Eglises d'Asie

Kontum : la presse vietnamienne découvre l’action caritative des religieuses catholiques

Publié le 18/03/2010




Il y a plusieurs années, dans un film célèbre qui avait eu quelque difficulté à échapper à la censure, “Nguoi Tu Tê” (Gens de bien), le héros, à la recherche de “gens de bien” sur tout le territoire du Vietnam, avait fini par les trouver en la personne de religieuses soignant les lépreux près de Quy Nhon. Cet engouement pour l’action caritative des religieuses catholiques est partagé par beaucoup au Vietnam. Il n’est pas rare qu’il se manifeste dans la presse officielle. Récemment, dans deux articles successifs, l’organe du syndicat officiel du Vietnam, “Lao Dông” (Le travail) (10), a relaté avec admiration le travail accompli par les religieuses auprès des enfants orphelins et abandonnés de la région de Kontum sur les Hauts plateaux du Centre Vietnam, où habitent un grand nombre de minorités ethniques différentes.

Dans un premier reportage, le journaliste, Luu Trong Van, raconte que lors d’un séjour à Kontum, il découvrit fortuitement, derrière une église en bois, un orphelinat qui ne porte même pas de nom parce qu’il n’a pas encore reçu de permission légale d’exister. Il ne subsiste que grâce au bon vouloir des autorités locales. Six religieuses y consacrent leur vie aux soins et à l’éducation de 80 enfants abandonnés ou sans parents, dans des conditions de grand dénuement. Les soeurs appartiennent à cinq ethnies différentes, Sedang, R’Ngao, Jorai, Bahnar et vietnamienne. Le manque de ressources les oblige à cultiver elles-mêmes la canne à sucre, la banane, le riz, à fabriquer de l’alcool de jarre qu’elles vendent pour faire vivre leur institution. Les enfants n’ayant pas de titres de résidence en règle ne peuvent être envoyés dans les écoles de la ville et l’orphelinat est obligé d’inviter des institutrices à venir faire la classe sur place.

Le second article (11) élargit l’enquête et situe le travail des religieuses catholiques à Kontum dans le contexte démographique de cette région montagneuse sans grandes ressources naturelles, où la pauvreté et certaines maladies endémiques rendent très difficile l’existence des populations montagnardes. La moitié des 108 860 enfants au dessous de 15 ans qui y vivent appartiennent à des minorités ethniques. Plus de 21 600 d’entre eux, bien que d’âge scolaire, ne sont pas scolarisés. Beaucoup sont orphelins ou encore handicapés. Parmi ceux-ci, quelques uns ont la chance de pouvoir survivre grâce aux aides sociales du gouvernement ou au soutien financier d’organisations étrangères. Ce sont les religieuses catholiques, d’origine vietnamienne ou montagnarde, qui spontanément se sont mises à la disposition de tous les autres.

Il existait bien, avant 1975, dans la ville de Kontum, un orphelinat fondé par le diocèse. Pendant longtemps, il a abrité et élevé des centaines d’enfants. Mais, après le changement de régime, la maison cessa complètement ses activités. A partir de 1981, ce fut d’abord des personnes âgées, handicapées, isolées qui vinrent demander l’aide des religieuses. Puis, des enfants orphelins se regroupèrent aussi auprès d’elles. C’est ainsi que dans le couvent de An Vay naquit un orphelinat qui se développa peu à peu. Le même phénomène se reproduisit un peu partout sur tout le territoire de Kontum ou d’autres communautés de religieuses ont consacré une partie de leur habitation au logement et à l’entretien d’enfants déshérités. Selon les services administratifs de la province de Kontum, près de 300 enfants ont été ainsi recueillis dans sept maisons religieuses. Le couvent de An Vay, à lui seul, abrite 98 personnes en tout. Parmi elles, on compte 23 personnes âgées isolées ou handicapées. Les autres sont des enfants dont les plus jeunes ont quelques jours et les plus âgés treize ans.

Un peu partout dans la province, en ville et dans les campagnes reculées, des communautés religieuses de différentes congrégations ont ouvert des écoles maternelles pour les enfants pauvres et leur fournissent même le repas principal de la journée. La plupart de ces écoles fonctionnent déjà depuis plusieurs années, mais aucune n’a encore reçu de permission officielle, ni des autorités provinciales, ni des services de l’éducation nationale.

En conclusion de son article, l’auteur de ce reportage remarque que le Front patriotique, lors de son dernier congrès à Hanoi, a appelé le concours de toutes les bonnes volontés vietnamiennes dans le pays et hors du pays (12), parmi lesquelles celles des catholiques. Pourquoi l’oeuvre humanitaire et désintéressée de ces religieuses n’est-elle pas encore reconnue et officialisée?