Eglises d'Asie

LE MESSAGE DES EVEQUES à l’occasion de la Journée des droits de l’homme

Publié le 18/03/2010




Le respect de l’homme est le fondement de la réunification et de la prospérité nationales

Aujourd’hui nous célébrons la treizième Journée des droits de l’homme depuis que, en 1982, la conférence épiscopale coréenne a déclaré le deuxième dimanche de l’Avent comme Journée des droits de l’homme. L’évangile d’aujourd’hui dit ceci : “Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses voies” (Lc, 3:4). Ces mots nous rappellent la tâche qui est la nôtre pour toute notre vie. Pour l’Eglise, la justice de Dieu signifie que la dignité et les droits fondamentaux de tous les êtres humains, sans exception, doivent être respectés. En effet, chaque personne est précieuse parce qu’elle est créée à l’image de Dieu. Par conséquent, la promotion des droits de l’homme est une exigence de l’Evangile et une tâche prioritaire pour l’Eglise. Notre société a perdu ses valeurs morales et son sens de la mesure. Les événements récents où des enfants ont tué leurs parents, les crimes de Chijon-pa, l’effondrement du pont de Songsu et d’autres événements terribles nous font prendre conscience que les maux sociaux de la Corée sont sérieux. Le respect de la vie est une pré-condition à la construction d’une société humaine et à l’accomplissement de la réconciliation nationale. Chacun d’entre nous est appelé à prendre ses responsabilités.

1 – La famille est le berceau de l’amour et de la vie

L’avenir de notre société dépend de la famille, berceau de l’amour et de la vie. L’Année internationale de la famille décrétée pour 1994 par les Nations Unies arrive à son terme. Néammoins, nous devons continuer à construire une vraie famille. Tout d’abord, c’est dans la famille que doit commencer l’éducation au développement humain des enfants, et cette éducation commence avec la mère dès le moment de la conception. Pourtant, aujourd’hui, les parents, par l’avortement, enseignent la violence et l’injustice à leurs enfants plutôt que l’amour et la responsabilité. En fait, des slogans tels que “restauration morale” ou “réalisation de la justice” ne sont que des mots vides de sens, si la condition requise du droit à la vie n’est pas protégée dès le moment de la conception. Nous tous qui vivons en ce pays sommes appelés à examiner sérieusement notre conscience en ce qui concerne la réalité des 1 500 000 enfants tués chaque année par avortement. Nous mettons l’accent sur le fait que toutes les lois et la technologie médicale ont pour but de servir l’homme. Avec ce principe à l’esprit, nous demandons une fois encore au gouvernement sud-coréen de retirer le projet d’amendement de l’article 135 de la loi sur la santé de la mère et de l’enfant qui permettrait l’avortement dans certains cas, car cela mènera à la possible généralisation de l’avortement.

2 – Un mode de vie authentique et juste est le fondement du bien commun de la société

Nous devons comprendre clairement l’impact de l’injustice et de la corruption sur le bien commun de la société. Le désastre de l’effondrememnt du pont de Songsu révèle au grand jour l’existence de pots de vin systématiques, d’inspections mal conduites, de la gestion corrompue des adjudications pour les projets publics de construction et d’autres absurdités sociales qui affectent directement la vie des citoyens de la nation. Le gouvernement ne peut nier sa culpabilité dans la construction mal faite du pont de Songsu. La paresse et la gestion négligente des autorités concernées est réellement regrettable. Nous sommes encore plus inquiets en ce qui concerne la construction des centrales nucléaires de Youngkwang, parce qu’elles sont directement liées au droit à la vie de toute la péninsule et du peuple coréens. Nous sommes particulièrement inquiets à cause des questions qui ont été soulevées de façon persistante et auxquelles il n’a pas été répondu concernant des défauts de construction dans les centrales n°3 et 4 de Youngkwang. Il y a eu des rapports sur les pots de vin acceptés par l’entreprise chargée de la construction, nous savons que l’industrie nucléaire est encore plus secrète que toute autre industrie et nous savons aussi que ces doutes concernant des défauts de construction des centrales ne peuvent pas être pris à la légère. Afin de dissiper ces doutes, le gouvernement doit donner au public accès à toute information nécessaire et garantir une surveillance stricte de la gestion de ces centrales nucléaires.

3 – Les ouvriers ne peuvent en aucun cas être considérés comme des outils de production

Les conditions de travail inhumaines et les mauvais traitements infligés aux ouvriers doivent être éliminés. Les cas non encore résolus d’ouvriers souffrant d’accidents du travail, les salaires non payés sont une claire violation de leurs droits fondamentaux. Heureusement, en février 1994, dans une perspective “humanitaire” et sur la base de l’égalité de droits entre ouvriers coréens et étrangers, le gouvernement a décidé de compenser les travailleurs étrangers en situation irrégulière pour les accidents survenus pendant leur travail. Néammoins, la situation des apprentis, les salaires non payés, la violence et les accidents du travail restent encore des problèmes très sérieux. Nous demandons donc au gouvernement d’étudier activement les problèmes concernant ce secteur et de procéder à une révision complète. Il est naturel que les ouvriers soient fidèles à leurs devoirs, mais les employeurs et le gouvernement doivent aussi respecter leurs droits fondamentaux. Nous voulons exprimer notre profonde inquiétude en ce qui concerne les mesures disciplinaires excessives prises contre trois mille trois cent-soixante ouvriers impliqués dans la grève des chemins du fer et du métro en juin dernier : 21 ont été emprisonnés et 165 ont été licenciés. Nous espérons une conclusion raisonnable de ce conflit pour préserver la paix industrielle de ce pays.

4 – 1995 marquera l’anniversaire du 50ème anniversaire de l’indépendance nationale de la Corée

Alors que nous travaillons à guérir les blessures de la division par la réconciliation et les échanges pour la réunification nationale, nous demandons que tous, avant tout, respectent l’homme. Nous sommes profondément inquiets des violations des droits de l’homme tant en Corée du Sud qu’en Corée du Nord. En Corée du Sud, il y a le problème des nombreux prisonniers de conscience, des cas “fabriqués” d’espionnage. En Corée du Nord, il y a le problème des camps de bûcherons en Sibérie, des camps pour “criminels idéologiques” que l’on peut considérer comme la mort des droits de l’homme et dont les conditions inhumaines ont été décrites publiquement en plusieurs occasions. Nous demandons donc aux autorités des deux gouvernements de prendre en considération la question de la restauration des droits de l’homme de ceux qui souffrent injustement. Nous souhaitons aussi que la Corée du Nord promeuve une liberté religieuse authentique. La vraie liberté et la libération sont possibles seulement quand les êttres humains sont traités avec dignité et respect.

5 – La quatrième Journée mondiale de la femme se tiendra à Pékin en 1995

Nous espérons que cette journée contribuera à la promotion des droits fondamentaux des femmes, qu’elle n’oubliera pas les responsabilités et les devoirs des femmes et qu’elle ne servira pas à revendiquer l’avortement comme un droit de la femme. C’est un fait que les droits des femmes ont été violés de bien des manières à travers les générations. Des modes de pensée discriminatoires fondés sur des coutumes et des traditions séculaires doivent être corrigés. En même temps, les injustices qui prennent leur origine dans la discrimination doivent être gérées de manière systématique au niveau législatif. Une telle mentalité de discrimination a causé l’avortement de beaucoup de filles. Le résultat inquiétant en est aujourd’hui le déséquilibre démographique entre filles et garçons dans la société.

Les abus sexuels dans la famille, le lieu de travail et la rue ont causé beaucoup de peines et de souffrances aux femmes. Les hommes doivent sérieusement examiner leur conscience à ce sujet, et les coupables doivent franchement admettre leur culpabilité pour avoir violé la dignité des femmes par le commerce et l’utilisation du sexe comme instrument de plaisir, plaçant ainsi un nuage noir sur toute la société.

6 – En conclusion, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme nous devons sincèrement demander la réconciliation pour toutes les fois où, consciemment ou inconsciemment, nous avons violé la dignité des autres. Nous devons nous demander si nous avons blessé les sentiments des autres ou violé leurs droits par égoïsme, malhonnêteté ou infidélité. En commençant par nous-mêmes et nos familles, nous devons pratiquer la justice et les valeurs authentiques dans nos vies. Les personnes qui travaillent au gouvernement, dans les milieux de l’éducation, dans les médias et les communications sociales doivent fidèlement poursuivre la restauration des valeurs de notre culture. Alors que nous approchons de la nouvelle année, le cinquantième anniversaire de notre indépendance nationale, essayons de partager les souffrances de la division nationale et de promouvoir le respect de la dignité de l’homme afin qu’une paix véritable et la justice puissent régner sur la Corée du Nord et du Sud. Recevant dans nos coeurs le commandement du Seigneur “préparez le chemin et aplanissez ses voiesnous prions Dieu qu’Il accorde l’abondance de sa paix et de sa grâce à tous ceux qui luttent avec amour et sincérité pour la réconciliation nationale et un monde de justice.