Eglises d'Asie

Ayodhya : une nouvelle guerre entre musulmans et hindous est à craindre

Publié le 18/03/2010




Le 16 octobre 1994, le responsable de la mosquée “Jama” de Delhi, M. Syed Ahmed Bukhari, a protesté contre la formation d’un nouveau comité pour la construction d’un temple dédié à Rama, dans la ville d’Ayodhya, en Uttar Pradesh (4).

Le 6 décembre 1992 (5), des milliers d’hindous fanatisés avaient détruit une mosquée vieille de 450 ans bâtie sur l’emplacement supposé du lieu de naissance de Rama, le roi divinisé, héros de l’épopée hindoue classique, le “Ramayana”. A l’époque, cette action avait déclenché des émeutes dans toute l’Inde, ainsi qu’au Pakistan et au Bangladesh. On avait déploré plusieurs miliers de morts.

Or, le 15 octobre 1994, neuf leaders hindous se sont réunis à Delhi, où ils ont décidé de former un comité destiné à promouvoir la construction du nouveau temple. Il n’a pas été précisé si ce dernier serait bâti à l’emplacement occupé précédemment par la mosquée, ou à proximité. Au début de l’année 1993, le premier ministre de l’Inde, M. Narashimha Rao, avait promis aux musulmans de faire reconstruire leur mosquée. Mais jusqu’à maintenant, rien n’a été fait. Par contre, un lieu de culte hindou, provisoire, en bambou, a été érigé à cet endroit.

M. Bukhari accuse: “Le gouvernement marche à fond avec ce comité”. Il ajoute: “Nous ne nous opposons pas à ce qu’un temple soit bâti. Mais nous demandons à savoir où. S’il devait occuper l’emplacement de la mosquée, une violence terrible mettrait ce pays à feu et à sang. Aucun musulman n’acceptera la construction d’un temple à cet endroit”.

Les leaders hindous déclarent de leur côté: “Le travail va bientôt commencer. Le comité que nous venons de former répond aux désirs des hindous. Ces derniers veulent un temple dédié à Rama. Et cela va certainement redonner de la force à l’hindouisme”.

Mais selon certaines sources hindoues, au-delà du problème religieux l’intention du gouvernement indien serait de s’approprier les bénéfices politiques à tirer de la construction du temple de Rama. M. Ashok Singhal, secrétaire général du “Parlement mondial hindou”, qui avait très fortement encouragé la destruction de la mosquée, commente: “Le parti du Congrès ne bâtira jamais de temple à Ayodhya… Il aurait trop peur de s’aliéner les millions d’électeurs musulmans qui habitent le pays”.