Eglises d'Asie

Un cardinal nommé à Hanoi: réaction sans enthousiasme des autorités civiles

Publié le 18/03/2010




Les autorités vietnamiennes ont réagi avec une apparente froideur à l’annonce de la nomination au cardinalat de Mgr Pham Dinh Tung, archevêque de Hanoi. La nouvelle ne semble pas avoir été commentée dans la presse officielle. Dans une déclaration à l’agence Vietnam-Presse, le porte-parole du ministère des affaires étrangères s’est contenté de déclarer que le Vietnam avait été informé de cette nomination par le Vatican. Il a cependant ajouté: « Il existe des accords entre le gouvernement vietnamien et le Saint-Siège sur les problèmes de l’Eglise catholique au Vietnam. Nous espérons qu’ils seront respectés »(13).

Cette remarque qui dissimule peut-être une certaine irritation, faisait allusion aux accords qui, selon les autorités vietnamiennes, auraient été conclus à l’issue des négociations menées entre le Vietnam et le Saint-Siège, lors du dernier voyage de Mgr Celli à Hanoi au début du mois de mars 1994 (14). Les communiqués publiés par Hanoi à la suite de cette rencontre ont toujours affirmé que « les deux délégations avaient convenu que le Saint-Siège informerait le gouvernement vietnamien pour toutes les questions concernant l’Eglise catholique du Vietnam et qu’il ne prendrait sa décision qu’après l’accord du gouvernement vietnamien »(15). Dans une interview accordée à Radio Vatican le 8 avril 1994, Mgr Celli avait présenté une version assez différente de ces mêmes négociations. Il affirmait même que  » c’est … à contre-coeur que le Saint-Siège soumet le nom du candidat à la considération du gouvernement vietnamien avant la nomination par le Souverain Pontife … » (16)

En cette matière, les dirigeants vietnamiens se sont à plusieurs reprises référés à l’article 19 du décret 69 HDBT (17) réglementant les activités religieuses dans leur pays. Celui-ci prévoit en particulier que « … pour le degré hiérarchique de « Hoa Thuong » chez les bouddhistes, de cardinal, archevêque ou évêque chez les catholiques et pour les degrés correspondants dans les autres religions, l’approbation du conseil des ministres est nécessaire ». Le gouvernement a donc pu penser que dans le cas de la nomination de Mgr Pham Dinh Tung, la lettre de ce décret n’avait pas été respectée même si, selon des sources romaines, l’ambassade du Vietnam en Italie a été avertie plusieurs jours avant l’annonce officielle.

Il faut noter cependant que, depuis le décès du cardinal Joseph Trinh Van Can, le 18 mai 1990, le gouvernement vietnamien a exprimé à plusieurs reprises son désir de voir l’archevêque de la capitale du pays vêtu de la pourpre cardinalice. A la veille du voyage de Mgr Celli à Hanoi en février 1993, M. Vu Quang, directeur des affaires religieuses s’était plaint que les catholiques vietnamiens n’avaient plus de cardinal depuis 1990 (18).