… ont participé généreusement à la mission générale de l’Eglise et envoyé des missionnaires en Asie depuis plus de trois siècles. Leur longue expérience a été et est toujours un apport précieux à la connaissance des Asiatiques.
Au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, événements politiques et progrès technologiques ont profondément modifié ces relations Est-Ouest. Décolonisation, migrations dues aux conflits idéologiques et aux échecs économiques, croissance démographique, accélérée grâce à une meilleure hygiène, bond en avant des transports et des techniques de communication, croissance rapide des échanges commerciaux et culturels, autant de facteurs qui nous ont rapproché sensiblement des Asiatiques. Ils nous sont devenus proches non pas tant parce qu’il nous est plus facile d’aller chez eux mais surtout parce que nombre d’entre eux sont venus chez nous, s’y sont installés et continuent de s’y installer. D’autres font en France des séjours plus ou moins longs pour études, pour servir leurs entreprises économiques ou simplement en touristes, ce que les Français eux-mêmes font d’ailleurs dans les divers pays d’Asie.
Que leur séjour en France soit permanent ou temporaire, les Asiatiques sont aujourd’hui parmi nous et la plupart des Français ont l’occasion d’en rencontrer. En tant qu’étrangers, ils nous interpellent. Nos réactions à cette présence de l’autre peuvent répondre à deux préoccupations opposées : d’une part le souhaiter le plus possible comme nous, c’est-à-dire vouloir son intégration totale; d’autre part le laisser être lui-même et lui faire une place dans notre propre univers. D’un point de vue chrétien, nous pensons que les relations inter-personnelles doivent se faire dans le respect mutuel et que l’accueil de l’autre enrichit la personne. La présence étrangère en France peut être ainsi source de conversion et de progrès spirituel pour soi comme pour l’autre. Le but de ce dossier est de dégager comment les choses se passent avec les Asiatiques.
1.Qui sont les Asiatiques en France?
L’Asie est un vaste continent peuplé de races très diverses. Il n’est question dans ce dossier que d’une dizaine de groupes ethniques provenant d’Asie orientale (Chinois, Japonais, Coréens), du Sud-Est asiatique (Vietnamiens, Cambodgiens, Laotiens, Thaïlandais et Philippins) et de l’Asie du Sud (Tamouls qui peuvent être Indiens ou Sri Lankais). Comme dans ce dernier groupe des Tamouls, l’origine ethnique ne peut être confondue avec la nationalité. C’est vrai tout spécialement des Chinois qui peuvent venir non seulement de Chine, de Taïwan et de Hongkong, mais aussi de tous les pays d’Asie du Sud-Est où ils ont déjà émigré depuis des décennies. Les groupes mentionnés ici n’épuisent pas la totalité des Asiatiques en France. Il faudrait aussi parler des Tibétains qui ont fondé leur lamaserie dans les Alpes ou des Indonésiens qui viennent d’un pays de 200 millions d’habitants aussi étendu que l’Europe. Seuls ont été retenus les groupes suffisamment importants et implantés en France pour qu’on puisse les qualifier de “communauté” d’origine asiatique.
Combien sont-ils?
Il est pratiquement impossible de savoir exactement combien il y a d’Asiatiques en France. La raison en est qu’un grand nombre de personnes venues d’Asie ont été naturalisées françaises. Ces gens sont citoyens français et leur origine ethnique n’est pas mentionnée sur leurs papiers officiels. C’est le cas en particulier pour 90% des Tamouls venus des anciens comptoirs français de l’Inde et d’un grand nombre de Vietnamiens “rapatriés” et “naturalisés” dans les années 1954-1956.
D’un autre côté les plus fortes migrations d’Asiatiques en France se sont produites au cours des vingt dernières années. Des enquêtes plus précises ont été faites au cours de cette période. On peut ainsi calculer le chiffre des arrivées “officielles” des réfugiés du Sud-Est asiatique de 1975 à 1992 : 130 837 accueillis à l’aéroport de la Croix-Rouge dont 129 153 passés en centre de transit; de ces derniers : 45 495 Vietnamiens, 47 356 Cambodgiens, 36 658 Laotiens, 644 “autres”. Il faut y ajouter un certain nombre d’arrivées hors-quota dont les estimations minimales (par comparaison avec les chiffres de demandes déposées à l’OFPRA) sont environ 5 000 Vietnamiens, 10 000 Cambodgiens, 5 000 Laotiens. La France a donc accueilli en 18 ans quelque 150 000 personnes du Sud-Est asiatique, en gros 50 000 Vietnamiens, 60 000 Cambodgiens, 40 000 Laotiens. Ces réfugiés peuvent être d’origine chinoise dans une proportion relativement élevée: 20% des Vietnamiens, 50 à 60% des Cambodgiens, 20% des Laotiens (1). Environ 50 000 immigrants d’origine chinoise seraient ainsi entrées en France comme nationaux des pays de l’ancienne Indochine.
Un recensement de la population réalisé en 1990 fait état des personnes d’origine étrangère ayant acquis la nationalité française. Sur 53 050 000 Français, on compte alors un nombre global de 3 580 000 étrangers. Répartis par aires géographiques d’origine, ceux-ci sont 1 312 (36,5%) de la CEE, 1 633 d’Afrique (45,4%) en grande majorité du Maghreb, et 652 mille (18,1%) du reste du monde (2).
Ces 652 000 “du reste du monde” sont probablement plus de 700.000 en 1994. Ce chiffre inclue les Asiatiques. Quant au nombre de ces Asiatiques on ne peut qu’en imaginer un ordre de grandeur allant de 500 à 600 000. Leur répartition suivant les pays d’origine fait l’objet d’estimations subjectives de la part de personnes familières de chaque communauté. Voici les quelques chiffres suggérés: de Chine 150 000, du Vietnam 250 000, du Laos 50 000 dont 15 000 Hmong et autres minorités; du Cambodge 60 000; de l’Inde 30.000, de Sri Lanka 45 000; des Philippines, 22 000, du Japon 20 000, de Corée 15 000, de Thaïlande 2 000. Comme indiqué plus haut, 50 000 nationaux d’Asie du Sud-Est seraient en fait d’origine chinoise, ce qui porterait le nombre des Chinois à 200 000. Ces chiffres n’ont aucune valeur statistique et permettent seulement d’évaluer l’importance relative de chaque communauté.
Les Asiatiques sont donc très minoritaires par rapport aux autres étrangers et par rapport à l’ensemble des Français.
Malgré leur petit nombre, ils n’en retiennent pas moins l’attention et des pouvoirs publics et de l’Eglise. Ils se caractérisent par un mode de migration particulièrement insaisissable et comptent un grand nombre de clandestins. Ils se trouvent souvent dans des conditions de vie extrêmement précaires. D’un autre côté, ils peuvent être porteurs de richesses morales et culturelles peu connues de notre monde occidental. Les autorités civiles sont soucieuses de limiter leur afflux et de bien intégrer ceux qui restent en France. Ces préoccupations sont d’abord d’ordre économique et social. L’Eglise a pour principe d’accueillir le migrant avec respect et charité car elle voit en lui un “membre de la famille humaine, citoyen de cette communauté universelle où tous les hommes sont rassemblés par des liens communs3). Tout en souhaitant l’intégration des étrangers pour leur propre bien, l’Eglise leur reconnaît aussi le droit de conserver leur patrimoine culturel au même titre que les minorités nationales. La Constitution Gaudium et Spes précise à ce propos le rôle des autorités civiles:
“Quant aux pouvoirs publics, il leur revient non pas de déterminer le caractère propre des formes de culture, mais d’établir les conditions et de prendre les moyens susceptibles de favoriser la vie culturelle au bénéfice de tous, sans oublier les éléments minoritaires présents dans une nation” (4).
Depuis quand?
Comparée aux autres migrations d’étrangers en France, l’arrivée des Asiatiques est relativement récente. On put sans doute voir quelques Chinois en France aux XVIIème et XVIIIème siècles. C’était des disciples de missionnaires envoyés en Europe pour une formation plus approfondie. Leur séjour fut éphémère. En 1911, il n’y a en France que 283 Chinois. C’est à l’occasion de la première guerre mondiale que se produit la première arrivée importante de Chinois et de Vietnamiens. La Grande-Bretagne et la France font venir en Europe 140 000 Chinois pour travailler dans les usines alors que les citoyens locaux sont sur le front. La France pour sa part accueille 38 000 Chinois. 3 000 d’entre eux resteront en France après l’armistice. De 1919 à 1921, ils sont rejoints par une nouvelle vague chinoise d’étudiants-ouvriers. Inspirés par Cai Yuanpei, recteur de l’Université de Pékin, ils viennent s’initier à la science et à la culture occidentales. Certains appartiennent à un groupe d’avant garde lancé par Mao Zedong et Cai Hesen. Soucieux de transformer la Chine, ils s’initient en France aux écrits marxistes-léninistes et fréquentent les communistes français. Il en est ainsi de Zhou Enlai, Chen Yi, Nie Rongzhen, Deng Xiaoping etc. qui deviendront les dirigeants de la Chine nouvelle. D’autres étudiants sont amis des missionnaires et bénéficient de leur appui.Ils attirent à eux ceux qui sont gênés par les exigences radicales des milieux communistes et souhaitent une atmosphère plus libérale. Mgr de Guébriant et le père Vincent Lebbe s’efforcent de les réunir en une association qui deviendra bientôt le Foyer des étudiants d’Extrême-Orient.
Entre les deux guerres, quelques milliers de Chinois rejoignent le premier noyau d’ouvriers restés en France. Ce sont des “migrants économiques” originaires de la province du Zhejiang au sud de Shanghai. Ils viennent surtout des districts de Wenzhou et de Qingtian où la croissance démographique rapide s’accompagne de pénurie alimentaire.
Depuis la dernière guerre, un flot migratoire beaucoup plus important fait suite aux événements politiques en Asie du Sud Est. Après l’armistice signé à Genève en 1954, la France rapatrie non seulement ses ressortissants mais aussi les Chinois et Vietnamiens de nationalité française. La naturalisation imposée ensuite par Ngo Dinh Diem est rejetée par nombre de familles chinoises qui gagnent la France. Elles sont également poussées à partir sous la menace des bombardements américains et le manque de sécurité. A partir de 1975, ce sont tous les peuples de l’ancienne Indochine qui fuient l’oppression politique et la misère. Les “boat people” et autres réfugiés sont d’abord accueillis dans des camps puis acheminés vers les pays d’accueil.
Vietnamiens, Laotiens, Cambodgiens dont beaucoup sont d’origine chinoise sont recueillis en France en fonction de divers critères dont les plus importants sont la réunion de la famille et la connaissance de la langue. La France est au troisième rang des pays qui accueillent le plus de réfugiés d’Indochine. Sur demande du président de la République, une enquête sur les réfugiés est alors confiée à M. Georges Condominas. Le rapport est publié par la Documentation française en 1982 sous le titre Les réfugiés originaires de l’Asie du Sud-Est. On y trouve les statistiques suivantes établies par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies: en date du 31 décembre 1980, 322 741 réfugiés ont reçu l’hospitalité des Etats-Unis, 70 448 du Canada, 69 765 de la France et 45 617 de l’Australie.
Depuis 1980, le flot des migrants d’Indochine a été grossi d’autres réfugiés fuyant les régions instables de l’Asie du Sud-Est et du Sud. C’est le cas des Philippins et des Tamouls du Sri Lanka, ces derniers comptant aujourd’hui parmi les plus déshérités des réfugiés.
Les Asiatiques faisant en France des séjours de durée limitée pour études, affaires ou tourisme sont de plus en plus nombreux. On trouve surtout parmi eux des Japonais, des Coréens, des Chinois, des Vietnamiens.
Où sont-ils implantés?
On peut noter d’emblée qu’au moins la moitié des Asiatiques sont implantés dans la région parisienne. Il en va de même pour ceux qui font des séjours temporaires en France. Autre remarque d’ordre général: certains comme les Chinois tendent à se grouper entre eux, d’autres comme les Vietnamiens sont plus dispersés.
Quelques précisions peuvent être apportées pour chaque groupe ethnique. Des études assez précises ont été faites sur la localisation des Chinois. Dans son Guide de la communauté chinoise en France publié en 1992, M. Ng Yok-Soon propose une brève histoire des quartiers chinois de la région parisienne: les premiers Chinois habitaient près de la gare de Lyon. Ils se sont ensuite déplacés vers le marais. Les gens du Zhejiang se sont ainsi retrouvés rue Au-Maire, rue des Gravillers et rue du Temple. Ceux qui viennent du Vietnam vers 1960 tendent à se concentrer dans les 5ème et 6ème arrondissements. Rue Monsieur Le prince est alors le centre des épiceries chinoises. Lors du grand exode après 1975, la plupart des Chinois s’installent dans le XIIIème arrondissement au long du triangle avenue de Choisy – avenue d’Ivry et boulevard Masséna. Les prix des immeubles ayant monté dans ce quartier qu’ils rendent prospère, les nouveaux venus et les plus pauvres vont s’installer dans le quartier de Belleville où ils tiennent aujourd’hui plus de deux cents magasins de tout commerce. Plus récemment, c’est en Seine-et-Marne que les Chinois tendent à choisir leur lieu d’habitation. Ils sont nombreux dans les nouvelles villes de Lognes, Noisy le grand, Torcy.
En province, les Chinois sont présents dans la plupart des villes ne serait-ce que par leurs restaurants. Les villes suivantes ont plus de 20 restaurants chinois: Aix-en-Provence, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Strasbourg, Toulon, Toulouse, Tours. Ces villes sont souvent des villes universitaires où les étudiants chinois sont nombreux.
C’est également dans ces villes universitaires ainsi qu’à Rennes et Besançon qu’on rencontre les Japonais. A Paris, où ils seraient environ 17 000 sur les 20 000 de France, les Japonais tendent à résider surtout dans le quartier de Neuilly. Les Thaïlandais vivent généralement dans les quartiers chinois de la région parisienne avec une plus grande concentration de clandestins sur Créteil.
Il est plus difficile de localiser les autres communautés asiatiques. Les Vietnamiens vivent à 80% dans la région parisienne où ils sont très dispersés. Une majorité de Cambodgiens d’origine khmère se sont établis dans la région parisienne, mais chaque ville de France à vocation industrielle en héberge une importante colonie.Les Laotiens quant à eux sont pour 1/3 en Ile de France. Ils sont aussi dans les grandes villes comme Toulouse, Lyon, Marseille, Rennes, Strasbourg, Nancy, Lille et dans le Sud-est comme à Grenoble et Laroche sur Foron. 1 500 Hmongs se sont installés en Guyane. Les Tamouls de l’Inde sont très dispersés. On les trouve dans la banlieue de Paris à Sarcelles, Grigny, Cergy, et dans les grandes villes de Bordeaux, Lyon, Marseille, Lille, Vannes. Les Srilankais de la banlieue de Paris sont de préférence à Garges-les-Gonesse, Chelles, Mantes-la-jolie, Clichy-sous-bois. En province, ils sont nombreux à Strasbourg et Mulhouse. Les Philippins enfin sont plus groupés sur Paris et sur la Côte d’Azur.
2.Comment s’intègrent-ils à la vie des Français?
Les étrangers qui s’installent en France de façon durable sont appelés à partager les droits et les devoirs des citoyens français. Leur insertion économique et sociale est indispensable s’ils veulent faire vivre leur famille. Outre le logement, il leur faut trouver du travail, une école pour les enfants et bénéficier de la sécurité sociale tout en assurant leurs charges fiscales. Tout ceci suppose une situation administrative régulière .
La régularisation du séjour.
La naturalisation des immigrés n’a pas posé de problème majeur jusque vers 1975. L’essor économique d’après guerre que J. Fourastié a pu qualifier de “Trente glorieuses” favorisait l’absorption de travailleurs immigrés. Les difficultés se sont accumulées ensuite avec l’arrivée massive de réfugiés et la crise économique en France. Plus récemment, la montée des intégrismes musulmans et des cas de criminalité tendaient à dresser l’opinion publique contre l’afflux incontrôlé des étrangers. D’un autre côté, le cas particulier des réfugiés asiatiques était considéré plus favorablement pour des raisons humanitaires. Les Français se sentaient aussi quelque peu responsables vis à vis des populations de l’ancienne Indochine où des liens étroits avaient été créés pendant l’ère coloniale. La France s’est donc associée à l’effort international d’accueil aux demandeurs d’asile. Divers organismes de défense des droits de l’homme ont fait tout leur possible pour aider les personnes en détresse.
Les ministères concernés par l’accueil des réfugiés sont principalement:
– les Affaires Etrangères (visa d’entrée). L’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides), organisme sous tutelle des Affaires Etrangères est chargé de reconnaître ou non la qualité de réfugié (statut); en cas de rejet, un appel est possible près de la Commission des recours, sous tutelle du Conseil d’Etat.
– l’Intérieur, et en conséquence les Préfectures qui accordent les titres de séjour: autorisation provisoire de séjour (A.P.S.), récépissé de demande de carte de séjour (R.C.S.), puis carte de séjour soit temporaire (1 an), soit de résident (10 ans);
– les Affaires sociales pour les aides officielles.
Notons que le Service Social des mairies de Paris apporte à l’occasion son aide aux réfugiés.
Les organismes privés encouragés par le gouvernement à organiser l’accueil et l’insertion sont surtout les suivants:
– France Terre d’Asile,
– CIMADE (secours protestant),
– Secours catholique,
– Service social d’aide aux émigrants (S.S.A.E.),
– Croix Rouge Française,
– Secours Populaire
De nombreuses associations privées, laïques ou religieuses, contribuent, selon leurs moyens et selon leurs choix, à l’accueil de réfugiés en général ou de certaines catégories de réfugiés, tout en ayant parfois, par ailleurs, des activités plus larges (étudiants, travailleurs immigrés…) comme, par exemple, le Centre France-Asie et certaines paroisses qui offrent une aide sociale.
Une coordination des activités des organismes et associations privées a été assurée, pour les réfugiés de l’ancienne Indochine, par le “Comité National d’Entraide” formé par le gouvernement, de septembre 1975 à fin décembre 1992.
En ce qui concerne les demandeurs d’asile, 15 467 étrangers ont obtenu le statut de réfugiés politiques en 1991. Ils étaient 13 486 en 1990 et en moyenne 8 700 chacune des trois années antérieures. Cette augmentation est due à une intervention plus efficace de l’OFPRA. Les 3/4 des réfugiés arrivés en 1991 étaient originaires d’Asie avec une baisse chez les ressortissants d’Asie du Sud-Est mais une hausse chez ceux de Sri Lanka (5). L’OFPRA fournit le statut de réfugié politique en fonction des dispositions établies par L’ONU à la Convention de Genève: est déclaré réfugié celui qui “craignant avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité ou de son appartenance à un groupe social, ou de son opinion politique, se trouve hors du pays dont il a la nationalité ou ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays6).
Les clandestins sont les étrangers qui restent en France de manière illégale: ceux qui sont entrés avec de faux papiers, ceux dont la carte de séjour est périmée et les demandeurs d’asile “déboutés”. Les clandestins asiatiques se chiffrent par dizaines de milliers. Ils survivent en travaillant au noir souvent cruellement exploités par des sous-traitants de leur propre ethnie. Ils sont quelquefois victimes de véritables rackets organisés dans leur pays d’origine. Dans la province du Zhejiang, des exploiteurs sans scrupules font miroiter les avantages de la vie en France et font payer cher une filière clandestine. Leurs compatriotes qui se laissent prendre doivent fournir un labeur d’esclave pendant des années pour rembourser leur dette. Les mêmes pratiques sont fréquentes dans la province du Fujian d’où les cargaisons de migrants illégaux sont acheminées vers l’Amérique ou le Japon.
Le nombre des clandestins tend à augmenter ces dernières années à la suite d’une réglementation plus sévère de l’immigration. Les demandeurs d’asile “déboutés” devraient théoriquement être expulsés. Mais “la réalité est toute autre” comme l’explique Michel Aurillac en mars 1993:
“La France, qui sait mieux que bien des pays d’Europe, quelle est la situation réelle dans certains pays et notamment en Extrême-Orient, n’expulse pas, mais ne régularise pas non plus. Ce sont des “clandestins reconnus” ou “tolérés” qui restent ainsi sur le territoire français, sans pouvoir survivre autrement que par du travail au noir mais, le temps passant, avec une famille, des enfants à charge. L’Etat français ne veut pas trancher entre l’odieux de l’expulsion et le supposé laxisme de la régularisation, il préfère le non-droit” (7).
Le travail qu’ils savent faire
Les clandestins qui fabriquent des vêtements dans des sous-sols insalubres pour un salaire de misère sont exposés à des descentes de police qui les forcent à trouver un autre gagne pain. Ils ne bénéficient d’aucune assurance ou sécurité.
La plupart des Asiatiques ont pourtant pu surmonter les difficultés de leurs premières années en France. Leurs activités professionnelles contribuent grandement à les insérer dans la société française suivant des orientations qui mettent en oeuvre les qualités propres à leur culture.
Les premiers Chinois implantés en France comme ouvriers spécialisés ou travailleurs de peine ont su améliorer rapidement leur statut. A l’occasion de la foire internationale de 1937 à Paris, ils ont pu s’initier au commerce du cuir grâce à un compatriote originaire de Qingtian au Zhejiang. Leurs entreprises de maroquinerie ont vite été florissantes en France et en Italie. Les Chinois qui se sont installés plus tard dans le Vème et VIème puis dans le XIIIème arrondissement ont ouvert de nombreux restaurants et épiceries puis des supermarchés, des commerces de bijoux, de vidéo-cassettes, des salons de coiffure, des agences de voyage, etc.
Les Vietnamiens se sont également lancé dans la restauration où ils bénéficient de la cote générale des restaurants chinois. Ils ont trouvé des emplois dans l’informatique, l’électronique, la mécanique. Depuis 1988, de nombreux boursiers du gouvernement français viennent poursuivre des études de médecine et de sciences diverses.
Les Laotiens sont généralement des manuels. Ils peuvent être chauffeurs de taxi ou travailler dans les garages, la restoration, le tourisme. Certains sont jardiniers, gardiens de nuit, infirmiers, infimières, filles de salle, femmes de ménage, cuisinières, standardistes.Les Hmong font dans le jardinage, le petit élevage. Les jeunes font parfois de bonnes études de droit, de lettres.
Les Japonais ne s’installent pas en France. Ils y travaillent à titre temporaire dans des implantations industrielles et commerciales. Ils ou elles peuvent être aussi artistes peintres, musiciens, sculpteurs. Jeunes gens et jeunes filles sont encore étudiants en lettres, en philosophie ou chercheurs scientifiques.
Les Tamouls de l’Inde, généralement citoyens français peuvent être militaires ou dans la fonction publique. On en trouve dans toutes les professions. Les Tamouls de Sri Lanka par contre sont employés dans la restauration ou les services de nettoyage et autres tâches manuelles.De même les Philippins arrivés récemment sont à 97% des travailleurs manuels.
Compte tenu des qualités particulières à chaque race, on peut tenter quelques constatations sur le travail des Asiatiques en notant qu’il se caractérise par sa mobilité verticale:
ceux qui s’implantent en France commencent par des tâches ingrates et très modestes. Leur ardeur au travail et à l’étude leur permet d’acquérir en quelques années une situation plus aisée.Leurs enfants peuvent obtenir des diplômes universitaires qui leur donnent accès aux professions. Ceux qui font des séjours temporaires peuvent être soit des étudiants à la recherche de qualifications supérieures qui sont en demande dans leur pays, soit des industriels et hommes d’affaire qui contribuent à développer les relations économiques entre leur pays et la France.
Mention particulière devrait être faite du personnel religieux venu d’Asie soit pour un service permanent en France, soit un ministère de plusieurs années, soit enfin pour quelques années d’étude. Ils peuvent obtenir une carte de résident en tant que missionnaires pour un service pastoral ou bien une carte d’étudiants qu’ils doivent renouveler chaque année. Des prêtres chinois, coréens, vietnamiens assurent un ministère régulier auprès de paroisses ou de communautés. Des congrégations de religieuses bénéficient de nombreuses vocations dans les pays d’Asie. Soeurs indiennes, vietnamiennes et autres tendent à prendre la relève dans certaines communautés dépourvues de jeunes françaises. Leur apport à la vie de l’Eglise en France doit être pris en considération. Leur aide est particulièrement précieuse auprès des communautés asiatiques implantées en France.
Une cinquantaine de jeunes prêtres et religieuses d’Asie poursuivent des études supérieures en théologie et sciences religieuses à l’Institut Catholique, au Centre Sèvres et dans d’autres universités catholiques de France. Il y en a du Vietnam, de Corée, de Birmanie,de l’Inde, du Japon, d’Indonésie…Quatre séminaristes de Chine ont été envoyés à Paris par les évêques de Shanghaï et de Wuhan en février 1994. Comment ces apprentis théologiens s’adaptent-ils au système universitaire français? Les professeurs tiennent-ils compte de leur mentalité particulière, de leurs préoccupations intellectuelles et de leurs traditions culturelles? Qu’apprennent-ils de la vie catholique en France? Autant de questions qui seraient à examiner avec les intéressés et avec les professeurs chargés de leur formation.
Leur vie familiale
La réunion familiale a souvent permis l’obtention d’un permis de séjour permanent en France. La scolarisation des enfants est sans doute le facteur décisif d’intégration à la société française. D’une manière générale, les Asiatiques accordent une grande importance aux valeurs de la famille. Ils aiment les enfants et s’efforcent de leur procurer la meilleure éducation possible. Cette éducation, ils la voient d’abord dans les études et les succès scolaires. Ceci explique pourquoi les élèves asiatiques sont particulièrement studieux. Mais ceci laisse également penser que leur formation humaine, morale et culturelle est exposée à divers dangers. Les parents ont tendance à croire que cette formation humaine va de soi, en tant que naturellement transmise par la famille traditionnelle. Mais les enfants asiatiques se mettent vite au diapason de leurs camarades français. Ils en apprennent des façons de faire et de parler qui peuvent être diamétralement opposées à leurs meilleures traditions familiales.
Voici entre autres quelques remarques concernant les enfants de famille laotienne:
“en moyenne, 3 ou 4 enfants; à l’école ou au lycée, en général les relations sont bonnes soit avec les instituteurs et les professeurs soit avec les autres élèves; quelques cas d’enfants qui ne s’expriment pas, d’où recours à des éducateurs spécialisés. On signale des échecs scolaires chez les Hmong et dans les milieux défavorisés. Les jeunes parlent français, entre eux et en famille, d’où conflit avec les parents:”on ne se comprend plus”. Ceux qui ont entre 15 et 20 ans ne lisent ni n’écrivent leur langue.Ils en connaissent les mots usuels de plus en plus inadéquats pour exprimer la culture française. Leur avenir n’est pas au Laos. En cas de possibilité de retour au pays, une minorité repartirait” (8).
3.Leur conscience culturelle
Si la scolarisation des enfants provoque leur insertion rapide dans la vie française, il n’en va pas de même des parents qui restent souvent très attachés à leur culture traditionnelle. Les Chinois et les peuples du “monde sinisé” c’est-à-dire marqués par un héritage culturel d’origine chinoise (Vietnam, Corée, Japon) sont profondément conscients de la supériorité de leurs traditions morales et culturelles. Ces valeurs sont inscrites dans la langue. Pour que les jeunes soient fidèles à leurs ancêtres, il est essentiel qu’ils connaissent au moins quelques éléments de leur langue. La connaissance et le respect de leur culture est peut-être également nécessaire à leur équilibre psychologique. Ils doivent pouvoir être fiers de leur héritage asiatique dans leurs relations avec les jeunes français.
Outre la langue, la tradition familiale s’exprime aussi dans la pratique religieuse héritée des parents et grands parents, qu’elle soit bouddhiste, hindouiste ou chrétienne. Dans le cas relativement minoritaire des Chrétiens, les jeunes qui grandissent en France peuvent sans doute s’associer facilement à la vie des communautés catholiques françaises. Leurs parents par contre ont encore souvent besoin de réunions de prière et de célébrations dans leur langue d’origine.
Les richesses culturelles que les Asiatiques portent en eux s’expriment dans des fêtes annuelles et des célébrations familiales sous forme de chants, de danses,de plats spécialement cuisinés, de costumes chatoyants, de calligraphies d’inspiration poétique,etc. Les Français à l’affût de folklore et de dépaysement savent souvent mettre ces richesses à contribution. Encore faut-il que les communautés asiatiques disposent de l’espace et des temps nécessaires pour vivre ces occasions entre elles, même en l’absence de spectateurs.
Les associations
Les diverses communautés savent en fait se réunir en des associations et clubs multiples. Les ambassades des divers pays d’origine ont d’ailleurs des services culturels qui encouragent ces activités. Les Français admirateurs des cultures d’Asie ont également créé des services de rencontre interculturelle.
Dans son Guide de la communauté chinoise en France, Ng yok-Soon fournit les noms et adresses d’une cinquantaine d’associations chinoises en France. Comme dans les autres pays du monde où ils sont implantés, les Chinois s’organisent d’abord par groupes dialectaux suivant leur région d’origine en Chine: Amicale des Teochew, Association amicale des Cantonnais, Association amicale des Foukiens, Association amicale des Shanghaïens, Association de la communauté de Haïnan,… Ils forment aussi des associations par centres d’intérêt et types d’activités: Association des écrivains chinois, Association des commerçants et industriels chinois en France, Association des Xiangqi (joueurs d’échecs),Association Kung-fu chinois, Association Paris-Asie tennis de table, Association des arts martiaux, Chambre commerciale Franco-Chinoise. L’Union des étudiants chinois en France est créée par la République Populaire de Chine. Taïwan a son Centre culturel chinois et son Association pour la Promotion des Echanges Commerciaux et Touristiques avec Taïwan (ASPECT).
Les organismes franco-chinois ont l’intérêt d’enrichir la prise de conscience culturelle dans l’expérience de la rencontre et du dialogue. Défunte à la suite des événements de Tiananmen, l’Association des Amitiés franco-chinoises a cédé la place à Asie Formation Culture (A.F.C.) 5 avenue du Maine et à la Maison de la Chine,36 rue des Bourdonnais.
De nombreuses associations culturelles existent dans les autres communautés asiatiques.Les Laotiens animent des cercles locaux ou des associations spécialisées: Association des femmes laos, Associations d’enseignants, d’étudiants, clubs sportifs et de loisirs. Français et Laos coopèrent au Centre de Documentation et d’information sur le Laos installé à Metz (C.D.I.L.). Les Vietnamiens disposent d’une centaine d’associations sur Paris, entre autres l’Association Ai Hwu des Vietnamiens de la région sud de Paris, des associations bouddhistes autour des pagodes (Pagode Khan Anh à Bagneux) et divers groupes politiques. En liaison avec les Français, il existe une Association franco-Vietnamienne basée à la mairie du VIème arrondissement.
Pour les Cambodgiens, le Bottin Khmer édition 1992 publié par Horizons Khmers, 6 rue des Petits Hôtels 75010 fournit les informations concernant la vie de cette communauté. Parmi les associations créées par du personnel d’Eglise, on peut signaler Espace Cambodge (culture, social) et Accueil cambodgien plus particulièrement orienté vers les activités de jeunesse.
Les Thaïlandais de tradition très bouddhiste se retrouvent autour de la pagode thaï Wat Dharmapirom.
Les Japonais soutenus par leur ambassade ont une Association des ressortissants japonais en France, 97 avenue des Champs Elysées. Les Japonaises s’organisent en clubs de femmes comme au Japon.
Il existe en outre des associations franco-japonaises dans toutes les villes où il y a des Japonais: Lyon-Japon, Rennes-Japon, Nantes-Japon,etc. Ces associations sont “nées du souci des japonais de rencontrer les Français et des Français chez qui les japonais ont le vent en poupe” (9).
Les Coréens ont un centre culturel également soutenu par leur ambassade, 2 avenue d’Iéna.
Les Philippins qui sont pratiquement tous catholiques ont formé l’association SAMAPIL au siège même de leur aumônerie 20 rue Claude Lorrain.
Les publications
Seuls les Français familiers de la langue et de la culture des diverses communautés asiatiques ont accès aux nombreuses publications qu’elles produisent en France. Il est probable que peu d’entre eux se donnent la peine de les lire. Ces journaux et revues reflètent pourtant les préoccupations politiques, culturelles et sociales de chaque communauté. Elles contribuent à maintenir leur sentiment d’appartenance au pays d’origine et à ses destinées.
Les Chinois à eux seuls publient plusieurs journaux quotidiens diffusés en France et en Angleterre. Le Hongkong Singdao (xingdao ribao) paraît d’abord en 1980. En décembre 1982, le quotiden Lianhebao de Taïwan soutient la parution en France du Quotidien d’Europe (Ouzhou ribaoEn janvier 1983, le quotidien Europe Journal (Ouzhou shibao) est lancé grâce au service culturel de l’ambassade de Chine populaire. Ce même Service lance ensuite un bi-mensuel de langue française: La Route de la Soie. Un homme d’affaires chinois Yuan Guo’en fonde en août 1981 l’hebdomadaire Longbao.En février 1986, un Chinois d’Indonésie lance en français Chine Express,un mensuel d’informations économiques. Le Journal des étudiants chinois en France (liufa tongxun) paraît depuis l’été 1987. Depuis août 1989,le bi-mensuel Nouvelles sinologiques fondé par Ng Yok-soon fait le point des ouvrages et articles d’études chinoises publiés par Chinois et Français.
Les publications vietnamiennes sont également nombreuses.La revue Quê Me (Terre maternellede tendance bouddhiste, paraît tous les trois mois. Dân chua (Peuple du Seigneur) est une revue catholique diffusée en Europe. La revue franco-vietnamienne La Voie nouvelle (Duong Moi) publie des études intellectuelles d’inspiration chrétienne. Le trimestriel Tin Nhà (Nouvelles de la maison) s’intéresse surtout aux problèmes d’Eglise.
Les laotiens disposent de revues bilingues lao-français: le Sivid Maï publié à Lyon par le P.Grandemange O.M.I.; Contact, publié par le Service missionnaire évangélique à Villeurbane. le Bulletin d’information C.D.I.L. est publié en français à Metz par le Centre d’Information et de Documentation sur le Laos.
Pour les Cambodgiens, Chivit Thmey est une revue de formation chrétienne, franco-khmer.
Le sentiment d’appartenance
Associations et publications renforcent la conscience culturelle et le sentiment d’appartenance ethnique. Elles offrent aux Asiatiques isolés dans la foule française une possibilité de se retrouver psychologiquement et moralement. Les services d’entraide offerts par divers groupes contribuent à donner un sentiment de sécurité. Grâce à des cours de chinois ou autres langues et grâce aux activités culturelles qu’elles organisent les associations permettent un certain maintien des traditions culturelles du pays d’origine. Elles représentent aussi un apport positif auprès des Français qui souhaitent élargir leur horizon et apprendre quelque chose de l’Asie.
On peut également s’interroger sur les effets négatifs que ces activités pourraient causer. Ne gênent-elles pas les efforts d’intégration à la société française?
Pour répondre à cette question, il faudrait préciser la nature et l’esprit de chacun de ces groupes d’Asiatiques. Les activités purement culturelles ou religieuses ne semblent pas poser de problème majeur. Notons cependant que les Chrétiens souhaitent une grande ouverture inter-culturelle du fait même de leur catholicité. La question peut s’envenimer lorsqu’il s’agit de mouvements politiques passionnés. Puisque nombre d’Asiatiques entrés en France depuis 1975 sont des réfugiés politiques, il est naturel qu’ils soient travaillés par des prises de positions rigoureuses concernant les régimes politiques des pays qu’ils ont dû fuir. Ces mêmes pays entretiennent généralement des relations amicales avec la France. Des dissensions peuvent se produire entre divers groupes de la même communauté asiatique. Les Français soucieux de défendre les droits de l’homme peuvent également prendre fait et cause pour tel ou tel parti, accroissant ainsi les clivages entre Asiatiques et mettant en cause la politique étrangère du gouvernement français. Les pays amis de la France, tels la Chine ou le Vietnam peuvent s’inquiéter à juste titre des activités entretenues en France contre leur régime politique. Un simple débat d’opinion sur les mérites de tel ou tel type de démocratie peut représenter un enrichissement. C’est en tout cas de bonne guerre dans un pays qui chérit la liberté d’expression. Des activités subversives seraient par contre moins tolérables.
La propension des Asiatiques et surtout des Chinois à former toutes sortes de sociétés peut éventuellement conduire à l’apparition de sociétés secrètes telles qu’on en trouve à Hongkong ou dans les Chinatowns d’Amérique. Ces sociétés sont souvent des gangs d’exploiteurs qui lèvent un impôt dit de “protection” sur les restaurants et les commerces qui semblent prospères. Les victimes qui refusent de payer ne sont généralement pas protégées par la police française, car tout recours à la police peut être sanctionné par des actions dévastatrices: mise à sac, incendie, voire meurtre. Sans compter les guerres sournoises entre gangs qui se disputent leur territoire de chasse. Ce genre d’activité criminelle semble avoir fait son apparition dans la région parisienne au cours des dernières années. Ne parlons pas d’une participation possible de certains éléments au trafic international de drogue,d’armes ou de femmes. Vigilance est sans doute nécessaire, sans toutefois dramatiser. On a pu remarquer que la criminalité tendait à baisser là où les Chinois remplaçaient d’autres communautés étrangères. C’est le cas,semble-t-il, pour le quartier parisien de Belleville. Il se peut aussi que les Chinois soient plus habiles à régler leurs affaires entre eux sans gêner les citoyens locaux.
4. La participation chrétienne
Les Chrétiens sont partie prenante dans la plupart des relations qui se sont établies avec les Asiatiques en France sans être mandatés directement par l’Eglise en tant que telle. Nombre de personnes qui se préoccupent de l’accueil et du bien-être des migrants sont des gens ouverts et dévoués qui sont de tradition chrétienne et souvent chrétiens convaincus. Il reste à préciser maintenant quel est le rôle de l’Eglise et des organismes officiellement chrétiens.
Accueil et service
Certains organismes déjà mentionnés se donnent pour tâche d’accueillir et de dépanner tous les Asiatiques en difficulté.
C’est le cas du Centre France-Asie, héritier du Foyer des étudiants d’Extrême-Orient fondé au lendemain de la 1ère guerre mondiale. Ce centre d’abord préoccupé d’accueillir les étudiants chinois n’a cessé d’élargir ses perspectives. Il fournit une aide humanitaire aux Asiatiques en difficulté, quelle que soit leur origine et leur religion. Chaque année, le centre publie un rapport d’activité sous un titre qui exprime l’esprit de ses services. Le rapport 1993 soumis à l’assemblée générale du 14 mars 1994 a choisi pour titre “Rencontre et Solidarité”, tiré d’un mot de Jean Paul II: “C’est le temps, non des exclusions, mais de la rencontre et de la solidaritéLe rapport est divisé en deux parties: les étudiants et les autres (réfugiés, immigrés).
Voici les services rendus aux étudiants: résoudre leurs problèmes administratifs, en particulier pour le renouvellement annuel de leur carte de séjour; cours de français pour leur permettre de suivre le cursus universitaire,travaux à mi-temps et logement moyennant quelques services. Le Centre fournit également quelques bourses aux étudiants nécessiteux: 156 en tout pour les neuf années passées. En ce qui concerne les réfugiés et immigrés, le Centre n’est plus débordé comme autrefois par les demandeurs d’asile du Sud-Est asiatique.Son “service des relations administratives” doit pourtant suivre de nombreux cas épineux.
Ses “cours de français” visent à permettre une meilleure insertion aux réfugiés et travailleurs. Les cours sont donnés par une trentaine de bénévoles. 658 élèves étaient inscrits aux cours en 1993-94, dont 20% d’étudiants. On comptait parmi eux 251 Chinois, 111 Cambodgiens, 86 Coréens, 72 Vietnamiens, 63 Thaïlandais, 21 Laotiens, 14 Japonais et 36 d’autre origine. Le “Service emploi-logement” fonctionne aussi comme pour les étudiants. 179 personnes ont pu être placées par le Service en 1993, dont 112 Vietnamiens (10).
Tout en étant ouvert à tous, le Centre est connu comme organisme catholique dont le directeur est le P. Joseph Parais des Missions étrangères de Paris. Des religieuses et des Chrétiens dévoués assurent le service. Les étudiants qui fréquentent le Centre en profitent pour s’informer de sujets religieux, la Bible et l’Eglise constituant les deux centres d’intérêt principaux.
L’ensemble des Asiatiques sont d’ailleurs extrêmement sensibles à l’attention qui leur est offerte. Même sans rien connaître du christianisme, ils découvrent la charité du Christ à l’oeuvre chez les personnes qui les aident.
Le Foyer d’étudiants asiatiques, également soutenu par la Société des Missions Etrangères de Paris, accueille une trentaine d’étudiants universitaires d’une douzaine de pays d’Asie. Depuis le 1er octobre 1985, date d’ouverture de la maison, le Foyer a accueilli 164 étudiants du niveau d’études 3ème cycle ou Grandes Ecoles.Les plus nombreux venaient de Chine, de la Corée du sud, de Thaïlande et d’Indonésie.On comptait parmi eux 43 catholiques, 3 sympathisants, 7 protestants, 41 bouddhistes, 23 musulmans, 2 hindous et 45 sans religion. Ces jeunes intellectuels d’une moyenne d’âge de 28 ans font au foyer l’apprentissage de la rencontre tout en préservant soigneusement leur vie privée. Leur préoccupation de base est l’étude, dans un lieu tranquille. C’est ici que le directeur du Foyer, prêtre des Missions Etrangères, peut engager avec eux le dialogue le plus fructueux:
“Leurs travaux d’écriture me permettent de rencontrer en tête à tête et à de multiples reprises de nombreux étudiants.Ces longues séances de travail ne se bornent pas à de simples corrections grammaticales. Elles nous conduisent tout naturellement à déborder ou abandonner provisoirement les sujets traités pour échanger sur des problèmes de société ou aborder les problèmes très personnels touchant au sens de la vie, à la famille, à l’amour, à la politique, à la culture, aux croyances et traditions religieuses, etc. Ces échanges nécessitent souvent des lectures partagées en vue d’approfondir le dialogue et aller plus avant dans la réflexion. Ainsi avons-nous abordé des sujets tels que le concept de “création” dans la Bible, le symbolisme de Jérusalem, les problèmes liés à l’Islam et à la modernité, Dieu et la science, la “paternité” dans la tradition juive et le Nouveau Testament…” (11)
Le Foyer offre aux étudiant une animation culturelle et spirituelle dont beaucoup savent bénéficier. Les relations que les “anciens” continuent à entretenir avec le Foyer prouvent que cette étape de deux ans à Paris a marqué leur existence de façon significative.
Notant l’importance d’une reprise de relations avec les Chinois de République populaire, la Société des Missions étrangères de Paris a établit un Service Chine lors de son Assemblée générale de 1980. Le fonctionnement de ce Service s’est concrétisé en France par l’ouverture du centre Relais France-Chine en juin 1983 sous la direction du P. Paul Richard, ancien missionnaire à Kangding au Sichuan et au Vietnam à Cholon où il dirigeait l’Institution Ste Thérèse, une école de même niveau que le Lycée franco-chinois. Comme son nom l’indique, ce petit centre est un “relais” où Chinois et Français en quête d’information et de services sont aiguillés vers les organismes qui peuvent répondre à leurs besoins. Deux religieuses y donnent des cours de français aux personnes qui peuvent difficilement s’inscrire dans les cours réguliers donnés ailleurs. Un bulletin trimestriel Zhonglian fournit une information sur l’évolution générale en Chine, sur les activités d’intérêt chinois en France et sur les publications récentes concernant la Chine.
Responsabilités pastorales
Mis à part les Philippins, le pourcentage des Chrétiens parmi les Asiatiques est relativement faible. Il est pourtant un peu plus élevé que dans les pays d’origine du fait que les réfugiés sont souvent venus de pays où les catholiques étaient persécutés pour leur foi religieuse. L’Eglise de France, déjà ouverte aux besoins de migrants tels que les Portugais, s’est intéressée activement au cas particulier des Asiatiques.
La plupart des pasteurs français qui ont quelques Asiatiques sur leur paroisse souhaitent que ceux-ci s’intègrent au mieux à leur communauté. Leur vision de l’Eglise comme d’une grande famille où tout le monde est bienvenu convient d’ailleurs à la tradition des Asiatiques et à leur souci d’appartenance. Le fait que les enfants soient scolarisé en français et trouvent leur place dans les classes de catéchisme facilite en fait l’insertion des familles asiatiques. Les prêtres en charge sont par contre plus déroutés lorsqu’il s’agit d’entrer en relation avec des parents qui s’expriment peu ou mal en français. Il leur arrive de faire appel à des missionnaires ou à des prêtres asiatiques qui connaissent la langue et les coutumes de ces fidèles qui leur paraissent de bonne volonté. C’est pour répondre à ce problème que les évêques de France ont créé des aumôneries et services pastoraux spécialisés. La liste de ce aumôneries est publiée dans de la Société des Missions Etrangères de Paris (12). Pour la région parisienne où les Asiatiques sont les plus nombreux, on peut trouver la liste ce ces aumôneries dans administratif 1994 sous le titre Vicariat des migrants, p.195-201.
Une réunion des diverses aumôneries asiatiques organisée rue Boissonade le 6 juin 1994 a facilité un premier échange sur le rôle de ces services. La session “SAR-MEP (Service d’Animation et de Réflexion des Missions étrangères de Paris) organisée pour les missionnaires MEP en France les 7 et 8 septembre 1994 a permis de recueillir davantage de précisions et de mettre à jour les informations publiées dans les documents officiels.Ces rencontres ont bénéficié des apports du père Yves De Mallman, directeur du SITI (Service Interdiocésain des Immigrés) pour la région parisienne et membre de la Commission épiscopale des migrants au niveau national. Il a souligné que la pastorale des migrants est au service d’une “médiation” fondée sur la relation inter-culturelle et l’expérience du Peuple de l’Alliance. Un sens d’identité a-t-il montré, est essentiel, mais le repliement sur soi est un drame. L’accueil de l’étranger est bien plus qu’un devoir moral d’hospitalité, c’est une tâche missionnaire-clé. “Il n’y a pas d’annonce de l’Evangile, notait-il enfin, sans passage de frontièreIndiquant comment pouvait s’exercer l’accueil chrétien de l’étranger, il en mettait en relief quatre traits marquants: un “service de la catholicité” où l’intégration à l’Eglise locale ne doit pas devenir assimilation; un “service de la vigilance” exigeant une attention renouvelée à la manière dont les étrangers sont accueillis; un “service de pédagogie” de la communauté paroissiale au niveau des attitudes les plus concrètes; un “service de rencontre avec l’autre” dans le respect des différences.
Ces indications données par le père Yves de Mallman trouvaient bientôt leur illustration concrètes lors de cette même session MEP de septembre 1994. Le curé de Saint Hippolyte faisait en effet une présentation de son expérience pastorale dans ce quartier du XIIIe arrondissement où les Asiatiques sont particulièrement nombreux. Le père Guy Delachaux, tout en se déclarant d’emblée “incompétent pour le monde chinois” révélait qu’il avait bien fallu 20 ans d’initiatives diverses pour que les paroissiens de Saint Hippolyte parviennent à une prise de conscience plus sereine des différences culturelles. Armés du mot d’ordre “persévérer et espérer”, les fidèles, disait-il, s’orientent maintenant vers l’animation d’un Centre catholique chinois qui soit un lieu de visibilité de l’Evangile dans le quartier. Cette solution lui paraîssait préférable à l’établissement d’une paroisse chinoise autonome comme il avait d’abord été envisagé pour Saint Hippolyte.
Face à ces problèmes d’animation de communautés fréquentées par les Asiatiques, les pasteurs français peuvent heureusement faire appel au service des diverses aumôneries et missions chargées de leur accueil pastoral.
Chinois
La Mission chinoise de Paris est aujourd’hui confiée au P. Côme Chang originaire de Wuchang et à Paris depuis plus de trente ans. Il est aidé par deux autres prêtres chinois comme lui de langue mandarine et par le P. Thomas Elhorga M.E.P. qui parle cantonnais. Les Catholiques chinois de la région parisienne sont de 2 à 3 000.Une messe chinoise est célébrée à l’église Ste Elizabeth 195 rue du Temple tous les dimanches à 15h30. Les fidèles n’y sont pas très nombreux sauf pour les grandes fêtes, en particulier pour le Nouvel An chinois où une prière traditionnelle pour les ancêtres est intégrée à la liturgie. Un certain nombre de fidèles chinois vont à l’église St Hippolyte, 27 avenue de Choisy, au coeur de ce XIIIème arrondissement où la population chinoise est si abondante. La paroisse y a ouvert un centre de rencontre et d’échanges. Une messe chinoise y a été présidée par le cardinal le 19 décembre 1993 pour la fête de Noël. La messe était suivie de festivités bien chinoises où se pressait une foule nombreuse. Quelques prêtres français parlant chinois assurent un ministère en d’autres quartiers de Paris, tels Gérard Bouvier dans le nord-est, Etienne Ducornet à Saint Germain des prés et Bernard Terrien, chapelain à Montmartre. Les catholiques chinois peuvent aussi se réunir à l’occasion aux Missions Etrangères, 128 rue du Bac, en particulier pour leur messe de minuit à la crypte. Les plus grands besoins de la communauté chinoise sont l’instruction chrétienne, en particulier celle des jeunes, et des témoignages d’unité, car les Chinois tendent à former des clans exclusifs les uns des autres.
Vietnamiens
Les Catholiques vietnamiens sont présents dans 65 diocèses de France. Ils sont desservis par 28 aumôneries animées par 41 prêtres diocésains ou religieux. Les Vietnamiens comptent en fait en France 97 prêtres, 120 religieuses, 26 religieux et 9 séminaristes. La mission catholique vietnamienne à Paris établie en 1953 joue un rôle directeur au niveau national. Depuis 1969, elle a son siège 15 rue Boissonade dans le XIVème. La paroisse vietnamienne de Paris est paroisse personnelle depuis 1980. Elle couvre 8 diocèses de l’Ile de France, sauf là où l’évêque a nommé un autre aumônier comme c’est le cas à Versailles. Elle est confiée au P. Joseph Vinh P.S.S. qui donne à mi-temps des cours à l’Institut Catholique. Il est assisté de trois vicaires vietnamiens et de deux religieuses. Deux messes sont assurées chaque dimanche, l’une en français, l’autre en vietnamien. La chapelle a été aménagée avec goût dans les traditions d’art sacré vietnamien. En août 1994, le centre a organisé un pèlerinage à Lourdes et Fatima, puis une session de Cursillos destinée à former des volontaires laïcs à être des animateurs nourris par la vie sacramentelle. Les prêtres animent le mouvement des mères chrétiennes, les cursillos,la catéchèse des enfants (150 élèves le samedi après-midi), des centres à Sarcelles et à Noisy le grand,un mouvement d’aide aux vocations, dix proesidia de Légion de Marie, des rencontres de jeunes foyers. Les soeurs assurent un service social, des cours de français ( en 93, 220 élèves et 26 professeurs bénévoles), des cours de vietnamien (3 niveaux pour 130 élèves) . Elles organisent les agapes dominicales et aident aux éditions (livres et documents liturgiques, revue mensuelle pour 1 100 abonnés).
Laotiens
Les Laotiens catholiques en France sont près de 7 000. Les protestants sont aussi nombreux, mais surtout Hmong. Leurs pasteurs sont des évangélistes lao aidés de quelques français (Christen, Sylvain Dupertuis).Les responsables catholiques nommés par l’épiscopat sont les pères Charrier pour les Hmong (4.000 fidèles) et L’Hénoret pour les Lao. Ils sont assistés par les pères laotiens Pinkéo Pradaxai, Bunlom et Sikasak. Sept ou huit responsables laïques reçoivent une formation étalée sur 4 ans à raison de 9 semaines par an. L’aumônerie Lao a pour base la paroisse St Privé St Mesmin à Orléans. Il existe aussi sur Paris une Communauté catholique Lao animée par des religieuses du Laos, Soeur Marie Geneviève One et Soeur Marie-Françoise Nguyen. Aucune paroisse n’est privilégiée pour exercer un ministère d’accueil. D’autres religieuses sont au service des Lao à Grenoble et à Lille. A Toulouse, un catéchiste M. Bouthan instruit dans les langues lao et française.
Les émigrés lao sont bienvenus dans toutes les paroisses, d’autant plus qu’ils savent collaborer à la catéchèse locale. Les Hmong ont des problèmes religieux spécifiques. Ils ont besoin de diacres ou au moins de ministres ordonnés pour animer les communautés. Plus de 50 Hmong entrent chaque année au catéchuménat et quelques lao à l’occasion du mariage.
Deux lieux de culte bouddhistes existent en région parisienne à St Leu la forêt et Choisy le Roi. Ailleurs les bouddhistes Lao se réunissent épisodiquement, mais ils doivent faire face à des problèmes financiers pour l’entretien des bonzes.
Cambodgiens
Les Cambodgiens bénéficient des services de l’Association Espace-Cambodge. Jusqu’en mai 1994, Le père Bernard Berger, de l’Association Accueil Cambodgien, était chargé de la responsabilité pastorale des Cambodgiens. Son successeur n’a pas encore été désigné. Espace-Cambodge (98 rue d’Aubervilliers 75019 Paris) représente l’Eglise du Cambodge en France. Cet organisme relève du BPAC (Burau pour la pastorale parmi les Cambodgiens) créé en 1983 par le Saint-Siège et confié à Mgr Yves Ramousse MEP pour “coordonner la pastorale auprès des Cambodgiens partout où il se trouventLe père François Ponchaud MEP, M. Pin Limsry, laïc cambodgien, et Mme Monique Facchini en sont les principaux animateurs.Le Centre travaille dans trois directions:
1) traduction et composition de livres à usage des communautés catholiques au Cambodge et dans le monde;
2) diffusion d’information sur le Cambodge, la mentalité cambodgienne;
3) service social auprès des Cambodgiens de France.
Sur le plan pastoral, Espace Cambodge est au service des diverses conférences épiscopales dont dépendent les Cambodgiens là où ils sont insérés, pour leur fournir des livres religieux bilingues nécessaires à l’animation des communautés chrétiennes, pour l’animation de sessions de formation chrétienne.
Japonais
Les Japonais disposent de trois centres catholiques à Paris, à Lyon et à Rennes. Les responsables en sont respectivement les pères Dunoyer M.E.P., Jo Deband du Prado et Billard, franciscain.
A Paris, une messe japonaise est assurée tous les dimanches à 10h30 dans la crypte MEP.Les craintes antérieures de voir se former un ghetto japonais ont été surmontées. Environ 180 fidèles ont été contactés. Les intellectuels en fait s’intègrent bien à la vie de l’Eglise en France. Les personnes qui ont recours au Centre sont plutôt les pauvres, matériellement ou moralement, qui cherchent un travail combiné avec leurs études ou qui ont besoin de conseils dans leur existence. Pour les Japonais, se trouver dans la condition d’étrangers est un choc culturel particulièrement destructurant. Mais c’est un temps de grâce qui permet de vivre les valeurs évangéliques: humilité, dépouillement, sortie de soi, besoin des autres. Le Centre catholique japonais est situé 4, boulevard Edgar Quinet,75014. On peut y prendre le thé et consulter une bibliothèque. Le personnel assure une médiation culturelle, en particulier autour des travaux de thèse et une instruction chrétienne des catéchumènes. On compte en moyenne deux ou trois baptêmes d’adultes par an.
Coréens
L’aumônerie coréenne est assurée par le P. Paul Choi Whi-In, prêtre du diocèse de Taegu, 88 rue de l’Assomption dans le XVIème.Tous les dimanches une messe coréenne est célébrée à 14.00 pour une cinquantaine de fidèles qui peuvent être 300 pour les fêtes. Ce sont surtout des étudiants et étudiantes. Les catéchumènes coréens sont particulièrement nombreux. 30 adultes ont été baptisés en 1993 sur le total de 180 néophytes du diocèse de Paris.
Thaïlandais
Une Amicale de Foyers franco-thaï a été créée autour d’un noyau de foyers chrétiens dont les animateurs sont Jean-Pierre et Marie Prédagne, 89 Avenue Henri Martin,75016. Le père Georges Mansuy M.E.P. en est l’accompagnateur spirituel. Le père Bataillès de Bétharam se tient aussi à la disposition des Thaïs dans la région de Pau. Ce sont surtout les foyers mixtes franco-thais qui retiennent l’attention des amis chrétiens.
Indiens
Les Tamouls de l’Inde sont généralement français. Ils aiment pourtant se retrouver à l’occasion autour de leur aumônier George Maria-Paschal Sundaram, prêtre du diocèse de Ootacamund, 128 rue du Bac, 75007. Sur 30.000 Tamouls en France, 13.000 sont catholiques et 6.000 d’entre eux sont installés dans la région parisienne. Ces Tamils de l’Inde sont bien intégrés aux paroisses françaises. Un aumônier Tamil les a pourtant suivis depuis 19 ans et l’aumônerie tamoul a été officiellement reconnue en 1981. Des messes en tamoul sont célébrées pour eux le premier samedi du mois à Grigny, le 2ème dimanche à Pantin, le 3ème dimanche à Sarcelles. Environ 250 à 300 fidèles participent à ces messes. Le 4ème dimanche, la messe tamoul est célébrée à tour de rôle dans les villes de Lyon, Marseille et le Mans. Les Catholiques tamoul organisent aussi trois pèlerinages à Lourdes, à Montmartre et à la chapelle de la médaille miraculeuse. Ils s’associent également à la fête indienne de la Vierge de Velankani. Ils aiment célébrer les mariages suivant la coutume indienne. A signaler pourtant des conflits entre les parents plus attachés à la tradition et les enfants plus intégrés à la vie en France
Sri-Lankais
Le père Tourane O.M.I.,nouvel aumônier des Sri-Lankais, vient d’arriver de Sri-lanka en avril 1994, l’esprit bouleversé par les conflits qui déchirent son pays. Les 45 000 Sri-Lankais qui sont en France ne sont pas tous Tamouls. Environ 10 000 sont singhalais. Du point de vue religieux, 25 000 sont hindous et quelques-uns musulmans. Combien de chrétiens y-a-t-il parmi eux? Il est difficile de suivre ces gens qui déménagent fréquemment, du fait sans doute que beaucoup sont clandestins. Le service catholique des Sri-Lankais est actuellement installé 8, rue de la Ville l’Evêque, 75008, au centre même du S.I.T.I. Soeur Antoinette Forget est attachée à ce service.
Philippins
Le responsable des Catholiques philippins est Mgr César Pagulayan, prêtre de Manille. Son centre est installé 20 rue Claude Lorrain, 75016. Les services religieux sont assurés à Ste Jeanne de Chantal. Les Philippins s’expriment par le chant sacré et leurs danses folkloriques.Ils ont formé une communauté Pierres vivantes. Leur animation spirituelle est inspirée par la méthode “Expérience de renouveau paroissial” transmise d’Amérique à divers pays d’Asie du Sud-Est. Ils organisent aussi des rencontres de foyers et des cursillos pour la formation des animateurs laïques. Ils sont aidés par le père César Linterna de la Société de St Paul et par Soeur Victoria Joson, de la Communauté du Bon Pasteur.
Il ressort de ce rapide tour d’horizon que les communautés asiatiques sont généralement animées par des prêtres et religieuses de leur propre origine ethnique avec l’aide de missionnaires français ou françaises ayant servi dans leurs pays et parlant leur langue. Les confrères de Missions étrangères de Paris sont généralement bien placés pour leur faciliter les relations. Ils ont actuellement en France des prêtres qui gardent le contact avec non seulement avec les Asiatiques en France mais aussi avec l’Eglise dans leurs pays d’origine. Citons en particulier ceux qui résident à Paris:
-Chinois: Thomas Elhorga, Paul Richard, Jean Charbonnier ;
-Laotiens: J.P. Morel, René Cozien;
-Cambodgiens: François Ponchaud, Joseph Parais (Vietnamiens) ,
-Vietnamiens: J.B. Etcharren, Jean Maïs, Claude Lange…
-Coréens: Etienne Perrin,
-Japonais: Pierre Dunoyer, Jean Waret,
-Tamouls: Raymond Rossignol
-Indonésiens: Gérard Moussay, François Darricau…
Les confrères venant des pays d’Asie où la langue anglaise est pratiquée peuvent également aider à l’accueil des gens de Malaisie, de l’Inde, des Philippines, etc.
La maison M.E.P. de Paris est particulièrement bien située pour permettre les rencontres amicales les sessions d’étude et les assemblées de prière. La proximité de l’Institut Catholique et du Centre Sèvres en fait un lieu de choix pour les prêtres asiatiques qui viennent poursuivre des études à Paris. Si le personnel missionnaire a vieilli et tend à diminuer dans les pays d’Asie, il est par contre appelé à poursuivre sa tâche en France même. Car ce sont les jeunes prêtres, religieuses et laïcs d’Asie qui viennent eux-mêmes en France pour puiser à la source des traditions qu’ils ont reçues.
Ce qui se passe dans la Société des Missions Etrangères traditionnellement au service de l’Eglise en Asie peut se produire de manière analogue dans un certain nombre d’Instituts religieux et missionnaires. D’autant plus que les congrégations religieuses internationales tendent à recruter de nouveaux membres dans les pays d’Asie riches en vocation.
Nous vivons une nouvelle phase de l’histoire de la mission. L’accent n’est plus sur l’envoi à l’étranger mais sur l’accueil de l’étranger.
Elargir l’horizon
Que pouvons-nous conclure des divers aspects de la présence asiatique en France examinés dans ce dossier? Titrer “Les Asiatiques en France et l’Eglise” pouvait nous orienter vers une recherche de moyens pratiques en vue d’une meilleure prise en charge pastorale de ces paroissiens étranges. Il est naturel que les prêtres intéressés à cette question cherchent d’abord à résoudre des problèmes pastoraux très concrets. L’ampleur des problèmes soulevés invite pourtant à situer ces préoccupations pratiques dans une perspective plus large que l’Eglise encourage d’ailleurs en principe. La présence des Asiatiques nous entraîne à une ouverture et à un dépassement de nos habitudes au moins sur les trois points suivants:
– de la pastorale purement sacramentelle à un service de l’homme.
Cette perspective n’est pas nouvel