Eglises d'Asie

LES MISSIONS ETRANGERES DE COREE FETENT LEUR VINGTIEME ANNIVERSAIRE Une interview du supérieur général Bonaventure Jung Du Young

Publié le 18/03/2010




Quels ont été les débuts de la société des Missions étrangères de Corée ?

C’est Mgr John Choi, évêque de Pusan aujourd’hui à la retraite, qui a fondé notre société. La fondation officielle par la conférence épiscopale de Corée date de 1975. Dès l’année suivante, des séminaristes pouvaient commencer leur formation. J’ai d’ailleurs été le premier à entrer dans la société. A ce moment-là, nos évêques pensaient que la Corée n’était pas prête à envoyer des missionnaires à l’étranger, mais notre fondateur, qui avait l’esprit missionnaire, demanda leur aide aux autres évêques. Mgr Choi était le seul à avoir de l’enthousiasme pour le projet. C’est comme cela qu’il fonda la société.

Les Missions étrangères de Corée ressemblent-elles aux autres sociétés missionnaires ?

Oui. Nos structures sont les mêmes que celles de la société des Missions étrangères de Maryknoll aux Etats-Unis ou celles de St-Colomban en Irlande. Les prêtres des Missions étrangères de Corée sont comme des prêtres diocésains, mais ils forment une société pour partir en mission à l’étranger et travailler sous la direction d’un supérieur général.

Combien de membres êtes-vous ?

Nous sommes treize prêtres, un diacre et 46 grands séminaristes. Neuf séminaristes sont en train d’accomplir leur service militaire. Celui-ci dure généralement trois ans à moins que la personne ne soit pas en bonne santé, et dans ce cas on ne lui demande qu’une année de service social. Quelques-uns de nos prêtres travaillent en Papouasie-Nouvelle Guinée, trois sont dans le diocèse de Hsinchu à Taiwan, et un est en train de faire des études de missiologie à Rome. Les autres sont en Corée du Sud pour s’occuper des séminaristes. En janvier 1995, le diacre sera ordonné prêtre et un séminariste sera ordonné diacre.

Allez-vous envoyer des prêtres dans d’autres pays ?

Oui. Ceux qui sont aujourd’hui à Taiwan étaient supposés aller au Pérou, mais nous avons dû changer de plan. Nous cherchons toujours de nouveaux lieux où envoyer nos missionnaires. Notre société missionnaire veut aider les Eglises d’Asie à croître. Le nonce apostolique m’a demandé une fois d’envoyer des prêtres en Mongolie. Il y a beaucoup de lieux où nous pourrions aller, mais nous ne sommes pas encore prêts. C’est seulement une question de temps.

Comment est-ce que vous formez les séminaristes?

Jusque récemment ils étudiaient au séminaire de Séoul, mais la conférence épiscopale nous a demandé de les mettre au séminaire de Suwon. Nos séminaristes vivent dans notre maison de formation de Suwon et étudient au séminaire local qui n’est pas très loin. Nous espérons ouvrir des maisons dans d’autres régions de Corée, en particulier pour les séminaristes qui ont besoin d’une année de formation spéciale, comme une espèce de noviciat.

Quelle est la partie la plus difficile de votre travail?

L’âge est notre problème principal en Corée : je suis si jeune, je n’ai que trente-neuf ans, et pourtant je suis le membre le plus vieux de notre société.

Quels sont les autres problèmes auxquels vous devez faire face ?

Généralement, les prêtres et les évêques n’ont pas beaucoup d’esprit missionnaire et ne comprennent pas ce qu’est la mission. Nous avons aussi besoin de bienfaiteurs qui pourraient aider financièrement nos missionnaires, mais ils ne sont pas faciles à trouver. Il y a beaucoup de chrétiens qui aimeraient nous aider, mais les prêtres de paroisse les en dissuadent. La plupart des prêtres ne pensent qu’à leur paroisse. Ils ne pensent même pas aux autres nombreuses paroisses de leur diocèse, mais seulement à la leur.

Notre Eglise de Corée est centrée sur le diocèse, elle n’est pas centrée sur la mission. Les prêtres de paroisse n’apprennent rien au séminaire sur le travail missionnaire.

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir missionnaire?

Je pense que c’était ma famille, ma mère, mes frères et soeurs. J’ai grandi dans une famille catholique. Ma mère m’a enseigné à aider les autres et à ouvrir mes yeux et mon esprit aux besoins des autres. C’est ce qui m’a influencé le plus jusqu’à l’âge de vingt ans. En 1975, j’ai appris que la nouvelle société missionnaire allait commencer et j’ai demandé à en faire partie.

Comment les parents coréens réagissent-ils quand leur fil entre dans la société des Missions étrangères?

La moitié environ sont plutôt d’accord. Les autres parents n’aiment pas l’idée et ne désirent pas nous venir en aide. Ils sont plutôt contents que leur fil devienne prêtre mais ils ne veulent pas qu’il aille en mission à l’étranger.

Y a-t-il des soeurs missionnaires ?

Mgr Choi a fondé une société des soeurs des Missions étrangères de Corée à Pusan en 1986. Elles ont beaucoup de membres mais elles ne sont pas encore prêtes. En 1995, cinq d’entre elles vont faire leurs voeux perpétuels et je pense qu’elles seront envoyées à l’étranger.

Pensez-vous que votre société va accroître le nombre de ses membres ?

Je l’espère. Peu à peu, les prêtres de paroisse vont comprendre notre travail missionnaire. Il y aussi de jeunes prêtres diocésains qui veulent être missionnaires et qui entrent dans notre société, jusqu’à 10 en une année. Leur motivation est très pure et nous comptons beaucoup sur eux. Ils aident à notre croissance. Je voudrais que davantage de prêtres diocésains se joignent à nous. Je voudrais que nous travaillions ensemble, c’est mon espoir pour le futur.

Avez-vous des plans pour l’avenir ?

Nous voulons être indépendants. A l’heure actuelle, nous sommes sous le patronage de l’évêque de Suwon, qui a été nommé notre modérateur par la conférence épiscopale. Il a beaucoup à faire avec son diocèse et il ne peut donc pas nous aider beaucoup. Nous préférerions être indépendants pour trouver notre propre identité. Notre société n’appartient à aucun diocèse en particulier même si nous avons été fondés par une décision de la conférence épiscopale.

Nous espérons devenir indépendants dans cinq ans quand notre société comptera une trentaine de prêtres. Ce serait le bon moment pour devenir indépendant. Nos constitutions n’ont pas encore été approuvées officiellement par le Vatican mais j’espère qu’elles pourront l’être dans les cinq ans qui viennent.

Qu’auriez-vous à dire aux évêques et prêtres qui, ailleurs en Asie, veulent fonder une société missionnaire ?

Je leur dirais : allez-y ! Même si tout n’est pas en place, il faut commencer et faire du mieux possible. Le reste suivra.