Eglises d'Asie

L’assemblée générale extraordinaire de l’Union catholique panindienne s’est tenue dans un climat de tension avec la conférence épiscopale

Publié le 18/03/2010




Le 19 octobre 1994 s’est tenue à Jabalpur (Madhya Pradesh) une assemblée générale extraordinaire de l’Union catholique panindienne (AICU: “All India Catholic Union”). L’un des buts de cette réunion était d’élire, au plan national, un président et un vice-président, ainsi que 34 vice-présidents au niveau des Etats.

Cette assemblée générale extraordinaire a eu lieu quelques jours après la réunion du comité permanent de la Conférence épiscopale indienne (CBCI). Cette dernière instance avait entre autres discuté de ses rapports avec l’AICU. Certains évêques s’étaient montrés assez inquiets à la suite de déclarations faites par des responsables de l’AICU. Par ailleurs, l’union catholique panindienne semble avoir du mal à se situer par rapport à la CBCI, qui regroupe tous les évêques catholiques de l’Inde, et aux trois conférences épiscopales basées sur les trois rites: latin, syro-malabar et syro-malankara, qui se partagent, très inégalement d’ailleurs, l’Eglise catholique en Inde. Selon le P. Arulsamy, secrétaire général-adjoint de la conférence des évêques de rite latin, l’AICU a précisément du mal à accepter la décision, prise sur la recommandation de Rome en 1987, de former ces trois conférences épiscopales. Plusieurs membres de la CBCI semblent par ailleurs soupçonner les responsables de l’AICU de chercher à créer une division entre clergé et laïcat. “Je ne suis pas prêt à rester enfermé dans ma sacristie”, dit un évêque. De son côté, l’AICU s’oppose à la présence de tout membre du clergé au sein de toute instance à coloration politique (6).

Un ancien secrétaire général adjoint de l’AICU, M. Baby Jacob, écrit dans “Indian Currents” du 17 octobre 1994: “Il ne peut y avoir deux Eglises, l’une pour les laïcs et l’autre pour le clergé”. En même temps, il dit aux évêques: “La CBCI doit ouvrir davantage de portes aux laïcs. Mais il n’est pas vrai de dire que ces derniers sont laissés de côté”.

L’AICU, dont l’existence légale remonte à 1966, se donne comme objectifs principaux de “promouvoir dans la vie publique indienne les idéaux et les principes catholiques, de promouvoir aussi l’unité et la solidarité entre les catholiques de l’Inde, de travailler par tous les moyens légaux à protéger les droits légitimes, les libertés et les intérêts de la communauté catholique en Inde, en particulier ceux qui sont garantis par la constitution”. L’Association a plusieurs résultats à son actif: en ce qui concerne par exemple la législation civile sur le mariage des chrétiens (7) et la lutte en faveur des dalits chrétiens. Elle a aussi participé à des programmes de formation. Il n’en reste pas moins, dit M. Baby Jacob, que l'”AICU a besoin d’apporter des changements fondamentaux dans son programme et dans sa manière de faire. A présent, elle crée une compartimentalisation entre le clergé et le laïcat… Cette dichotomie est à la racine même du conflit actuel… Autant que je sache, l’AICU n’a jamais fait une évaluation d’elle-même… La qualité des délibérations au cours des assemblées générales laisse à désirer. Un minimum de travail personnel est nécessaire de la part des responsables et il faut que les documents et toute la littérature en rapport avec les discussions soient distribuées avant, pendant et après les réunions”.