniers détenus dans ce camp, certains depuis 19 ans, y ont été battus sauvagement, “comme des bêtesSelon les auteurs de ce texte, dans deux prisons et quatre camps, connus par eux, à savoir les prisons de Chi Hoa à Saigon et de Vung Tau, les camps A 20 à Phu Yên, K3 à Xuân Lôc, Z 30 à Ham Tân, B 34 à Saigon, il y aurait aujourd’hui au moins 1000 prisonniers politiques.

Dans un autre document parvenu en France au début du mois de septembre, les mêmes auteurs rappellent les conditions de vie dans le camp. Les prisonniers politiques sont détenus dans les mêmes baraques que les droits communs et perpétuellement exposés aux violences de ces derniers. Ils sont astreints aux travaux forcés, dont le bénéfice est empoché par les fonctionnaires des camps.

La lettre dresse une liste de 127 prisonniers politiques du camp A 20 de Phu Yên ayant besoin de soins médicaux d’urgence. Chaque nom de détenu est suivi du nombre d’années passées dans le camp. Les plus anciens pensionnaires sont là depuis 18 ans. 105 d’entre eux sont détenus depuis plus de 12 ans.