Eglises d'Asie

Karnataka : un geste de paix entre musulmans et hindous pour arrêter la violence

Publié le 18/03/2010




Le 26 janvier 1995, à l’occasion de la fête nationale indienne, un geste d’apaisement a été fait par la communauté musulmane à l’égard des hindous de la ville de Hubli dans l’Etat du Karnataka.

Un terrain appartenant à la municipalité est loué à l’association musulmane Anjuman-E-Islam, depuis 1921 pour 99 ans. Les fidèles s’y réunissent pour prier. Mais le parti fondamentaliste hindou BJP (Bharatiya Janata Party) essaie depuis 1992 de marquer son autorité sur ce terrain en y plantant son drapeau, causant ainsi de graves frictions entre les deux communautés. Chaque année depuis trois ans, le 26 janvier pour la fête nationale et le 15 août pour la fête de l’indépendance, des émeutes éclataient dans la ville faisant nombre de victimes chaque fois. Le 15 août 1994, la police a tiré sur la foule et tué une quinzaine d’hindous.

Cette année, pour la fête nationale du 26 janvier, les musulmans ont eux-mêmes hissé le drapeau indien sur le terrain contesté, marquant ainsi leur volonté d’apaiser les tensions entre les deux communautés. Le président de l’association musulmane, M. Ismail Kalebudde, a déclaré le terrain ouvert à tous, le comparant à l’Inde, “ce jardin où différentes religions peuvent fleurir, répandant le même parfumIl a affirmé que les musulmans “ne sont pas moins patriotes que les autres IndiensIl a rappelé qu’il a hissé le drapeau national sur le terrain contesté, non parce qu’on l’y a obligé, mais “afin de conserver l’harmonie entre les communautésPour lui, les querelles locales devraient toujours être résolues localement. Parlant de la destruction de la mosquée d’Ayodhya en décembre 1992 (13), M. Kalebudde assure que rien ne se serait passé si on avait permis aux gens du cru de régler eux-mêmes le problème.

Ce geste d’apaisement de la communauté musulmane a été diversement apprécié à Hubli. Le président de la ligue des jeunes musulmans, Mukhatar Abbas Naqvi, s’est déclaré satisfait mais la ligue nationale indienne, un parti politique musulman, a menacé d’ouvrir des poursuites en justice contre ses initiateurs. Du côté hindou, le BJP a promis de ne plus prendre prétexte de cette affaire pour recourir à la violence.