Eglises d'Asie

La répression s’intensifie contre les chrétiens des minorités ethniques

Publié le 18/03/2010




Depuis octobre 1994, un certain nombre de rapports font état d’une répression accrue des chrétiens évangéliques des minorités hmong et khmu. Un pasteur est mort dans des circonstances qui n’ont pas été élucidées, alors qu’il était détenu par la police et, dans deux provinces au moins, des membres de l’Eglise évangéliste ont été forcés par les autorités à renier leur foi chrétienne.

Selon des sources dignes de confiance, les représentants de l’Eglise évangéliste laotienne ont été informés par les autorités à la mi-décembre 1994 de la mort en détention d’un pasteur de la province de Luang Prabang, connu sous le nom de Buavan. La date précise et les circonstances de sa mort ne sont pas connus, mais le pasteur n’avait pas été vu depuis juin 1994. En mai 1994, Buavan était passé illégalement dans un camp de réfugiés sur le territoire thaïlandais pour y tenir une réunion avec d’autres chrétiens. C’est à son retour au Laos qu’il fut arrêté et on est resté sans nouvelles de lui jusqu’en décembre dernier.

Un autre pasteur de Luang Prabang, du nom de Phaeng, a été arrêté aussi en novembre 1994 et condamné à six mois de prison pour avoir coupé sans permission des arbres qui étaient sur sa propriété. Selon les sources, le véritable motif de son arrestation aurait été sa position d’influence dans l’Eglise.

Les autorités de Luang Prabang ont commencé, depuis novembre 1994, à organiser des séminaires dans les villages pour informer les gens qu’ils ont le droit d’appartenir à une religion à condition que “cela ne cause pas de divisionsCependant, quand ces séminaires sont organisés dans les villages à majorité chrétienne, les autorités accusent les gens d’être dans l’erreur et les forcent à signer un document dans lequel ils disent renoncer à leur foi chrétienne et quitter l’Eglise. Des villageois ayant refusé de signer, les autorités ont fait assiéger le village par l’armée pour empêcher quiconque de quitter les lieux sans avoir signé le document. On estime à environ quatre mille le nombre des chrétiens évangéliques dans la région de Luang Prabang.

Les mêmes procédés ont été utilisés dans la province de Saybuly en novembre 1994, et beaucoup de chrétiens hmong et khmu auraient ainsi été forcés de renier leur foi chrétienne. Dans la province centrale de Xieng Khuang, une femme hmong de Phonsavan a été forcée par les autorités locales à vendre sa maison après qu’elle eut été utilisée comme lieu de culte d’une assemblée chrétienne. Le pasteur du lieu s’est enfui de la région. De plus, cinq familles chrétiennes hmong originaires du Vietnam ont été obligées de quitter Phonsavan et de regagner le Vietnam contre leur volonté.

Les représentants de l’Eglise évangélique laotienne ont protesté auprès du ministre des Affaires religieuses à Vientiane contre ces violations de la liberté religieuse. A l’heure qu’il est, le gouvernement laotien n’a pas encore réagi.

Il est difficile d’éclalircir les véritables raisons de ces nouvelles restrictions religieuses. En 1994, le gouvernement laotien a mené de pair sa politique de réforme économique et un contrôle politique accru de tous les secteurs de la société. Les organisations non gouvernementales étrangères, chrétiennes en particulier, se plaignent d’une surveillance plus stricte de leurs activités.

Selon des informations qui nous sont parvenues, les Eglises de la région de Vientiane ne semblent pas être affectées par cette vague répressive.