Eglises d'Asie

Des militants chrétiens demandent l’arrêt des départs de travailleurs philippins vers l’étranger

Publié le 18/03/2010




Emus par les abus et les injustices dont sont victimes nombre de leurs compatriotes employés à l’étranger, plusieurs militants chrétiens et un député, M. Tomas Concepcion, font pression sur le gouvernement pour que soit mis un terme à l’émigration des travailleurs philippins. Le 7 novembre 1994, M. Concepcion a demandé que pendant six mois on interdise tout départ de travailleurs vers l’étranger. De son côté, le P. Carlos Oda, responsable de l’apostolat de la mer et représentant de la conférence épiscopale dans la campagne contre le recrutement illégal des travailleurs pour l’étranger, a réclamé le même jour, au cours d’une conférence de presse, l’arrêt de ce type d’émigration.

Ce sont environ deux millions de Philippins qui se sont expatriés, tout simplement pour gagner leur vie et celle de leur famille. Ils constituent en fait une source majeure de devises pour leur pays. Mais on entend de plus en plus souvent parler des mauvais traitements dont certains font l’objet à l’étranger. C’est ainsi que le 27 mars 1994, dimanche des Rameaux, quelque 1 200 employées de maison philippines étaient arrêtées par la police de Kuala-Lumpur (Malaisie), sur la place de la cathédrale (16): on les soupçonnait d’être là illégalement et de se livrer à la prostitution. La plupart des personnes arrêtées étaient en règle et travaillaient normalement. De nouveau, le 25 octobre 1994, 300 employées de maison étaient arrêtées dans la capitale malaisienne, officiellement pour les mêmes motifs. Et comme la première fois, il s’est avéré que presque toutes se trouvaient en situation régulière. Le gouvernement philippin a protesté contre cette “attitude raciste”.

Se basant sur un rapport non officiel écrit par un diplomate en poste à Jeddah, en Arabie Saoudite, M. Concepcion, qui représente au parlement de Manille les intérêts des travailleurs émigrés, a noté que, dans ce pays, employées de maison et chauffeurs sont traités “comme des esclaves des temps modernes. Ils subissent des sévices corporels et sexuels d’une gravité inouïe”, dit le député. Il ajoute: “Arrêtons-nous et demandons-nous comment nous protégeons nos travailleurs à l’étranger. Ne nous contentons pas de réagir uniquement au moment des crises”. M. Concepcion est d’avis que le gouvernement ne devrait permettre le départ vers l’étranger que des hommes, et encore seulement de ceux qui ont reçu une formation dans un métier particulier. “Le coût social du départ de nos femmes vers l’étranger est trop élevé”, dit-il. “Gardons nos femmes à la maison”. Par ailleurs, un sénateur, M. Blas Ople, ancien ministre du Travail de Marcos, propose que sur une période de dix ans, on organise le retour aux Philippines de tous les travailleurs émigrés. Le P. Oda, aidé par des militants catholiques, essaie, de son côté, de lutter contre le recrutement illégal et aussi contre les abus dont se rendent coupables, aux Philippines, nombre d’agences de placement à l’étranger. Souvent, en effet, les candidats au départ doivent payer aux agences entre 5 000 et 15 000 FF. Les frais ne devraient pas dépasser l’équivalent de 1 000 FF. “Tant que le gouvernement encouragera les départs massifs de travailleurs vers l’étranger, dit le P. Oda, nous assisterons à ce recrutement illégal à grande échelle”.