Eglises d'Asie

Une délégation de la commission des droits de l’homme enquête dans le pays

Publié le 18/03/2010




La commission des droits de l’homme de l’ONU a envoyé au Vietnam une mission d’enquête formée d’un certain nombre de membres du “groupe de travail sur la détention arbitraire”. Selon certaines sources indépendantes, durant son voyage au Vietnam, du 24 octobre au 2 novembre 1994, la délégation dirigée par M. Louis Joignet a visité cinq prisons et camps de rééducation. La localisation précise des établissements visités n’a pas été révélée.

Cependant, des informations supplémentaires ont été apportées grâce à des rapports rédigés par des prisonniers politiques du camp A. 20 de Phu Yên, visité par cette délégation, le 28 octobre (23). Ceux-ci nous renseignent en particulier sur les circonstances dans lesquelles s’est déroulée la visite du camp par la délégation et sur les graves événements qui ont suivi. La veille de l’arrivée de la mission d’enquête, un certain nombre de prisonniers politiques avaient été transportés dans un autre camp. Le jour-même, plusieurs heures avant la visite, la plupart des pensionnaires ont été écartés de leurs baraquements sous prétexte de menace d’inondation et enfermés dans un certain nombre de lieux isolés (24). A son arrivée au camp A.20, à 18 heures, la délégation n’a pu rencontrer que quatre prisonniers modèles qui ont répondu avec civilité et orthodoxie aux questions des enquêteurs.

Ce n’est qu’après leur retour au camp, dans la nuit, que les prisonniers prirent connaissance de la visite de la délégation et des raisons véritables de leur mise à l’écart momentanée. Dès le lendemain matin, des manifestations spontanées ont éclaté dans le camp; des slogans réclamant le respect des droits de l’homme ont été scandés. Le soir du même jour, un prisonnier, Pham Van Thanh (25), déclarait entamer une grève de la faim illimitée. Le lendemain matin, deux autres prisonniers suivaient son exemple. Dix autres prisonniers ont participé ensuite à cette grève pendant quelques jours. Malgré la répression exercée par les gardiens, la mise au cachot et aux fers de Pham Van Thanh et d’autres meneurs, grèves et manifestations ont duré toute la semaine et n’ont pris fin que sous la contrainte policière. Le 6 novembre, dix prisonniers parmi lesquels Pham Van Thanh étaient amenés pour une destination jusqu’ici inconnue.

De la même source, on apprend que, le 30 octobre 1994, à Hô Chi Minh Ville, un groupe de représentants du bouddhisme unifié a pu rencontrer la délégation et lui exposer la situation des droits de l’homme au Vietnam, les persécutions dont souffre leur Eglise et ses principales revendications. Des lettres des vénérables Thich Huyên Quang et Thich Quang Dô ont été remises à M. Louis Joignet. Elles revendiquent pour l’Eglise bouddhiste unifiée la légitimité qui était la sienne avant 1975.

C’est aussi de ce même thème que traite une lettre ouverte envoyée aux gouvernements et aux organisations internationales participant à la réunion du groupe consultatif sur le Vietnam sous l’égide de la banque mondiale les 15 et 16 novembre 1994. Elle a été rédigée par une délégation du bouddhisme unifié en visite en Europe (26).

Cependant le gouvernement vietnamien ne semble pas être prêt à faire droit aux revendications du bouddhisme unifié. Un communiqué du Front patriotique publié le 12 novembre 1994 par Saigon Giai Phong, le quotidien de Hô Chi Minh-Ville, affirme même qu’il n’existe qu’une Eglise bouddhiste reconnue par l’Etat, l’Eglise bouddhique du Vietnam, fondée en 1981 à Hanoi. En dehors d’elle, poursuit le communiqué, il n’existe que “des individus qui sèment le trouble, violent la législation de l’Etat vietnamien et s’opposent à la charte de l’Eglise bouddhiste du Vietnam”