Eglises d'Asie

Sumatra : des écoles catholiques refusent de déclarer l’effectif de leurs élèves d’origine chinoise

Publié le 18/03/2010




En septembre 1994, le gouvernement de la province de Jambi a ordonné à toutes les écoles de la province de déclarer le nombre de leurs élèves chinois, afin de vérifier qu’aucune école n’accueille plus de quarante pour cent d’élèves d’origine chinoise.

Comme la plupart des habitants d’origine chinoise de Sumatra sont chrétiens, les autorités scolaires catholiques ont vu dans cet ordre une nouvelle tentative pour miner la popularité des établissements catholiques dans cette région en majorité musulmane. En juin dernier, le chef du bureau de l’enseignement et de la culture de la province avait déjà enjoint aux élèves musulmans de quitter les écoles catholiques pour les établissements publics, au motif que ces écoles ne dispensent pas de cours de religion islamique.

Les musulmans qui ont des enfants dans les écoles catholiques n’ont pas obéi, constate Agustinus Suparman, directeur d’une école primaire catholique à Jambi. “En ce milieu de l’année scolaire 1994-1995, les élèves musulmans sont toujours dans nos écoles”. Au témoignage de Suparman, les écoles catholiques de la région ne déclarent pas l’origine ethnique de leurs élèves, mais seulement, selon le conseil de la commission diocésaine de l’enseignement catholique de Palambang, leurs nationalités. Près de cent pour cent des élèves de l’école dirigée par Suparman sont de nationalité indonésienne : elle compte six étrangers parmi ses 965 élèves. Le directeur estime que l’ordre du gouvernement provincial de déclarer le nombre des élèves chinois est en rapport avec l’échec de sa tentative de retrait des élèves musulmans.

Président de la commission de l’enseignement catholique du diocèse de Palembang, Yustinus Samudra Nugraha déplore l’ordre donné par le gouvernement provincial comme un recul par rapport à l’objectif national d’assimiler les Indonésiens de tous les groupes ethniques, y compris les Chinois, pour renforcer l’unité de la nation.

Agustinus Bambang Sumiarso, directeur de l’école catholique Sainte-Thérèse à Jambi, prend les choses avec le sourire : “De plus en plus d’élèves musulmans veulent s’inscrire dans nos écoles. La politique scolaire du gouvernement provincial est une double bénédiction: elle augmente la sympathie des musulmans pour les écoles catholiques et rend les catholiques plus unis. Ici, les paroissiens ressentent la politique scolaire officielle comme un défi à l’existence des catholiques dans la province. Maintenant l’église est plus que jamais pleine le dimanche”.