Eglises d'Asie

DEUX POINTS DE VUE GOUVERNEMENTAUX SUR LA QUESTION RELIGIEUSE A L’OCCASION DU NOUVEL AN LUNAIRE 1995

Publié le 18/03/2010




Interview de M. Vu Oanh,

membre du Bureau politique

Au nom des lecteurs de notre journal “Le catholique vietnamien”, je vous prie de transmettre nos voeux les plus chaleureux au bureau exécutif du Comité central du Parti communiste vietnamien ainsi qu’à tous ses membres à l’occasion de son solennel anniversaire du 3 février 1995 (1). C’est d’ailleurs cet événement qui nous a incité à vous demander d’informer nos lecteurs sur l’attitude du Parti à l’égard des religions, en particulier à l’égard du catholicisme.

Je vous remercie de vos voeux. Pour ce qui concerne l’attitude du Parti à l’égard de la religion, je peux vous répondre immédiatement qu’elle est toujours la même sans aucun changement. Le Parti respecte la liberté de croyance et de non-croyance religieuses. Depuis sa fondation, il préconise de rassembler à l’intérieur du Front d’union nationale la totalité des personnes habitant le Vietnam, sans distinction de race, de religion, de niveau culturel ou d’orientation politique. Ce rassemblement avait d’abord pour but d’accomplir la révolution de libération nationale et d’obtenir l’indépendance, la liberté et l’unification de la patrie. Aujourd’hui, il est destiné à édifier un pays prospère en apportant à nos compatriotes de tous les milieux l’amélioration de leurs conditions de vie, la justice, la civilisation et le bonheur.

Cette attitude est parfaitement illustrée par les propos et les actes du président Hô Chi Minh, le grandiose dirigeant de la nation et du Parti communiste du Vietnam. Durant toute une vie consacrée à l’action révolutionnaire, Hô Chi Minh a surmonté de nombreux obstacles, lutté avec persévérance, usé de sa force de conviction pour donner une solution rigoureuse, nuancée et franche au problème de l’union des religions et des nationalités (minorités ethniques). Il a ainsi rassemblé des millions de fidèles catholiques en même temps que des millions de fidèles d’autres religions dans le même combat contre les ennemis de la nation.

Un peu plus de trois mois après la proclamation de l’indépendance de la République démocratique du Vietnam, dans une lettre envoyée à nos compatriotes catholiques et à leurs prêtres, à l’occasion de la fête de Noël 1945, le président Hô Chi Minh a parlé avec grande révérence du Seigneur Jésus: “Dieu (Duc Thiên Chua, le Seigneur du ciel) est un exemple de sacrifice absolu en faveur des hommes opprimés, des peuples réprimés, au service de la paix et la justice…”

“Depuis sa naissance jusqu’à nos jours, son esprit de charité s’est propagé en tout lieu, imprégnant en profondeur…”

Dans beaucoup d’autres exposés prononcés à l’occasion de rencontres avec ses compatriotes croyants ou non croyants, il a toujours lié l’idée de patriotisme à l’adoration de Dieu, le profane au sacré avec délicatesse et franchise, par exemple, quand il écrit: “Croyants et non-croyants, s’ils s’unissent, détruiront l’ennemi…” ou encore “nous vénérons Dieu; nous aimons notre patrie; nous nous battrons pour conserver notre liberté de croyance et obtenir l’indépendance pour notre pays.”

Dans le prolongement de la pensée de Hô Chi Minh, le Parti communiste vietnamien considère la religion comme une réalité objective, un phénomène social, une question à régler dans le cadre des lois de développement du genre humain. Il voit dans les croyances religieuses un besoin spirituel d’une partie de nos compatriotes croyants. Ayant la charge de s’occuper des intérêts matériels et spirituels du peuple de tout le pays, à tous les points de vue, il respecte nos compatriotes croyants et garantit que leurs besoins spirituels seront satisfaits.

Par ailleurs, le Parti considère qu’il existe dans la morale religieuses, des points positifs qui s’accordent à l’oeuvre d’édification de la nouvelle société. Ce sont les aspects moraux humains, tout ce que généralement les religions appellent “le bien”, et qui forment le contenu des commandements: ceux qui, par exemple, condamnent la fraude, le mensonge, l’exploitation, l’oppression d’autrui, la paresse ou encore ceux qui exhortent au travail, au respect des supérieurs, à la générosité à l’égard des inférieurs, à l’amour des hommes… Ce sont des vertus que nous exaltons et enseignons aux générations qui fourniront les nouveaux citoyens de ce pays.

Ces considérations incitent le Parti et l’Etat à proclamer et à respecter véritablement la liberté de croyances de nos compatriotes croyants dans le cadre de la législation. ” Les citoyens sont égaux devant la loi, qu’ils adhèrent ou non à une religion”Les activités religieuses accomplies dans l’intérêt légitime et conforme aux lois des croyants sont garanties”. Les actes superstitieux sont éliminés. Les activités utilisant la religion pour saboter l’indépendance nationale, s’opposer à l’Etat, empêcher les croyants d’accomplir leur devoir civique sont jugées conformément à la législation. Toutes les religions sont également membres de la communauté nationale; elles sont donc liées à elle, respectent et défendent ses intérêts. Le Parti considère qu’il est nécessaire de faire connaître et d’expliquer aux compatriotes croyants la politique du Parti et de l’Etat à l’égard des religions. En ayant une claire compréhension, ils pourront aux côtés de la population de tout le pays participer au développement de la production en vue de la prospérité du peuple et la force du pays, dans un esprit de justice sociale, dans l’harmonie du profane et du sacré. Ainsi tous pourront vivre libres, satisfaits et heureux.

Cependant, il est nécessaire de souligner une réalité: depuis toujours dans notre pays, les forces réactionnaires se sont acharnées à utiliser la religion pour saboter la révolution et la nation. C’est bien pourquoi la situation religieuse est d’habitude complexe, quelquefois même génératrice de risques. Il nous faut donc faire en sorte que nos compatriotes comprennent sans aucune ambiguïté la nature de cette situation, qu’ils puissent distinguer où sont les vrais besoins religieux, où sont les éléments négatifs utilisés par l’ennemi pour s’attaquer au régime et à notre pays, pour tenter de diviser les religions et de briser l’unité nationale. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons promouvoir le pouvoir de maîtrise du peuple et que nous disposerons nos compatriotes croyants à se ranger à nos côtés. La tentative des forces réactionnaires pour utiliser la religion sera vouée à l’échec et nous maintiendrons la stabilité politique du pays, au profit de la tranquillité de tous, y compris des croyants.

Pourquoi donc le Parti communiste considère t-il le contenu de l’action religieuse (2) comme faisant partie de l’action auprès des masses populaires?

Voilà plus de quarante-cinq ans que le président Hô Chi Minh a rédigé son exposé intitulé “L’action populaire”. Sous le titre “Notre pays est un pays démocratique”, Hô Chi Minh écrivait: “Tous les profits sont réalisés dans l’intérêt du peuple; tous les droits appartiennent au peupleIl écrivait encoreL’action populaire consiste à mobiliser toutes les forces de ceux qui composent notre peuple, sans en oublier un seul, pour en faire la force du peuple tout entier et accomplir les oeuvres qui s’imposent, celles que lui confient le gouvernement et les associations”.

L’action politique de Hô Chi Minh, tout comme les lignes politiques du Parti communiste vietnamien ont la même source: elles s’enracinent dans le peuple, elles considèrent que l’oeuvre révolutionnaire appartient au peuple et qu’elle doit être accomplie pour lui et à cause de lui. Le véritable respect de la liberté de croyance du peuple tient donc la religion pour un besoin spirituel d’une partie de nos compatriotes, les croyants; c’est précisément cette conception qui le légitime. Tout en donnant cette satisfaction légitime aux besoins religieux de nos compatriotes croyants, notre parti se préoccupe aussi de leurs intérêts matériels et spirituels; il élève leur niveau politique, culturel et édifie en eux l’homme nouveau. Le Parti tente de promouvoir leurs capacités et espère qu’ils consacreront toutes leurs forces à créer un mode de vie prospère et heureux, en compagnie de leurs compatriotes incroyants.

C’est bien pourquoi, c’est non seulement le Parti, le Front patriotique, mais aussi toutes les forces constituées, à savoir les autorités, les associations à tous les échelons, les dignitaires ecclésiastiques eux-mêmes, qui doivent mener l’action religieuse. Tous doivent mener campagne auprès de nos compatriotes croyants, clergé et les fidèles.

Le Parti et l’Etat sont en train de mener à bien le travail de gestion étatique des religions. Le but de ce travail est de:

-Garantir aux religions la possibilité de mener leurs activités ordinaires, selon la législation de l’Etat

– Lutter contre les violations de la politique religieuse.

– Dévoiler les tentatives des forces réactionnaires qui utilisent la religion pour s’opposer à notre nation, porter tort aux activités ordinaires des religions, faire obstacle à l’oeuvre de rénovation entreprise dans notre pays, et mettre en cause les intérêts du peuple, y compris ceux des croyants.

Il est une question qu’il faut traiter sans ambiguïté, à savoir les rapports de la religion et de la loi. Beaucoup de prêtres, au cours de leur prédication, affirment: “Les hommes naissent dans un coin de terre particulier et grandissent sous un régime déterminé” ou encore “Avant d’être catholique, nous sommes des Vietnamiens”. En tant que Vietnamien, il faut savoir respecter, la constitution et les lois du Vietnam. Il se peut que, sur le plan idéologique, nous ne soyons pas d’accord sur tel ou tel point. Il reste de la distance entre nous, à cause de notre incompréhension mutuelle ou notre vision différente des choses. Il nous faut accepter ces différences et ensemble chercher nos convergences. Il n’y a ni opposition, ni contradiction entre les droits du catholicisme et ceux de la nation. Le Parti et l’Etat font toute chose dans l’intérêt de tout le peuple, au sein duquel se trouvent nos compatriotes croyants.

Quelle appréciation portez-vous sur le mouvement de nos compatriotes catholiques ces derniers temps?

Le Parti communiste vietnamien apprécie à sa juste valeur le patriotisme de nos compatriotes catholiques. Autrefois, il y a eu des évêques, des prêtres et des fidèles qui se sont tenus aux côtés de leurs compatriotes de tout le pays pour repousser l’ennemi et sauver la nation; ils ont acquis des mérites héroïques durant la guerre. Aujourd’hui, de nombreux ecclésiastiques, de nombreux croyants ont donné leur soutien à la politique de rénovation mise en oeuvre par le Parti du peuple. Ceci démontre que l’oeuvre de rénovation et plus particulièrement l’oeuvre de rénovation de la politique religieuse a procuré aux ecclésiastiques et aux fidèles une existence plus harmonieuse dans le domaine matériel aussi bien que spirituel.

Dans tous les lieux où mes fonctions m’ont amené à me rendre ces temps derniers, dans les régions reculées de montagne comme en plaine, dans les campagnes comme dans les villes, je me suis réjouis de voir les changements qui affectent désormais l’existence dans les régions peuplées de croyants. Le niveau de vie et de confort s’y est élevé; on y mène une vie saine en observant des coutumes vertueuses et en suivant la tradition culturelle nationale. Le vrai, le bien et le beau y orientent la conduite. Ces régions sont peu touchées par les fléaux sociaux. Dans beaucoup de diocèses, les paroisses ont donné leur assentiment enthousiaste à la campagne d’élimination de la pauvreté. Elles ont activement appliqué les lignes politiques économiques, et sociales. Elles se sont engagées dans des actions humanitaires et ont maintenu l’ordre et la paix sociale. Elles ont mené la lutte contre les fléaux sociaux et accompli leur devoir de défense de la patrie. Beaucoup de fidèles ont envoyé leurs enfants aux écoles et fait en sorte que diminuent l’absentéisme et la délinquance scolaire. Ils ont aussi apporté leur contribution aux constructions d’écoles et à l’élévation du niveau culturel du peuple.

Parallèlement, je me réjouis de voir la vie spirituelle de nos compatriotes croyants tous les jours plus normalisée. Les activités religieuses ordinaires se déroulent régulièrement. Les grandes fêtes dans de nombreux diocèses et paroisses sont célébrées avec grande solennité et grande affluence de fidèles. Beaucoup d’églises anciennes ont été restaurées, de nouvelles églises ont été construites, de sorte que nos compatriotes jouissent de lieux de culte en quantité suffisante. Il faut noter cependant que la construction de certains édifices religieux a entraîné des dépenses somptuaires alors que la population catholique éprouvait des difficultés pour se procurer des moyens d’existence… Il faut noter aussi le progrès réalisé dans la formation des séminaristes: beaucoup de régions ont bénéficié de nouveaux prêtres. En particulier, il faut souligner que, ces derniers temps, de nombreux ecclésiastiques ont associé la pastorale et l’évangélisation à la mobilisation de nos compatriotes en les incitant à accomplir leur devoir de citoyen à l’égard de leur patrie.

Je me réjouis aussi de voir qu’aux récentes élections, de nombreux prêtres, religieux et laïcs ont bénéficié de la confiance de la population et ont été élus membres des comités populaires de communes, de districts, de provinces et de villes.

Il est clair que la communauté catholique a accompli de nombreux progrès et s’est enrichie. C’est un élément très positif.

Il faut aussi parler du Comité d’union des catholiques patriotes, une organisation sociale de catholiques qui vise à rassembler tous les membres de la communauté dans la réalisation d’un type de vie où s’harmonisent le profane et le religieux. Bien qu’il leur reste encore de nombreuses difficultés à surmonter, les comités régionaux ont été riches en activités de toutes sortes. Ils ont uni clergé et fidèles et les ont conduits vers des activités sociales dans le respect du Seigneur et l’amour de la patrie. Je souhaite que le Comité d’union se renforce encore davantage pour que les fidèles catholiques apportent leur contribution propre et avancent sur la même voie que la nation toute entière.

Auriez vous des remarques à transmettre aux fidèles?

A l’occasion de la fête traditionnelle du nouvel an, par l’intermédiaire de votre journal, je voudrais transmettre au clergé et aux fidèles les voeux du Parti communiste vietnamien et les miens. Je leur souhaite une année tranquille et prospère. La politique de la grande union nationale et de l’union des religions a été l’un de principaux motifs des succès continuels remportés par la révolution vietnamienne. Nous développerons encore cette tradition glorieuse, nous maintiendrons la stabilité politique, et notre force rassemblée fera reculer les dangers qui nous menacent sur la voie de l’édification de notre patrie et s’opposera aux forces hostiles dans leur tentatives d’utiliser la religion. Que nous soyons ou non adeptes d’une religion, quelle que soit la confession que nous suivons, nous sommes Vietnamiens, appartenant à la même patrie, parlant la même langue. Du fond de mon coeur, je veux dire à mes compatriotes: le Parti communiste vietnamien ne recherche d’autre profit que celui de se battre pour que le Vietnam soit prospère, pour qu’y règnent la justice sociale et un haut degré de civilisation, pour que le peuple du pays tout entier soit heureux. Que mes compatriotes catholiques mettent en pratique l’orientation tracée en 1980 par la lettre commune de la Conférence épiscopale: “Vivez l’évangile au sein de votre peuple au service du bonheur de vos compatriotes”.

Nous vous remercions d’avoir répondu à notre interview. Nous vous souhaitons la santé pour contribuer avec le Bureau exécutif du Comité central du Parti dirigeant du peuple vietnamien à bâtir avec succès une vie nouvelle.

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(1)C’est ce jour-là que le Parti Communiste vietnamien a fêté le 65ème anniversaire de sa fondation en Chine.

(2)Action de propagande menée auprès des croyants.

Interview de M. Nguyên Ngoc San,

responsable du Bureau des affaires religieuses de Hô Chi Minh-Ville

A l’approche du 20e anniversaire de la libération de Saigon, pourriez-vous nous faire connaître les appréciations que vous portez sur les religions, en particulier sur la communauté catholique de Hô Chi Minh-Ville?

Au cours des vingt dernières années, en particulier depuis que la politique de rénovation du Parti et de l’Etat a été mise en oeuvre en de nombreux domaines parmi lesquels le domaine religieux, nos compatriotes croyants, en particulier les catholiques, se sont associés à l’effort du peuple tout entier pour édifier la patrie et la défendre, pour créer un nouveau mode de vie. La vie matérielle, culturelle et spirituelle des croyants et donc des catholiques s’est très apparemment modifiée. La vie religieuse en général s’améliore chaque jour; c’est spécialement le cas pour les catholiques, grâce à l’orientation qui leur a été donnée par la lettre commune de la conférence épiscopale en mai 1980: “Vivre l’Evangile au sein du peuple au service de nos compatriotes”.

En ce qui concerne l’application de la politique de liberté religieuse, l’opinion publique, à l’intérieur du pays comme à l’étranger, s’accorde à reconnaître l’existence de la liberté religieuse au Vietnam, même si dans les premières années, elle a été limitée sur de nombreux points; ces limites sont en train de disparaître progressivement. Quelles sont vos remarques sur ce sujet?

La croyance et la religion sont les besoins spirituels d’une grande partie du peuple. La politique du Parti et de l’Etat reste invariable; elle consiste à respecter ces besoins légitimes de nos compatriotes et à garantir légalement leur satisfaction. A Hô Chi Minh-Ville, l’application de la politique religieuse a recueilli de nombreux succès au cours des 20 dernières années, surtout dans les années récentes. Il faut cependant reconnaître que dans les premières années et même dans un passé proche, ici et là ont subsisté des manifestations d’esprit retardataire dans le règlement des problèmes ainsi que des erreurs dans la solution donnée aux problèmes concrets. L’important est que les autorités à tous les échelons sont maintenant davantage pénétrées de la politique de rénovation du Parti et de l’Etat à l’égard de la religion. Avec davantage d’expérience, son application sera plus correcte.

Par ailleurs, les marques de patriotisme de nos compatriotes appartenant à diverses religions ainsi que la contribution positive de l’Eglise à l’oeuvre commune ont encouragé les cadres dirigeants de tout échelon à appliquer avec plus de correction la politique de liberté de croyance. Je pense que grâce à la rénovation, la population de notre ville remportera des succès encore plus grands dans l’avenir: la vie matérielle, culturelle, spirituelle ainsi que les autres intérêts personnels de nos compatriotes croyants parmi lesquels la liberté de croyances, seront mieux pris en compte et mieux assurés.

Selon vous, quelles sont les conditions requises du côté de l’Eglise et du côté de l’Etat, pour que la politique de liberté religieuse soit sérieusement appliquée avec encore plus d’ouverture?

Pour cela, il faut du côté de l’Eglise comme de l’Etat, orienter toute chose en fonction de l’intérêt commun, à savoir l’indépendance de la patrie, la liberté, la subsistance et le bonheur de nos compatriotes.

Récemment, le Saint-Siège a nommé Mgr Nguyên Van Thuân vice président du conseil pontifical “Justice et paix”. A cette occasion, pouvez-vous nous dire ce qu’il en est des perspectives de nomination pour le diocèse de Hô Chi Minh-Ville et de l’avenir des relations entre le Vietnam et le Vatican?

L’ordination et la nomination des ecclésiastiques de haut niveau relèvent des affaires intérieures du Saint-Siège, à condition que soit sauvegardée la souveraineté nationale des pays concernés. Lors de sa rencontre avec le prêtre, directeur de la revue “Công Giao và Dân Tôc”, dans un interview publié intégralement par ce journal, le premier ministre Vo Van Kiêt a clairement indiqué: “J’estime que n’importe quel pays se doit de prendre des mesures destinées à sauvegarder la souveraineté nationale, à maintenir l’ordre et la sécurité, garantissant ainsi une vie paisible et heureuse pour tous. Si le Vatican est respectueux de la souveraineté nationale et soucieux de la normalisation de la vie des fidèles, il sera d’accord avec notre Etat sans aucune difficulté” (1).

C’est là un des fondements importants dont il faut tenir compte dans la perspective de la nomination d’un titulaire à l’archevêché de Hô Chi Minh-Ville comme dans celle des relations du Vietnam avec le Vatican.

En 1995, le journal “Công Giao và Dân Tôc” fêtera ses vingt années de publication, quelles sont vos remarques sur ces vingt années d’activités de notre journal?

En 1995, le peuple du pays tout entier ainsi que la population de Ho Chi Minh-Ville participera à de nombreuses manifestations concrètes commémorant de grands événements. Ainsi “Công Giao và Dân Tôc” commémorera vingt ans de publication. C’est, pour le journal, une occasion de passer en revue ces 20 années: durant ce temps-là il a servi d’intermédiaire pour la communication entre les autorités et nos compatriotes, entre la religion et le profane; il a posé les conditions pour que nos compatriotes catholiques puissent être encore davantage imprégnés de l’esprit qui associe la vénération de Dieu à l’amour de la patrie, pour qu’ils se consacrent avec la population de la ville et le peuple tout entier à l’édification et à la défense de la patrie, pour qu’ils réalisent l’objectif qui consiste à apporter la richesse au peuple, la force à notre pays, la justice et la civilisation à notre société.

Je voudrais partager avec le prêtre directeur de la revue, avec le comité de rédaction et tout le personnel les sentiments éprouvés devant les acquis de la revue et les difficultés qu’elle rencontre. Je souhaite que cet anniversaire de vingt années d’activités soit l’occasion de développer encore les résultats obtenus, de surmonter rapidement les difficultés rencontrées et de progresser dans l’orientation choisie à savoir: “le Catholicisme et la nation”.

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