Eglises d'Asie

Les statistiques officielles enregistrent une forte baisse du nombre des “adhérents à une religion” en même temps qu’une augmentation de la pratique religieuse

Publié le 18/03/2010




Selon les chiffres que vient de publier au début de l’année 1995 le service national des statistiques concernant les Coréens âgés de plus de quinze ans, le nombre de ceux qui disent adhérer à une religion a baissé d’un peu plus de 4% en trois ans. Ces chiffres provoquent quelque inquiétude dans les milieux religieux coréens.

En 1991, 54% des personnes de plus de quinze ans adhéraient à une religion (9). En 1994, ce chiffre est tombé à 49,9%. Les bouddhistes qui étaient 27,7% de la population en 1991 ne sont plus que 24,4%. Ce sont eux qui connaissent la plus forte baisse. Les protestants qui étaient 18,6% passent à 18,2%. Les confucéens passent de 1% à 0,4%. Seuls les catholiques ne connaissent pas de baisse du nombre des adhérents puisqu’ils passent de 5,7% de la population à 5,9%. Pour l’ensemble des religions, la population masculine a diminué plus vite que la population féminine (4,9% contre 3,1%).

La lecture de ces pourcentages indique que le nombre des chrétiens, catholiques et protestants, reste relativement stable et que ce sont les bouddhistes qui semblent souffrir le plus de la désaffection populaire. Des commentateurs expliquent que la population qui se reconnaît dans le bouddhisme a une moyenne d’âge beaucoup plus élevée que la population protestante ou catholique. Elle se renouvelle donc beaucoup moins bien.

Un élément apparemment paradoxal mais très intéressant vient s’ajouter à ces chiffres puisque les mêmes statistiques officielles indiquent que la pratique religieuse régulière a augmenté de 4,1% entre 1991 et 1994. Cette augmentation concerne les bouddhistes autant que les protestants et les catholiques. Chez les bouddhistes, qui ont multiplié les “services hebdomadaires” depuis quelques années, la pratique régulière, au moins mensuelle, se monte à 21% du nombre total des fidèles. Chez les protestants, ce chiffre est de 77% et chez les catholiques, de 66% (10).

C’est la première fois depuis 1945 que diminue le nombre de ceux qui disent adhérer à une religion. Il est sans doute trop tôt pour analyser le phénomène, mais les commentateurs de la presse religieuse coréenne constatent qu’avec la démocratisation, l’influence des religions est devenue moindre alors qu’elle était très forte dans la période de l’immédiate après-guerre, au cours de laquelle elles ont beaucoup contribué à aider les gens matériellement, et à l’époque de la dictature où elles ont soutenu les aspirations du peuple. Aujourd’hui, le niveau de vie a considérablement augmenté, l’individualisme a progressé et l’attachement à la religion s’estompe. Dans ce contexte de sécularisation, les religions traditionnelles et leurs responsables ont du mal à retrouver leurs repères.