Eglises d'Asie

L’intégration de la communauté d’origine chinoise passe par l’assimilation culturelle, déclare le vice-président Try Sutrisno

Publié le 18/03/2010




“Le gouvernement désire que les Indonésiens d’origine chinoise rompent les liens culturels qu’ils conservent avec la terre de leurs ancêtresa déclaré le vice-président Try Sutrisno, le 24 janvier 1995, au cours d’une réunion avec des fonctionnaires du Kalimantan occidental (Bornéo). M. Abdulkadir, responsable de la promotion du tourisme dans la province, avait suggéré un certain nombre de mesures destinées à promouvoir la culture chinoise afin d’attirer les visiteurs de Chine, Hongkong et Taiwan. Il avait d’abord remarqué que 30% de la population de Pontianak, capitale de la province et ville de 440.000 habitants, sont d’origine chinoise. Des villes comme Singkawang sont elles aussi peuplées majoritairement de Chinois.

Le général Try Sutrisno a catégoriquement rejeté l’idée de M. Abdulkadir en affirmant que la population d’origine chinoise doit s’intégrer dans la population indonésienne indigène et cette intégration est aussi culturelle, dit-il. Il a estimé que cette position du gouvernement indonésien n’est pas négociable : “Quand j’étais commandant des forces armées, on m’a informé un jour que beaucoup de Chinois avaient promis de voter pour une organisation politique, à condition qu’on leur permette d’organiser dans les rues la danse traditionnelle du dragonCe type de marchandage n’est pas acceptable, a déclaré Try Sutrisno.

L’Indonésie compte environ six millions de personnes d’origine chinoise, soit 3% de la population totale. Depuis 1959, les Chinois naturalisés indonésiens ont été contraints de résider dans les villes, et ils doivent se faire ré-enregistrer à la police locale chaque année. Depuis la prise de pouvoir de Sukarno en 1965 et la répression sanglante de tous ceux qui étaient suspectés de communisme, le gouvernement indonésien se méfie des Chinois qui gardent des liens avec leur mère-patrie.

La situation s’est quelque peu détendue en 1992 quand l’Indonésie et la Chine ont établi des relations diplomatiques normales. Malgré cela, les Indonésiens d’origine chinoise sont perçus par la population en général comme des patrons exploiteurs formant une élite commerciale et financière. Régulièrement, des émeutes populaires quelquefois spontanées mais souvent manipulées par des intérêts politico-financiers s’en prennent à la communauté chinoise (14).

M. Singgih, procureur général, qui accompagnait M. Try Sutrisno dans le Kalimantan occidental, a déclaré de son côté que le confucianisme auquel se réfèrent beaucoup de Chinois ne peut pas être considéré comme une religion par le gouvernement indonésien, mais seulement comme une philosophie. En vertu de quoi, les confucéens ont l’obligation de s’affilier à l’une des cinq religions officiellement reconnues dans le pays: islam, catholicisme, protestantisme, bouddhisme et hindouisme.

Commentant les déclarations du vice-président indonésien, M. Rusdy Rukmanata, porte-parole des bouddhistes d’origine chinoise de Jakarta, a déclaré que son organisation avait l’intention de lancer une campagne d’assimilation des Chinois. Cependant, a-t-il ajouté, le lancement d’une telle campagne serait sans doute plus facile “si le gouvernement savait ce qu’il veut et quelle signification il donne au terme de ‘culture nationale’ dans un pays qui compte plusieurs centaines d’ethnies aux cultures parfois très différentes”.

De son côté, M. Paulus Hariyono, professeur de sociologie à l’université catholique de Semarang, a déclaré que les Eglises chrétiennes qui accueillent beaucoup d’Indonésiens d’origine chinoise avaient un grand rôle à jouer pour aider à leur intégration.