Eglises d'Asie

La Conférence de saint Vincent de Paul pour la région Asie-Pacifique se renouvelle

Publié le 18/03/2010




48 délégués venus de 19 pays se sont retrouvés à Manille (Philippines) du 3 au 6 novembre 1994, pour le quatrième congrès de la Conférence de saint Vincent de Paul pour la région Asie-Pacifique. Le thème de la réunion était: “Vivre la Bonne Nouvelle en solidarité avec les pauvres”.

Avant l’ouverture de la réunion proprement dite, les délégués ainsi que 112 observateurs venus pour la circonstance ont été invités à visiter d’abord la fameuse “montagne fumante”, énorme dépôt d’ordures recouvrant des hectares de terrain aux abords de Manille. Des centaines de familles y vivent dans un état de misère et de saleté indescriptible, essayant d’y trouver une maigre subsistance. De là, les délégués sont allés, pour être à même de faire une comparaison, visiter le grand quartier des affaires de Makati, puis l’enclave où habitent certaines des familles les plus riches des Philippines.

Au cours de leurs discussions, les participants ont cherché à rédéfinir leur idée de la “solidarité avec les pauvres” et à redonner un sens à leur devise traditionnelle “On ne fait jamais assez pour les pauvres”. “Le défi du prochain millénaire, ont-ils dit, sera celui-ci : on ne fait jamais assez avec les pauvres. C’est là que la solidarité prend tout son sens: il faut faire confiance aux pauvres, car ils ont vraiment la capacité de s’élever au-dessus de leur condition présente, en devenant de vrais partenaires”.

Les participants à l’assemblée ont par ailleurs reconnu l’existence d’un changement d’orientation dans la société de la région Asie-Pacifique: une évolution qui est en train de se faire, non sans une véritable “lutte interne”. Il faut, ont-ils dit, se dégager d’une fausse interprétation du mot fameux de l’Evangile “Vous aurez toujours des pauvres avec vous”, qui n’incite pas à rechercher les causes de la pauvreté. “Le défi auquel nous devons faire face est de savoir comment faire preuve de créativité dans notre engagement personnel au sein d’une lutte à la fois pour une libération dans la pauvreté et une libération de la pauvreté”.

En conclusion, les participants ont décidé d’élargir leurs perspectives en allant au-delà des besoins des pauvres pour remonter aux causes de la pauvreté et de l’injustice. Pour cela, il a été décidé de donner aux membres des conférences une meilleure formation, de promouvoir l’égalité en matière d’éducation, de mettre à la disposition de ceux qui en ont besoin les services de conseillers psychologiques, d’intégrer l’éducation dans des programmes d’aide sociale, de faire en sorte que ces programmes soient mis sur pied après une étude sérieuse de la culture et du mode de vie des gens, etc. Le congrès a aussi décidé d’établir ses propres commissions “Justice et paix”, aux niveaux national et international. Ces commissions coopéreront avec les commissions diocésaines ou celles établies par les conférences épiscopales.

Les femmes présentes à la réunion ont demandé d’être mieux représentées au sein des conseils aux différents niveaux. “Les hommes ont de tout temps été les maîtres de l’argent, pendant que les femmes devaient faire tout le travail”, dit Mme Luisa Kaitapur, président nationale de la Conférence de saint Vincent de Paul à Tonga.